jeudi 14 juin 2018

De Delacroix à Gauguin. Etienne Brunet.

Nous avons suivi parmi un de ses nombreux groupes, le professeur Brunet pour apprécier l’exposition au musée de Grenoble de 115 dessins qui se terminera le 17 juin.
« Dessin » s’écrivait « dessein » jusqu’à la fin du XVIII° siècle.
C’est la dernière mise au jour des riches collections de "feuilles" consacrées cette fois à l’hétéroclite XIX° siècle après
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La Restauration avait mis en avant rois et reines dans un « style troubadour » documenté, réinventant le passé. 

« Louis XII sur son lit de mort » donne un dernier conseil à François 1° : «  le plus important c’est le peuple » par Merry-Joseph Blondel sur un papier calque d’invention récente. La peinture qui était cette fois la finalité du dessin figure avec le cartel, en petit.
Rien qu’en Isère 300 églises furent rebâties et fournirent du travail pour les artistes.
Géricault d’abord sollicité confiera à Delacroix la réalisation de « La vierge du Sacré cœur » destinée à la cathédrale d’Ajaccio.
Le dessin « Assomption de la vierge » d’ Alexandre Evariste Fragonard, c’est le fils de Jean Honoré, se suffit à lui-même.
Le voyage dans le temps est fructueux en Italie où abondent monuments et ruines mais aussi des personnages hauts en couleurs : Charles Bellay, « Paysanne italienne »
Le sculpteur Victor Sappey qui a laissé dans le paysage grenoblois un « Lion terrassant le serpent » pour marquer, croyais-je, la domestication du Drac alors qu’il s’agit de la ville de Grre dominant l’Isère, avait réalisé quelques carnets de croquis là-bas pour constituer une documentation.
Eugène Delacroix après un voyage de 6 mois arrive en Afrique du Nord : « Etudes de costumes algériens ». « Le voyage d’Alger devient pour les peintres aussi indispensable que le pèlerinage en Italie : ils vont apprendre le soleil, étudier la lumière, chercher des types originaux, des mœurs et des attitudes primitives et bibliques » Théophile Gautier.
Depuis Napoléon en Egypte, l’Orient séduit, Charles Palianti: «Intérieur de village en Orient », alors qu’il faut que ce soient les anglais qui nous rendent sensibles à la richesse de nos propres paysages, de notre patrimoine, avec Taylor et ses « Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France », ancêtre des guides bleus. 
« La Bourne à Pont en Royans » de Charles Cottet (« école » de Proveysieux)
« Les animaux musiciens » de Granville touchant à la caricature furent destinés à un ouvrage pour enfants.
L’esquisse de Daumier, projet pour en-tête du journal « Le Corsaire » fut achetée par André Farcy, éminent conservateur du musée, qui y avait vu : « la création en marche ».
Le jeune moine, « Néophyte » de Gustave Doré illustrant « Spiridion » de George Sand, eut son succès au salon, comme lorsque sont évoquées les traditions régionales rappelant le pays à tous les visiteurs transplantés. Ceux-ci n’allaient pas jusqu’à  faire mine de fouetter les fesses d’une baigneuse de Courbet comme le fit Napoléon III après qu’Eugénie sa femme eut étalé sa science toute neuve « c’est une percheronne ! », elle venait de voir  les croupes des chevaux de Rosa Bonheur.  
Jean-Baptiste Millet  a utilisé la gomme arabique pour donner  un aspect satiné  à son « Troupeau de moutons » aux airs japonisants.
« Il faut interpréter la nature avec naïveté et selon votre sentiment personnel. » Corot, quand rapidement, il exécute un croquis, on parle d’une « pochade » loin des productions littéraires burlesques ainsi nommées. «  Ne jamais perdre la première impression qui nous a émus. Le dessin est la première chose à chercher. »
Et pour rappeler la mémoire de Léonce Ménard qui légua une grande partie de ses collections au musée de Grenoble,  ci-dessus une reproduction du « Paysage soleil couchant » de son ami Corot exposé en permanence.
Félix Ziem : « Gros temps » La marine est pré impressionniste.
Les salles sont organisées par thèmes : dans celle qui est consacrée particulièrement aux femmes, se remarque  la « Tête d’Antillaise » de Xavier Sigalon,
et si nous n’avons plus les codes des spectateurs de naguère pour reconnaître les uniformes, « La pièce perdue » de Ludovic Napoléon Lepic dit bien l’horreur de la guerre, 
alors que Gauguin, est tout désigné pour conclure dans la salle « Onirisme et symbolisme » avec « Te nave nave fenua », « terre délicieuse », où se mêlent les influences diverses qui firent la richesse de ce siècle, se régalant dans les salons académiques, et puis passant du romantisme au réalisme, il  a fini par se laisser « impressionner ». 
Tahiti, après ce voyage dans le temps et l’espace, se rapproche de chez nous, où ce vif dessin aquarellé de Jongking « L’Isère à Grenoble » semble arraché, à l’instant du carnet.

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