Il était fréquent dans les campagnes, d’affubler de surnoms villageois
et villageoises, cette marque de reconnaissance était souvent dépréciative. Je
ne sais ce qu’il en est aujourd’hui, n’étant plus de ce monde là, mais je me
demande si nous ne sommes pas à sur-nommer dans un autre mode, objets et personnes.
Est-ce que nous ne donnons pas un surcroît de sens aux noms,
ne sont-ils pas surcotés ? L’économie des échanges ayant tendance à se
tendre, les nuances langagières à se dégrader, les épidermes à être réactifs,
les mots vont vers l’excès. Les modes de communication d'aujourd'hui confondant
l'oral et l'écrit, raidissent cette disposition.
Ma façon de m’exprimer, s’essayant à la mesure, est
tellement décalée par rapport au langage courant les couloirs des collèges et
au delà, puisqu’une adulte a pu s’entendre dire par un élève:
« Je te chie
dessus ».
Quand certains ne voient que licence poétique dans les
paroles d’un rappeur :
« Crucifions les
laïcards comme à Golgotha »
et titrent sur l’indignation de la droite et de l’extrême
droite, cela signifierait-il que la
gauche n’aurait rien dit ?
Beaucoup de chroniqueurs qui s’étaient réjouis de
l’explosion des notions de droite et de gauche se sont bien vite remis dans les
rails binaires, guettant le frondeur derrière la moindre pensée. Et après avoir
vilipendé l’indécision hollandaise, ils attaquent la verticalité macronienne
qui justement veut éviter les paralysies précédentes.
Les rétros concernant nos années emportées n’ont guère
enflammé les imaginations en 2018, mais de ces ardeurs passées me restent des
traces d’une vie traversée par la politique de toutes parts.
Alors quand sur une même page à côté de la dernière
provocation de Trump est titré :
« Les millennials
et le sexe : un obscur rejet du désir »,
derrière les délices de la formule, se voile un peu plus
l’écran du jour.
Les codes ont changé et j’ai oublié le mot de passe.
Pourtant du temps où «
ce soir à la brume, nous irons ma brune cueillir des serments », nous
étions dans un espace virtuel pas si loin de celui de nos suivants.
je dois m’appliquer à laisser de côté ceux qui rendent « vénèr ».
Le bougon doit apprendre à prendre les choses par le bon
goût.
Ainsi je me réjouis de voir se raréfier la paresseuse
expression « panem et circenses »
à propos de la coupe du monde de football, c’est que je ne suis pas à toujours
écouter France Inter et je viens de me désabonner de Télérama, mais Facebook,
dans le genre beauf, pourvoit en mépris des autres beaufs.
Je me suis déjà exercé à la positive attitude
que ça en deviendrait
un « marronnier ».
Je préfère décidément
le sapin dont on fait ... les arbres de Noël. Le cercueil dans cette essence
étant devenu obsolète et l’essence elle même ne se sent plus très bien
d’ailleurs.
Parti sur des plus me
voilà dans les moins, à jouer avec les mots pour ne pas être suffoqué.
Notre pays fait figure d’oasis parmi ceux où se déchaînent les populistes. Les investisseurs choisissent de
plus en plus La France, les touristes aussi, les réfugiés pas trop.
Et dire que j’envisageais un billet qui ne soit pas celui
d’un acariâtre, contrarié.
Heureusement qu’il y a le tract de Vauquiez : « Pour
que La France reste la France » et ainsi me sentir à l’aise dans mon
approbation de notre président, le plus souvent.
………………..
Le dessin du
« Canard » de la semaine :
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