Forsythe nous offre d’emblée un bouquet de postures
classiques sur une musique prenante de Thom Willems.
Des petits chaussons oubliés sont de retour sur le plateau
dans une dynamique à la beauté froide qui quadrille les sons d’une époque tonnante.
L’ampleur et l’intensité de cette première partie rendaient
difficile la comparaison inévitable avec la prestation des quatre danseurs de
Benjamin Millepied se produisant ensuite en diverses compositions. Et même la
musique plus difficile de Bach, monodique me dit-on, ne nous distrait pas de
remarques sur le sens des rayures des chemises des danseurs pourtant excellents
qui ont évoqué pour moi les frères Ripolin.
Mais plus question de remarques bêtassonnes pour la dernière
séquence, époustouflante : « Petite mort » de Jiří
Kylián se fond avec Mozart et nous
liquéfie.
Avec une précision inouïe, les danseurs fouettent
l’air de leurs épées, avant que les femmes qui se devinent dans le décor,
viennent sublimer leur beauté tonique avec leurs partenaires.
Un voile posé sur le groupe s’évanouit, les
lumières idéalisent les corps, la musique nous envoûte, les robes ont des
roulettes et les corsets des souplesses.
L’humour, la beauté, le désir : quand la
grande viendra, cette « Petite mort » nous rappelle que la vie
augmentée par l’art comme ce soir avait valu d’être vécue.
Mais aura-t-on la sérénité de Thierry Roland après
la victoire en coupe du monde contre le Brésil qui disait :
« Maintenant on peut mourir tranquille » ? Bravo, bravo, merci.
Personnellement, je trouve qu'il nous manque pas mal de petites morts en attendant la grande...
RépondreSupprimerIl manque pas mal de petites morts à pas mal d'approchants à grandes enjambées à la grande, d'ailleurs.