Le thème de cette 13° édition était « la vie
moderne » : difficile de faire plus actuel pour des contemporains.
Mais entre le musée d'Art contemporain et la Sucrière parmi
60 artistes, qui trouvera une œuvre inoubliable, surprenante ?
En sachant que j’allais voir des pneus récupérés sur la
nationale 7, je vérifiais que j’étais bien en territoire « art
contemporain » où le concept prime et les commentaires nous éloignent.
Hé bien, sur place, ces objets - on retrouve des pneus dans
d’autres installations - reprennent l’interrogation majeure de l’art depuis
Duchamp qui a modifié notre façon de
voir.
Dans ces caoutchoucs déchiquetés, il y a de la beauté et des
histoires.
Et avec les vidéos qui me fatiguaient vite, je peux commencer
à m’y faire, quand Cyprien Gaillard nous emmène en drone à l’intérieur d’un feu
d’artifice en 3D avec une musique planante. C’est beau, mais aussi angoissant,
comme lorsqu’un artiste taïwanais filme des paysages urbains désertés évoquant
Fukushima.
L’affiche de l’évènement biennale qui courrait sur quatre
mois avec ses parasols sur fond de centrale nucléaire est inspirée par cette
œuvre.
Le thème de la modernité reviendra dans les deux prochaines biennales.
Certaines propositions relèvent d’avantage des cabinets de curiosité de jadis quand
une pièce est plongée dans la nuit pour nous faire sentir un jasmin qui
s’exprime mieux dans l’obscurité.
Ce qui reste d’humour est pathétique, alors qu’un sketch de « Rire et
chansons » peut souligner plus élégamment la perte d’humanité lorsque les
serveurs téléphoniques nous baladent d’un robot à l’autre : « appuyez
sur la touche étoile ».
La curiosité du public est éveillée par
des noyaux de cerises qui tombent sur une batterie par détection des téléphones portables : ça crépite !
D’autres sont anecdotiques, bien que la vue de Manhattan à
360° ait nécessité beaucoup de travail, des agrafes dans le béton même si on
leur prête une dimension de réparation historique et sociale, peuvent amener un
sourire circonspect, comme les fils électriques fondus, des pots de peinture
renversés, des boules en béton attachées par des cordes, les biens saisis chez Kim Dotcom qui avait fait fortune dans le
piratage informatique
ou des plantes qui poussent dans des ordinateurs, à l'intérieur de chaussures.
Il y a plus de photographies que de peintures, des d’animaux
à grandes cornes, des chevaux reproduits sur des éléments de carrosserie de
voiture, et des images des traboules sur de la soie en hommage aux canuts.
Des
personnages tous semblables en bord de mer font leur impression.
Les jeux avec les supports peuvent être signifiants : deux sculptures en
marbre intitulées « Commerce extérieur Mondial Sentimental », de
femmes roms recouvertes de châles en piécettes jaunes,
ou des maisons de SDF en
carton réalisées en marbre avec une virtuosité étonnante.Une autre sculpture d’un corps étendu sous une couverture de survie brillante nous dérange.
C'est assez simple pour moi... j'ai déserté les musées pour l'instant, parce que le concept tue l'art. En tout cas, l'art que je veux voir. (Bien sûr, en me comportant comme une intégriste, je passe à côté d'expos intéressantes, mais... c'est le prix à payer pour mon intégrisme, n'est-ce pas ?)
RépondreSupprimerLe reste... je ne me l'infligerai pas. Par les temps qui courent, il faut avoir le bon sens de se protéger dès que c'est possible.