vendredi 15 juin 2018

Surnommer.

Il était fréquent dans les campagnes, d’affubler de surnoms villageois et villageoises, cette marque de reconnaissance était souvent dépréciative. Je ne sais ce qu’il en est aujourd’hui, n’étant plus de ce monde là, mais je me demande si nous ne sommes pas à sur-nommer  dans un autre mode, objets et personnes.
Est-ce que nous ne donnons pas un surcroît de sens aux noms, ne sont-ils pas surcotés ? L’économie des échanges ayant tendance à se tendre, les nuances langagières à se dégrader, les épidermes à être réactifs, les mots vont vers l’excès. Les modes de communication d'aujourd'hui confondant l'oral et l'écrit, raidissent cette disposition.
Ma façon de m’exprimer, s’essayant à la mesure, est tellement décalée par rapport au langage courant les couloirs des collèges et au delà, puisqu’une adulte a pu s’entendre dire par un élève:
« Je te chie dessus ».
Quand certains ne voient que licence poétique dans les paroles d’un rappeur :
« Crucifions les laïcards comme à Golgotha »
et titrent sur l’indignation de la droite et de l’extrême droite, cela  signifierait-il que la gauche n’aurait rien dit ?
Beaucoup de chroniqueurs qui s’étaient réjouis de l’explosion des notions de droite et de gauche se sont bien vite remis dans les rails binaires, guettant le frondeur derrière la moindre pensée. Et après avoir vilipendé l’indécision hollandaise, ils attaquent la verticalité macronienne qui justement veut éviter les paralysies précédentes.
Les rétros concernant nos années emportées n’ont guère enflammé les imaginations en 2018, mais de ces ardeurs passées me restent des traces d’une vie traversée par la politique de toutes parts.
Alors quand sur une même page à côté de la dernière provocation de Trump est titré :
« Les millennials et le sexe : un obscur rejet du désir »,
derrière les délices de la formule, se voile un peu plus l’écran du jour.
Les codes ont changé et j’ai oublié le mot de passe.
Pourtant du temps où «  ce soir à la brume, nous irons ma brune cueillir des serments », nous étions dans un espace virtuel pas si loin de celui de nos suivants.
Dans les mots ordinaires ramenés avec mon épuisette, comme chaque vendredi, jour de palinodie :
je dois m’appliquer à laisser de côté ceux qui rendent « vénèr ».
Le bougon doit apprendre à prendre les choses par le bon goût.
Ainsi je me réjouis de voir se raréfier la paresseuse expression « panem et circenses » à propos de la coupe du monde de football, c’est que je ne suis pas à toujours écouter France Inter et je viens de me désabonner de Télérama, mais Facebook, dans le genre beauf, pourvoit en mépris des autres beaufs.
Je me suis déjà exercé à la positive attitude
que ça en deviendrait un « marronnier ».
Je préfère décidément le sapin dont on fait ... les arbres de Noël. Le cercueil dans cette essence étant devenu obsolète et l’essence elle même ne se sent plus très bien d’ailleurs.
Parti sur des plus me voilà dans les moins, à jouer avec les mots pour ne pas être suffoqué.
Notre pays fait figure d’oasis parmi ceux où se  déchaînent les  populistes. Les investisseurs choisissent de plus en plus La France, les touristes aussi, les réfugiés pas trop.
Et dire que j’envisageais un billet qui ne soit pas celui d’un acariâtre, contrarié.
Heureusement qu’il y a le tract de Vauquiez : « Pour que La France reste la France » et ainsi me sentir à l’aise dans mon approbation de notre président, le plus souvent.
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 Le dessin du « Canard » de la semaine :

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