Brecht : oui, il n’y a pas si longtemps :
Pitoiset aussi à la MC 2
La pièce de 1941 alerte sur la montée du fascisme.
La satire assimile le tyran dans sa soif de pouvoir à un voyou
qui n’a pas que sa foi pour avancer, mais aussi un révolver, elle voudrait éclairer
notre présent présidentiel.
Mais on a eu beau répéter la phrase du dramaturge allemand
qui ne figure d’ailleurs pas dans la pièce : « le ventre est encore fécond d’où est sorti la bête
immonde », nous sommes toujours aussi impuissants face à la haine et
aux mensonges. Ah que le doute, la fragilité sont enviables quand tant d’aplomb
et de cynisme balaient tout sur leur passage, irrésistiblement.
La présente réalité
politique, saugrenue et violente, dépasse tellement le théâtre qu’une
représentation, même brillamment mise en scène avec d’excellent comédiens, ne
peut nous aider. Les allusions à la France sont bien plus présentes dans cette
version que le contexte mafieux américain d’origine mais les gangsters ont beau
avoir adopté le costume-cravate, ils sont toujours des gangsters, leurs
règlements de compte nous importent peu.
« Oh ma patrie si
belle et perdue ! »
« Le cœur des esclaves» de Verdi ouvre les deux
heures et quart d’un spectacle clôt par « O Fortuna » de Carl Orff
qui accompagne un discours sans parole de Torreton : ce sont pour moi deux
moments d’émotion. Je n’en ignore pas les ambiguïtés : la retransmission
introductive provient d’un moment où les spectateurs en Italie se levaient et
chantaient pour accompagner l’orchestre jouant devant Berlusconi et marquer leur
désapprobation d’une diminution des budgets de la culture, mais cette musique
accompagnait aussi Le Pen père dans ses meetings ; en outre l’attitude de
Orff pendant le nazisme fut très discutée. Des images de l’incendie du Reichstag
arrivent sur les écrans après celles d’une voiture de police qui flambe et des
violences qui eurent lieu lors des manifestations contre la loi travail.
Le théâtre est en principe le lieu des dialogues et je suis
frappé après coup par leur carence.
Ui monologue, les autres si peu des interlocuteurs ne lui
servent qu’à ponctuer ses discours, jusqu’au moment fort de la gesticulation
finale muette et glaçante, à rejouer en coupant le son des téléviseurs lors des
retransmissions de meeting.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire