Les slogans trouvent parfois la formule magique, et la postérité de 68 a tenu aussi à quelques bouquets de mots bien assortis. Cette phrase en titre prise sur une banderole de 2009 résume toute l’absurdité du système et son injustice.
Mais il n’en va pas toujours ainsi et bien des mots perdent de leur vérité.
« Maman, je t’aime, attache moi… » Les panneaux lumineux sur les autoroutes s’essayent à l’originalité, mais à afficher ainsi les sentiments les plus intimes ne les épuise-t-on pas ?
L’autre jour un chroniqueur s’insurgeait des développements culpabilisants concernant les places réservées aux handicapés : « si tu prends ma place, prends mon handicap » comme si une information ne suffisait pas.
Que de temps, de salive perdue à expliquer : « tu sais ce n’est pas bien de taper sur ton camarade ». Allons le dire dans les cours de récréation à Gaza !
Les mots n’ont plus de sens quand il faut mettre de l’amour derrière une ceinture de sécurité. Quand « enfoiré » est devenu un mot chaleureux ou lorsque Darcos dit valoriser le soutien scolaire quand il supprime massivement des postes de personnels spécialisés dans le soutien.
Dupliqués les clichés deviennent ridicules, ainsi jeudi dernier, l’expression« jeudi noir » compilée, propagée jusqu’à devenir transparente, a-t-elle suscité un petit additif le lendemain après le succès des manifestations : « jeudi noir…de monde » ?
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