Il y avait bien cette anecdote, quelques années en arrière, d’un élève de quatrième dans une église interrogeant: « qui c’est cette femme avec un bébé dans les bras ? » mais c’est en jaugeant l’inculture présente de certains étudiants en philosophie qu’Eliane Burnet a écrit son livre et nous régale de son exposé rigoureux aux amis du Musée.
Régis Debray, décidément en majesté, en ce moment, est cité en préambule pour appuyer que c’est en connaissant notre culture qu’on peut mieux apprécier les autres. A rapprocher du Dalaï Lama recommandant aux apprentis bouddhistes de bien étudier leur religion d’origine avant d’entamer leur tourisme spirituel.
A travers les évangiles, les écrits apocryphes, nous apprenons que l’âne et le bœuf apparaissent au chevet de Jésus par intermittence au cours de l’histoire, et de voir ces modestes animaux se prosterner a suscité bien des commentaires. La vénération de leurs os posa question. Il en est des montagnes d’interprétations, d’exégèses où les intentions de transmettre et de connaître sont émouvantes. La conférencière n’entre pas dans le détail de la forêt des symboles, mais esquisse à travers quelques tableaux la distinction entre une résurrection, une élévation, une ascension au-delà de leurs structures voisines.
Illustration bienvenue de la fécondité des connaissances qui ne s’appliquent pas seulement à des tableaux du passé, mais aussi à des œuvres contemporaines qui déclinent le thème de la visitation mille fois interprété mais réservant encore des surprises, tels ces Jésus dans le placard de sa maman rencontrant son cousin qui s’agenouille déjà.
J’ai bien aimé au delà de l’image qui a beaucoup servi « que chaque tableau soit une fête » cette idée de retrouver un cadre commun avec ses rites ses références où chacun apprécie l’instant ; même si les noëls de l’enfance ne ressemblent plus à ceux de l’âge mûr, une musique, des odeurs nous suivent.
Délices de découvrir des richesses insoupçonnées : par exemple à Capharnaüm, le paiement d’un tribut par le Christ en deux tableaux évoquant le même épisode. C’est quand même mieux de ne pas arriver vierge devant un tableau, ainsi devant « le massacre des innocents », ayant entamé notre angélisme nous gagnerons en savoir, en émotion, en plaisir.
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