Il devient de plus en plus rare que les cinéastes jouent
avec le cinéma, alors le dernier film de
Carax (« Saints moteurs ») peut dérouter.
J’aurai aimé que ce film étrange soit muet parfois : la
scène du père qui récupère sa fille à la sortie d’une soirée est tellement
artificielle; pourtant j’ai accepté la fantaisie dans les autres séquences.
Les images sont belles, les décors originaux et participent
à un rêve qui dure deux heures. Denis Lavant se transfigure depuis une limousine
interminable pour nous faire réviser des genres cinématographiques divers en
des lieux souterrains, et principalement la nuit.
Il fatigue sous ses perruques changeantes en créant onze
personnages : de la mendiante jusqu’au banquier.
Il jouera au tueur qui tuera son double qui le lui rendra
bien, il s’en relèvera.
L’humour ne manque pas dans ce questionnement sombre sur
notre époque : des inscriptions sur des tombes invitent les passants à
consulter le site internet des défunts.
Les jeux ont beau se dérouler sur les plateaux de tournage les plus contemporains avec des
personnages bardés d’électrodes en vue de motion capture, le ton est à la
mélancolie même chez l’inventif réalisateur qui vient de reprendre du service.
« On croit qu’il est midi, mais le jour
s’achève.
Rien ne veut plus
rien dire, fini le rêve.
On se voit se
lever, recommencer, sentir monter la sève.
Mais ça ne se peut
pas,
Mais ça ne se peut
pas,
Non ça ne se peut… »
Manset .
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