Ce n’est pas seulement parce que le football est un bon outil pour « comprendre l’espace social » que l’on m’a offert ce numéro de la revue « Autrement », c’est qu’il y a de la reconnaissance amicale d’un goût pour ce sport que je mets un point d’honneur à cultiver parmi des cercles qui auraient tendance à mépriser « les manchots ».
Pourtant ce numéro édité en 2006 m’a paru daté surtout après l’épisode du bus de Knysna, ce mois de juillet. La conclusion du dernier article qui évoque « l’effet coupe du monde (98) a permis de représenter la diversité culturelle comme une vertu positive de la société française » sonne cruellement.
Les 250 pages ne sont pas périmées et bien des réflexions demeurent pertinentes mais les identités nordistes sont bien secouées en ce début de siècle, la disparition des traits distinctifs des clubs corses plutôt une bonne nouvelle, l’identité du FC Sochaux loin de ses origines ainsi que celle de Manchester. Connaître les enjeux politiques autour du Réal Madrid pendant la période franquiste et repérer le rôle politique de la FIFA entre 1945 et 2000 éclairent le présent.
Mais il y aurait un autre numéro à écrire sur les enjeux récents avec l’argent comme valeur essentielle, le chantage comme mode de relation, les agents de joueurs comme personnages clefs dans les bouleversements des mentalités. L’évolution de la sociologie des licenciés. Y a-t-il encore un football des campagnes ?
La « bagatelle la plus sérieuse du monde » sera moins joueuse qu’au XX° siècle qui fut le sien, plus âpre au gain.
L’embellie de la suprématie européenne dans la dernière coupe du monde sera-t-elle durable ?
Et l’hégémonie des clubs va-t-elle démoder l’engouement pour les équipes nationales, de la même façon que les équipes en cyclisme composées par pays dans le tour de France n’ont pas survécu aux sponsors.
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