Ces 396 pages embrassent notre pays, notre temps. « Au fond, les
vieilles amours étaient comme ces tapisseries décaties aux murs des châteaux
forts. Un fil dépassait, vous tiriez dessus par jeu, et tout se détricotait
dans la foulée. En un rien de temps, il ne restait plus que la trame, les
manies et les névroses à découvert, le rêve agonisant en ficelles sur la
moquette. »
Les histoires d’amours de quadras, de jeunes gens et de
moins jeunes, bancales ou fusionnelles, évitent le gnangnan.
« on utilisait
donc des services en ligne pour remplir son pieu comme son caddie. »
Sous des musiques élémentaires,
« Tan tan tan
tatatan »
«On dit que la vie,
c'est une folie
Et que la folie, ça se danse »
Le propos est nostalgique et pénétrant, furieusement de
notre temps, en même temps.
« Elexia
proposerait d’ici peu des formations au management inclusif, des conseils en
transition, des modules de design comportemental, des audits des systèmes
cognitifs, des outils de prospective environnementale et collaborative. »
Ce serait comme un Houellebecq approuvé par les
« Inrocks », avec une écriture parfaite aussi bien dans les scènes de
sexe ou la description d’un paysage glacé, dans un open space ou une halle des
sports à Epinal, à Castorama.
Tout est intense, à toutes les étapes de la vie, les
énergies et l’ennui, un étang :
« Leurs eaux fixes prenaient sous le ciel
bas un aspect de mercure où filaient les nuages, les oiseaux migrateurs, les
vols outre-mer. »
Nous sommes témoins d’un mariage, d’un accouchement, des
émois de la jeunesse et de l’ingratitude adolescente, des prudences de la
vieillesse et des imprudences des vieux, entre Paris et le Grand Est, des
classes sociales qui s’éloignent et se frôlent.
« On a si peu de
raisons de se réjouir dans ces endroits qui n’ont ni la mer, ni la tour Eiffel,
où Dieu est mort comme partout, et où les soirées s’achèvent à vingt heures en
semaine et dans les talus le week-end. »
Et voilà comme lors de son Goncourt, j’ai envie de retenir
des tas de formules bien balancées, mieux vaut le lire : tout y est