Mais l’annonce de l’accueil de l’artiste le plus connu du
siècle dans la commune de la banlieue sud de Grenoble avait de quoi surprendre :
la salle des fêtes de la rue du 8 mai 1945 n’est pas le Grand Palais. Cette présence en ce lieu est cependant cohérente avec les
engagements du natif de Bristol.
Le gymnase où sont exposées les œuvres sur des piles de
palettes se remarque avec le monde fou qui patiente devant ses portes, comparable
aux foules de la foire des Rameaux à l’autre extrémité de l’agglomération.Tant de conservateurs progressistes d’institutions muséales,
de commissaires d’exposition d’art contemporain aux salles vides, aimeraient attirer
autant de monde.Le Dauphiné Libéré annonçait 5 000 visiteurs lors du
week-end de Pâques, 39 000 à la fin. Par contre je ne suis pas d’accord avec l’appréciation du
quotidien régional quant au côté « décalé » de l’artiste anglais que
je trouve très consensuel :
la guerre, la pollution, la consommation : « c’est
pas bien »,
alors que l’innocence de l’enfance est si belle.
D’où le
succès.Ne goûtant guère le catéchisme de ceux qui méprisent celui
des églises catholiques, alors que j’entendais un grand-père, mon semblable,
faire la leçon à un enfant, je me suis dispensé de trop sous-titrer les emblématiques
peintures au pochoir que voyait mon petit fils.Comme avec certains dessins de presse qui feraient passer
Plantu pour un dessinateur énigmatique, le premier degré est de rigueur, la
compréhension immédiate conformément aux rythmes endiablés d’aujourd’hui aux cœurs
en bandoulière. Le second degré, les nuances, n’ont plus cour parmi les mœurs
tapageuses d’aujourd’hui.Le sujet n’est pas de savoir quelle est la part des œuvres originales
parmi les 280 affiches, vinyles, artefacts, reproductions, travaux de
disciples, rassemblés par le comédien « Béru », François Berardino, lors
de leur 14° étape.Comme avec Duchamp je préfère l’original plus subtil, à ses
épigones, quand il évoque la guerre en Ukraine et ses jeux avec des tableaux
anciens quand des chariots de super marché ont envahi des paysages de Monet ou
que de toxiques barils arrivent sur une plage de Vettriano.
L’anonymat a amplifié
la notoriété du plus célèbre des Streets artistes.
Il a posé quelques questions essentielles au monde de l’art
en déchiquetant une de ses productions lors d’une vente. « La petite fille
au ballon » devenue son œuvre la plus chère enrichit une collection
personnelle de paradoxes déjà bien fournie. Le prix astronomique de ses productions payé par de riches capitalistes
sert aussi à de bonnes causes, et les dons recueillis lors de ces expositions
gratuites vont à des associations.