Le réveil sonne tôt, à 5h 25, car nous prenons le bateau à 7h.
Le chauffeur et Thien accomplissent la fin de leur mission, nous guident une dernière fois jusqu’à un embarcadère que nous aurions bien été en peine de trouver. Deux employés du bateau se chargent de nos bagages et nous sommes les premiers clients à embarquer. Se joignent à nous une famille française d’origine asiatique, le grand père et la grand-mère, deux couples dont un mixte et quatre enfants. « Vous êtes français vous aussi » prononcé par le grand père nous réjouit. Nous sommes treize passagers en tout, plus le pilote et deux stewards dans le bateau effilé. Le grand père nous sert gentiment d’interprète, quelle peut être son histoire ?.
Les formalités de douane nous sont grandement facilitées par le steward : il a récupéré tous les passeports, rempli à l’avance tous les papiers, préparé les formulaires de visas pour le Cambodge et récupéré les dollars des visas.
Le poste frontière sur l’eau se situe à environ 1h 30 de Chau Doc. Nous attendons sur un ponton couvert avec bar et toilettes pendant que notre steward se dépatouille avec la douane vietnamienne. Suivant l’exemple du grand père, nous changeons 20€ (1€ = 5000 Riels). A peu de distance de bateau nous devons nous arrêter au poste frontière cambodgien installé dans un joli jardin, avec beaucoup de douaniers dont certains jouent aux cartes. Les autels ont changé d’allure respectant l’architecture khmère avec des toits terminés comme de faux ongles des danseuses d’ici. Le bateau repart sur le Bassac à vive allure pendant plus de deux heures et nous n’apercevons pas grand-chose sur les rives, sinon quelques îlots inondables de septembre à décembre. Peu à peu nous distinguons nos premières pagodes khmères, des cultivateurs et leur buffle. Comme dans les avions, on nous sert un petit déjeuner sur un plateau repas. Nous arrivons avec de l’avance, personne ne nos attend sur le ponton mais guides rabatteurs et chauffeurs de taxi, s’accrochent déjà à nous. Notre contact, chauffeur de Phoenix voyage ne tarde pas à apparaître avec son panneau « Bienvenue » avec nos noms. Il parle bien l’anglais et s’occupe déjà de l’horaire de départ pour Siem Reap après demain, avec un autre chauffeur. Il nous installe à l’hôtel FCC (Foreign Correspondants Club of Cambodgia), décharge nos bagages avec l’aide d’un policier en rangers. Notre chambre n’est pas encore prête, il nous faudra patienter jusqu’à 14h. Nous partons à la découverte de la capitale de un million d’habitants. Nous sommes surpris par la largeur de routes pratiquement désertes, peut être parce qu’aujourd’hui c’est dimanche. Nous sommes hélés constamment par les conducteurs de tuk tuk insistants. Nous devenons sourds. De gros 4X4 des ONG contrastent avec des gens d’un dénuement extrême, des mendiants handicapés et mutilés. Le dollar supplante la monnaie locale, tout est affiché en dollars dans les magasins et restaurants. Notre première promenade dans la ville passe par le palais royal , la pagode d’argent, le monument de l’indépendance, la rue Norodom et le quartier des ambassades où subsistent encore des maisons coloniales, protégées jusqu’à quand, et dans quelle mesure échapperont-elles à la corruption immobilière ?
Nous rentrons le long de la Ton Lay Sap river qui rejoint le Bassac et le Mékong , sur Le Preah Sisovath Quay, pour nous rapprocher de l’hôtel et casser une petite graine ; comme le restau que nous visons recommandé par le Petit Futé affiche complet, nous nous rabattons sur le bar de l’hôtel où les trois bières consommées équivalent à deux repas vietnamiens. Le bar n’accueille que des occidentaux. Aux murs des photos rappellent que l’hôtel était fréquenté par un club de reporters photographes étrangers. Nous découvrons, ravis, notre chambre à la salle de bain luxueuse, du nom d’un monument de Siem Reap : Péah Khan. Nous nous offrons sans vergogne un vrai café et des brownies au chocolat au café Fresco contigu à notre chambre accessible par une autre entrée que celle de la réception.Nous décidons de visiter le musée national abrité dans un bâtiment de style khmer et construit par les français en 1917. De couleur pourpre, il est gardé par deux magnifiques éléphants à la tête en bronze et au corps constitué d’arbustes. L’intérieur expose essentiellement des statues de dieux, de tailles différentes en bronze ou en grès, une cabine de jonque tout en bois et deux palanquins d’éléphants associant bois et ivoire. Des femmes vendent des bâtonnets de jasmin à déposer en offrande devant certaines statues. Un éclairage efficace met en valeur des œuvres de toute beauté et si ce n’était l’heure de la fermeture nous aurions aimé contempler encore ces trésors dans leur écrin bien adapté.
Nous avons pour objectif d’atteindre le marché central construit par les français, mais nous papillonnons au gré des surprises de la rue. Ce que nous prenons pour un mariage se révèle être une cérémonie de funérailles. Sur le trottoir, les cuisines en plein air, de l’autre côté de la rue, derrière des rideaux noirs et blancs, des invités mangent des fondues, alors que dans un magasin transformé pour l’occasion, des bonzes récitent des prières entrecoupées par un chant de femmes émouvant. Plus loin nous pénétrons, après avoir demandé la permission, dans un lieu clos qui comprend une pagode centrale et des bâtiments plus ou moins récents habités par des bonzes, qui accueillent des nécessiteux. Comme ailleurs dans la ville, un sourire déclenche un élan de sympathie ou un sourire en réponse. Il bruinasse par intermittence. Nous commençons à fatiguer et avant la ruée de nos semblables affamés, nous nous installons au restau « Fortune Phô » en face de notre chambre. Une panne d’électricité sûrement pas inhabituelle, nous permet de manger à la lumière romantique de la bougie : nems, croustini et noodle.
En récupérant notre clef et en discutant à la réception, un petit jeune homme souriant, qui s’exprime assez bien en français, nous propose ses services pour visiter les lieux de triste mémoire marqués par la sauvagerie de Pol Pot. Nous acceptons et prenons RDV pour demain midi.
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