lundi 11 juin 2018

Trois visages. Jafar Panahi.

Comme il y a un cinéma hollywoodien, bollywoodien, italien, le cinéma iranien a des couleurs, des rythmes, des rites bien à lui avec les voitures comme lieux inévitables de tournage.
Une vedette de série télévisée, inquiétée par un message filmé qui lui était adressé, va  devoir se rendre dans un village azéri, conduite par le réalisateur.
Les deux citadins sont confrontés aux traditions qui mènent le pays. Dans ces collines arides, les récits légendaires étouffent les énergies juvéniles, en particulier celles des femmes. Loin des préoccupations parisiennes où le féminisme joue des terminaisons orthographiques, l’essence même de la vie est ici mise en jeu par portable interposé. Par des routes défoncées, nous passons de cours fermées en places publiques où les foules se méprennent sur la nature de celui qui pourra les sortir de la misère. Leur mépris envers les saltimbanques entre en contradiction flagrante avec un aveuglement à l’égard de leur sauveur présumé parce qu’ils l’ont vu « dans le poste » de  télévision.
Le courage de ce film est souriant, subtil. Les notations variées ne brouillent pas l’essentiel d’un message fort, au contraire. J’aurais bien remis la palme cannoise au plus libre des réalisateurs, histoire de retourner dans ce fascinant pays dont il ne peut sortir.

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