Recoupant des articles passés
ci-dessous le compte rendu de la conférence d’une doctorante
en histoire de l’art, complément utile à l’exposition O’Keefe qui durera encore
tout le mois de janvier 2016.
Sous l’égide des amis du musée dont le livret présentant ses
activités portait en couverture, de la photographe Imogen Cunningham, le « Magnolia
blossom », tellement
proche des fleurs emblématiques de Georgia O’K, cette turgescence au milieu de
tant de blancheur demanda 80 prises de vues.
C’est d’ailleurs sous le signe de l’amour que la
collaboration peinture/photographie est apparue. Ainsi Alfred Stieglitz et Georgia O'Keeffe ont
pu mettre en scène leur complicité, assez éloquente pour célébrer la Saint
Valentin.
La portraitiste Gertrude Käsebier présentée à
l’exposition parisienne « Qui a peur des femmes photographes? »
jusqu'au 24
janvier 2016 à l’Orangerie et à Orsay, a figuré en bonne place dans
la revue prestigieuse « Camera Notes » de Stieglitz où se rencontraient
philosophes, peintres et photographes.
La revue « Camera
Work » qui lui succéda devint l’organe du mouvement Photo-Secession, se détachant du pictorialisme trop impressionniste, trop
collé à la peinture. Les Stieglitz’ s boys veulent faire reconnaître la
photographie comme un art à part entière.
« Le potentiel
maximum de puissance de chaque médium dépend de la pureté de son
utilisation »
Finies les retouches, les effets atmosphériques, pourtant Demachy
qui veut s’élever au niveau de la peinture, c’est pas mal, non ? D’ailleurs
bien des dissidents ont aimé nuages et vapeurs. La prise de vue est pour eux
plus importante que le tirage, mais certains vont lui apporter tout de même
grande attention.
Stieglitz avait rangé dans un tiroir, l’épreuve « The
Steerage » prise sur le pont d’un bateau, après avoir sorti son
appareil « pesant comme 12 briques de lait », attiré par un canotier,
des bretelles, des formes géométriques. Cet instantané deviendra l’emblème de
la « straight photography »
Edward Steichen, adopte la même démarche même si son Penseur de
Rodin qui se superpose au monument
consacré à Victor Hugo, jouant pourtant des lignes, n’est pas dans la ligne
stricte du groupe.
Paul Strand, respectant le formalisme et s’avançant vers
l’abstraction, est aussi le plus social avec ses figures de rue : « La
femme aveugle ».
Ils captent les villes qui s’érigent à la verticale, les
ambitions frénétiques. Le monde s’organise dans la géométrie. « Wall
street »
«La photographie doit
être une composition générée par l'œil du photographe et écrite par la
lumière »
Walker Evans, c’est du franc portrait, son fermier, « Alabama
Tenant Farmer », se sait photographié et nous interroge,
alors que
Dorothea Lange avec « Migrant Mother » réalisé
pendant la crise des années 30, dans le cadre d'une mission confiée par la Farm Security Administration, aurait
demandé aux enfants de tourner la tête et qu’un pouce aurait été effacé. Peu
importe, l’icône « Mère migrante » est poignante.
Ansel Adams est connu pour ses paysages par exemple, « The
Tetons and the Snake River », pris en poses longues, et un
procédé le « zone system » qui étalonnait les gris, auquel nous
serions redevables, quand notre Smartphone ajuste automatiquement la luminosité.
Un nouveau groupe intitulé « F64 » du nom de la
plus petite ouverture photographique, prend la suite. Imogen
Cunningham s'y retrouve. Elle n’a pas seulement donné à voir des fleurs, ses nus masculins ou
féminins souvent en double, « Two sisters »,
renouvellent le genre.
« Car c'est dans cette chair inadéquate
que chacun de nous doit servir son rêve, et donc, doit être rejeté au service
du rêve »
Edward Weston, lui, c’était poivron musclé et des nus
comme des coquillages.
Son complice Ansel Adams dira de lui :
« Weston est, de fait, un des quelques artistes
créatifs d'aujourd'hui. Il a recréé la matière, les formes et les forces de la
nature, il a rendu ces formes éloquentes sur le plan de l'unité fondamentale du
monde. Son œuvre éclaire le voyage intérieur de l'homme vers la perfection de
l'esprit. »
Et tant
d’autres: Berenice Abbott Lewis Wickes Hine son « Power house mechanic
working on steam pump » est parfait. Tout cela c’était au
début du siècle précédent.
Merci pour ces belles photos. La photo de Weston est très étonnante, et témoigne d'un regard microscopique où l'observation scientifique du détail est au service de l'art. Impressionnant.
RépondreSupprimerEt la belle photo des Tetons, un lieu que j'ai beaucoup fréquenté par le passé, où j'ai passé des jours formateurs de mon existence... encore merci.