jeudi 15 mai 2025

La peinture allemande au XVI° siècle. Catherine de Buzon.

En continuité avec la conférence précédente devant les amis du musée de Grenoble concernant la ligue hanséatique et son commerce, la conférencière a présenté « Jacob Fugger et son comptable » devant le nom des succursales de l’établissement allant de Lisbonne à Nuremberg depuis Londres.
En ce XVI° siècle, dans le Saint Empire Romain Germanique morcelé, les princes électeurs ont le pouvoir.
Luther est excommunié au moment de l'invention fondamentale de l'imprimerie après avoir exposé ses 95 thèses alors que l’Italie inspire les lettrés qui rêvent d’une société harmonieuse où les avancées de l’antiquité s’enrichiraient de théologie.
Dürer
devient le maître de tous les peintres de l’époque pour lesquels sont choisis ci-dessous des détails de leurs œuvres tant leur minutie est spectaculaire.
Grunwald Mathias
, mort la même année (1480) que son guide, développe son écriture picturale tandis que des révoltes paysannes sont durement réprimées.
La bêtise et la compassion se rencontrent dans « La dérision du Christ ».
La peinture ardente de son « Retable d’Issenheim » destinée aux malades met en son centre, la crucifixion la plus terrible, la désespérance la plus glauque,
en opposition aux autres volets ouverts lors de fêtes carillonnées présentant 
les mystères glorieux de l’Annonciation, de la Résurrection. 
https://blog-de-guy.blogspot.com/2021/09/musee-unterlinden-colmar.html
« Le Concert des Anges »
aux couleurs de pastel velouté dévoile
quelques anges inhabituels.
Lors de
« La tentation de Saint Antoine » 
des créatures aux tonalités démoniaques caracolent autour de lui.
Lucas Cranach
l'ancien avait fréquenté les humanistes à Vienne.
Ami intime du sobre « Martin Luther», il nous apparait comme le peintre de la sensualité.
« Vénus avec Cupidon volant du miel » 
Dans le tableau « La Vierge à l'Enfant Jésus sous le pommier », le petit aux dents naissantes apaisées par un morceau de pain, rachètera le pêché originel des mangeurs de pommes.
« 
Adam et Ève au paradis ».
« La Bataille d'Alexandre »
d’Albrecht Altdorfer raconte la bataille d’Issos où Darius fut vaincu en 333 avant JC. Le tableau servit de décor dans la salle de bains de Napoléon à Saint Cloud.
Les personnages de l’architecte se fondent dans des paysages luxuriants. 
« Saint Georges et le dragon » dont certains aux ambiances fantastiques.
Dans « Paysage avec un bucheron » l’épicéa au feuillage tombant a des allures romantiques.
Personne ne figure dans «  Paysage avec une passerelle » : 
cette nouveauté s’épanouira au siècle suivant.
Il fait preuve d'originalité avec sa « Nativité » 
 l’ « Adoration des bergers »
et la « Naissance de la Vierge », inédite.
Hans Baldung
 passant du merveilleux au fantastique,
est également imaginatif avec sa « Nativité » baignée de lumière miraculeuse,
exalté dans le « Déluge » où s’engloutissent les malheureux.
Ses variations autour de « La Mort et la Jeune fille »  ou « Les trois âges »,
 ses « Vœux du Nouvel An avec trois sorcières »
contrastent avec le doux « Portrait de la princesse Baden-Durlach ».
 
Hans Holbein grand portraitiste réalisa celui de son collectionneur « Bonifacius Amerbach »
ami de l’humaniste « Erasme » 
lui-même très lié à « Thomas More »  auteur de « La meilleure forme de communauté politique et la nouvelle île d'Utopie », canonisé après avoir été décapité pour trahison
par « Henri VIII » dont il était chancelier car il avait désavoué le divorce du roi et le schisme avec Rome.   
« Je vous en prie, je vous en prie, Monsieur le lieutenant, aidez-moi à monter ; 
pour la descente, je me débrouillerai… »
« Les Ambassadeurs »
  français et représentant du Vatican célèbrent les valeurs de l'humanisme par les objets présentés au centre
mais aussi la brièveté de la vie avec le crâne caché dans l’anamorphose au premier plan .
«
Le corps du Christ mort dans sa tombe
» exposé à Bâle bouleversa Dostoïevski. 
« Devant un tel tableau, on ne peut que perdre la foi » dit l’un des personnages de L’Idiot.

mercredi 14 mai 2025

Viennoiseries. Jeanne Bleuse, Julian Boutin.

Le mot « Viennoiserie » au parfum de croissant s’est enrichi ce dimanche matin des musiques de la capitale des bords du Danube.
Mozart, Beethoven, Schubert …  au piano et au violon.
Avec une pédagogie équilibrée entre des morceaux familiers et des découvertes, les deux musiciens varient sur le thème « Ah vous dirai-je maman », s’amusent avec le « Pierrot lunaire » de Schönberg, et ravissent les romantiques avec la musique de «  Mort à Venise » de Mahler transcrite pour piano.
J’ai apprécié la performance voulue par Paganini se mettant à l’épreuve dans « Le rire », et l’étrangeté de Webern dans « quatre pièces ».
Les deux instrumentistes ont travaillé avec le quatuor Béla, familier de la MC 2, qui sert parfaitement la musique classique sans s’interdire des approches contemporaines avec une rigueur et une curiosité qui assurent leur succès.

mardi 13 mai 2025

Sybilline. Sixtine Dano.

Chroniques d’une escort girl : les dessins à l’encre et au fusain apportent une douceur qui amène au-delà de la description d’un phénomène de société.
La prostitution concerne 20 000 mineurs en France.
Raphaëlle est toute heureuse d’entamer des études d’architecture à Paris.
Mais la vie est chère et le travail dans un bar peu rémunérateur.
« - L’autre jour je suis tombée sur un site... Tu te fais un profil, tu dis que tu es une petite étudiante qui galère et plein d’hommes sont prêts à te payer pour que tu passes du temps avec eux.
-Tu serais capable de faire ça toi ?
- Bizarrement je crois que oui. » 
Les souvenirs d’une enfance en train de s’éloigner, inscrivent les expériences rémunérées dans un récit où la recherche de l’amour, de la liberté, ne débouchent pas forcément sur des situations glauques. 
« Il ne me plaisait pas du tout, mais c’est allé assez vite et il m’a bien payée.
Au final, j’ai pas trouvé ça pire que de coucher avec un mec bourré rencontré dans un bar et qui te rappelle jamais après. » 
Les témoignages recueillis pour bâtir ce premier album n’amènent pas à une juxtaposition journalistique, ils donnent de l’épaisseur aux contradictions de Sybilline/ Raphaëlle jeune femme fragile et déterminée en recherche d’émancipation. 250 pages décapantes, originales, poétiques, sans concession.
 A un client : 
« - J’y arriverai pas je crois, le stress du travail, sûrement…
- Ah oui ? Pas plutôt la vision de ta femme à la maison, attablée devant un service vide
ou encore l’image de ta fille en petit chien sur le lit d’hôtel qui te fais reconsidérer l’idée de payer pour de la chair qui grandit encore 
ou peut être le fait de savoir que désormais, chez toi,seul ton porte-monnaie fait encore miauler les chattes ? »

lundi 12 mai 2025

Ghostlight. Kelly O'Sullivan Alex Thompson.

 « Deux familles, égales en noblesse,
Dans la belle Vérone, où nous plaçons notre scène,
Sont entraînées par d’anciennes rancunes à des rixes nouvelles
Où le sang des citoyens souille les mains des citoyens.
Des entrailles prédestinées de ces deux ennemies
A pris naissance, sous des étoiles contraires, un couple d’amoureux
Dont la ruine néfaste et lamentable
Doit ensevelir dans leur tombe l’animosité de leurs parents. »
 
Je savais seulement qu’il était question de théâtre dans ce film américain qui ressemble à un film anglais traitant des classes moyennes, loin des milieux théâtreux parisiens.
Le sujet de la littérature comme une aide à vivre pourtant souvent traité, fait le prix de cette version originale, à découvrir au rythme d’un scénario délicat et pudique.
Shakespeare, l’universel, convient à un ouvrier des ponts et chaussée quand Roméo et Juliette s’invitent chez les quinquas.
Gost : fantôme dans la langue de Sean Connery, 
Gostlight : lumière de bord de scène pour Peter Brook ; 
le film de près de deux heures ne joue pas du fantastique, 
seulement de la magie de paroles poétiques consolantes venant de si loin dans le temps. 

dimanche 11 mai 2025

Baie de Somme # 1

Mais nous ne pouvons trop nous attarder,
et reprenons le cours de notre programme, direction Friville Escarbotin  où se trouve un parc éolien important et notre maison pour trois nuits. Nous récupérons les clés chez la fleuriste notre logeuse. Notre Airb&b  jouxte son magasin, il s’agit sans doute d’un ancien commerce vu la disposition, les grandes vitrines non ouvrables blanchies jusqu’à mi-hauteur, et l’entrée  placée à l’angle d’un rond-point. Il s’avère assez vaste, avec quelques marches traîtresses à surveiller entre les pièces et doté d’une petite télé.
Nous nous préoccupons des courses avant les heures de fermetures, étonnamment, le choix de plusieurs supermarchés s’offre à nous : l’Intermarché se situe dans une zone commerciale assez  importante, alors que Friville nous a paru bien petit. Aussi une fois acheté ce qu’il nous faut, la curiosité nous pousse à nous rendre dans le centre- ville. Friville est une commune très étendue, construite de maisons individuelles et de peu d’immeubles.

Nous découvrons par hasard une ancienne usine de serrurerie délabrée, magnifique, émouvante dans sa décrépitude.

Cachée derrière un mur et des arbres, une maison de briques correspondant sans doute à la maison du directeur accessible par une petite porte discrète ne subit pas le même sort que l’usine. 

L’endroit étant fermé et sécurisé, 
nous ne pouvons pas  nous y aventurer pour faire des photos.

Nous tirons jusqu’au centre-ville bien vide, faisons le tour de la place de la mairie, de la statue de Jaurès,  remontons quelques  rues baptisées avec  des noms de  communistes, et retournons chez nous en passant par le lycée et collège du Vimeu. (Vimeu : communauté de communes) Il est l’heure du repas et des JO : finale du Basket France/USA.
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La nuit fut bonne fraiche et silencieuse, nous prenons notre temps pour nos activités matinales. Dehors, le temps s’annonce favorable avec soleil et température prévue jusqu’à 30° pour notre journée à SAINT VALERY SUR SOMME

A notre arrivée sur les lieux, nous nous engluons dans un flot de voitures, de marée humaine et canine auxquels nous ne nous attendions pas, bien que connaissant la réputation de la région. Nous parvenons à dénicher une place de parking payant près du cimetière.

Nous tentons de gagner l’Office du tourisme, mais nous devons passer par la longue rue principale embouteillée par un gros marché où piétinent les  badauds ; cela explique en partie la sur sur-fréquentation de St Valery aujourd’hui. 
Rien à envier à la foire de la Beaucroissant ou au marché de St Trop'...

L’Office du tourisme se cache dans un ancien entrepôt à sel, sans trop d’indication extérieure pour le signaler, au moins ça ne dénature pas l’environnement.

Il voisine avec  un petit kiosque destiné aux réservations de billets de trains, 
de bateaux (déjà complets) et de randonnées permettant d’approcher les phoques.

Nous retenons d’emblée un petit train à 14h30 pour Le Crotoy et une rando-nature au phare de Hourdel pour demain.

En attendant et avant d’aller prolonger le parcmètre, nous mangeons de bonne heure  à « l’Embarcadère » une salade César ou un dos de lieu noir crème basilic et linguines.

14h30 : nous embarquons dans un vieux  train à vapeur pour LE CROTOY, à l’intérieur d’un wagon ayant débuté sa carrière en Suisse. D’ailleurs, le siège amovible  et le sol imperméable à l’entrée indiquent encore l’emplacement réservé aux skis des voyageurs.
Nous prenons place sur les banquettes en bois tandis que le guide proposé pour la virée nous accueille et démarre ses explications, concernant tout d’abord le train, sa provenance, l’écartement  des rails de 1m contre les 1m 45 habituels.
Une association dans les années 70 a repris l’exploitation de la ligne avec succès, le nombre d’usagers est passé de 200 à 200 000 usagers grâce au tourisme.

Il faut compter une heure de trajet à 27 km /heure intégrant un arrêt à Noyelle sur mer afin d’inverser la direction  et déplacer la loco.

C’est l’occasion d’assister aux manœuvres effectuées par des cheminots noirs de charbon.
Durant le transport, la lenteur du déplacement nous laisse tout loisir d’apprécier le paysage.
Nous apercevons les moutons dans les prés salés, nous découvrons des mares dans les mollières creusées pour la chasse aux gabions,  avec des installations fixes à raz de l’eau,  devenues flottantes et des leurres sous forme de canards en plastique.
Des chevaux d’une race particulière (henson) pâturent dans les endroits moins marécageux, parfaitement adaptés aux promenades dans la baie. Au niveau de la végétation, les grandes marées recouvrent  les sols deux fois par an, d’où la présence de prés salés. Autrement, se cultivent  le maïs, les betteraves, la chicorée et les pommes de terre.
Nous atteignons la gare de Crotoy, terminus, tout le monde descend et se dirige vers la petite ville.
Hugo, Toulouse-Lautrec (pris en photo par un copain en train de déféquer  sur la plage, cliché exposé face à la plage) et Jules Verne (qui y écrit « 20 000 lieues sous les mers ») la fréquentèrent en leur temps.
Seule station balnéaire orientée vers le midi, elle offre un cadre fréquenté  par un public  familial. L’eau boueuse, vaseuse  ne me rend pas la plage très engageante,  nous nous dispenserons de baignade.

Mais nous déambulons  et parvenons à l’église Saint Pierre dans laquelle nous observons avec étonnement des ex-votos modernes. Ce sont des photos représentant  des bateaux  accompagnées de leur pédigrée comportant le  nom de leur  propriétaire, la longueur du bâtiment sa largeur sa fonction son tonnage. Ils apparaissent fixés à des filets de pêche reliant les piliers de la nef.

Quelques ex-votos plus traditionnels, sous forme de maquettes de bateaux, pendent à différents endroits

et une verrière raconte les préoccupations de la population avec la pêche miraculeuse.

Nous rejoignons la rue commerçante où baguenaudent les vacanciers.

Nous n’irons pas jusqu’à l’Office du tourisme, nous préférons flâner  et déguster une glace à l’italienne avant de retourner à la gare alors que la température augmente. De notre petit train en bois, nous retraversons les paysages mais sous des lumières plus belles, moins plates.

A Saint Valery, nous marchons le long du quai jusqu’à la ville haute, la ville médiévale.

Nous franchissons la porte de Nevers sans pont levis, puis une rue qui monte nous conduit à l’église Saint Martin mais portes fermées à notre arrivée : il reste quelques remparts.

Nous rentrons dans une maison qui a conservé sa fraicheur.

Nous apprécions une douche, mangeons et regardons la cérémonie de clôture des J.O.

PS : blague d’une dame dans le train : « ne pas mélanger les Lettons et les soviets »


 

samedi 10 mai 2025

Une affaire de style. Daniel Grozdanovitch.

L’ancien joueur de tennis, lecteur attentif  nous fait part de ses plaisirs de lecture : 
«  C’est alors une félicité suspensive divine, l’un de ces instants prélevés jusque sur les prérogatives de la mort elle-même et qui ne saurait être comparé qu’à la brève extase de l’équilibre sportif idéal. » 
Tous les auteurs cités n’ont pas la notoriété d’Alexandre Vialatte dont je me régale avec ses chroniques postées chaque jour sur Facebook par un lecteur par ailleurs amateur de Sempé.
Ainsi parmi mes inconnus, Claudio Magris : 
« La correction de la langue est la prémisse de la netteté morale et de l’honnêteté. 
Beaucoup de filouterie et de prévarications brutales naissent quand on fait de la marmelade avec la grammaire et la syntaxe. » 
Georges Haldas à propos de la minutie :  
« … consiste à révéler, à travers les petites choses, les grandes. 
A déceler l’invisible dans la moindre pépite du visible ; 
l’éternité vivante en chaque seconde ; 
le mystère au sein des réalités les plus insignifiantes en apparence et les plus familières, l’extraordinaire en ce qui parait être, à première vue, l’ordinaire. » 
John Cowper Powis commente Anatole France : 
«  les plus sages sont ceux qui jouent avec les illusions sans en rester déçus 
et qui se laissent gagner par la pitié sans en être blessés. » 
A travers ces paysages littéraires pas toujours faciles à arpenter quand on n’est pas familier comme moi de Pessoa ou d’Aldabert Stifter, nous pouvons cependant cueillir quelques mots de l’auteur qui aime « passer du futile à l’agréable » : 
« … beaucoup de jeunes gens d’aujourd’hui  vivent en état de schizophrénie contrôlée, préférant s’aveugler sur les désastres qui se profilent à l’horizon pour s’abandonner à l’insouciance festive » 
Ces 226 pages illustrent d’une façon originale cette banale citation : 
« Le style est l’instant où le fond affleure à la surface. »

vendredi 9 mai 2025

Le trésor des savoirs oubliés. Jacqueline de Romilly.

Qui peut être en désaccord avec l’académicienne qui conclut ses 217 pages ainsi : 
« Depuis que je n’y vois plus, je découvre encore chaque jour les beautés du monde, 
ses étrangetés, ses laideurs, sa présence - parce que la littérature ne cesse de me les apporter. » ?
Sauf que je reste avec un sentiment de défaite lorsqu’elle parle de « pureté », de « civisme », de « sagesse » quand l'école pour laquelle elle plaide est dédaignée, les savoirs méprisés.  
Et pourtant : 
« De cet amas de connaissances que l’on croyait d’abord inutiles et qui peu à peu se sont effacées, disparaissant de notre conscience les unes après les autres, résulte donc pour finir la possibilité d’avoir une pensée personnelle, une vie indépendante et une personnalité autonome. »  
Ses références antiques sont à peine aussi démodées que l’évocation de Gide ou Giraudoux.
« L’élève qui aura fait ses classes, même modestement, aura ajouté aux souvenirs des contes qui charmaient son enfance tout l’héritage de l’expérience humaine. Il aura conquis un empire avec Alexandre ou Napoléon, il aura perdu une fille avec Victor Hugo, il aura lutté seul sur les mers comme Ulysse ou bien comme Conrad, il aura vécu l’amour, la révolte, l’exil, la gloire. »
J’emploierai un terme également suranné pour remercier la « brave » dame de nous consoler des carences de nos mémoires. Elle n’avait à l’époque sans doute pas vu d’élève de près depuis aussi longtemps que moi. 
« Montaigne, déjà, connaissait bien le risque d'une recherche trop intense; et, se plaignant de sa mémoire, il écrivait (dans De la Présomption) : « Plus je m'en défie, plus elle se trouble; elle me sert mieux par rencontre. Il faut que je la sollicite nonchalamment ; car, si je la presse, elle s'étonne; et depuis qu'elle a commencé à chanceler, plus je la sonde, plus elle s'empêtre et embarrasse : elle me sert à son heure, non pas à la mienne. »
Si je partage quelques unes de ses réflexions, je n’ai pas l’optimisme de l’helléniste militante disparue en 2010.   
De jour, nous clignons des yeux devant des paysages asséchés, la nuit, les lumières se font rares.
« Alors que les littératures anciennes  ou classiques célébraient si volontiers la beauté de la vie humaine, les nobles sentiments et la douceur de l’existence, la littérature de notre temps exprime presque toujours une sombre amertume… »