jeudi 1 mai 2025

Banksy à Echirolles.

Echirolles a gagné depuis trente ans une certaine notoriété avec "le mois du graphisme".
Mais l’annonce de l’accueil de l’artiste le plus connu du siècle dans la commune de la banlieue sud de Grenoble avait de quoi surprendre : la salle des fêtes de la rue du 8 mai 1945 n’est pas le Grand Palais. Cette présence en ce lieu est cependant cohérente avec les engagements du natif de Bristol. 
Le gymnase où sont exposées les œuvres sur des piles de palettes se remarque avec le monde fou qui patiente devant ses portes, comparable aux foules de la foire des Rameaux à l’autre extrémité de l’agglomération.Tant de conservateurs progressistes d’institutions muséales, de commissaires d’exposition d’art contemporain aux salles vides, aimeraient attirer autant de monde.
Le Dauphiné Libéré annonçait 5 000 visiteurs lors du week-end de Pâques, 39 000 à la fin.
Par contre je ne suis pas d’accord avec l’appréciation du quotidien régional quant au côté « décalé » de l’artiste anglais que je trouve très consensuel : 
la guerre, la pollution, la consommation : « c’est pas bien », 
alors que l’innocence de l’enfance est si belle. 
D’où le succès.
Ne goûtant guère le catéchisme de ceux qui méprisent celui des églises catholiques, alors que j’entendais un grand-père, mon semblable, faire la leçon à un enfant, je me suis dispensé de trop sous-titrer les emblématiques peintures au pochoir que voyait mon petit fils.
Comme avec certains dessins de presse qui feraient passer Plantu pour un dessinateur énigmatique, le premier degré est de rigueur, la compréhension immédiate conformément aux rythmes endiablés d’aujourd’hui aux cœurs en bandoulière.
Le second degré, les nuances, n’ont plus cour parmi les mœurs tapageuses d’aujourd’hui.
Le sujet n’est pas de savoir quelle est la part des œuvres originales parmi les 280 affiches, vinyles, artefacts, reproductions, travaux de disciples, rassemblés par le comédien « Béru », François Berardino, lors de leur 14° étape.
Comme avec Duchamp je préfère l’original plus subtil, à ses épigones, quand il évoque la guerre en Ukraine
et ses jeux avec des tableaux anciens quand des chariots de super marché ont envahi des paysages de Monet
ou que de toxiques barils arrivent sur une plage de Vettriano. 
L’anonymat  a amplifié la notoriété du plus célèbre des Streets artistes.
Il a posé quelques questions essentielles au monde de l’art en déchiquetant une de ses productions lors d’une vente.
« La petite fille au ballon » devenue son œuvre la plus chère enrichit une collection personnelle de paradoxes déjà bien fournie. Le prix astronomique de ses productions payé par de riches capitalistes sert aussi à de bonnes causes, et les dons recueillis lors de ces expositions gratuites vont à des associations.

mercredi 30 avril 2025

Une maison de poupée. Henrik Ibsen, Ynvild Aspeli, Paola Rizza.

L’utilisation de marionnettes convient parfaitement au thème de la pièce où se mesure la distance entre l’artifice et l’authenticité.
Une femme fait en secret un faux en écriture pour financer un voyage pour son mari malade. Pour emprunter de l’argent, il fallait l’accord du mari. D’où la mise à jour des sentiments, des colères; une vie paisible va se défaire.  
En France il a fallu attendre 1965 pour que les femmes puissent signer un chèque sans l’autorisation du mari.
Dans cet aperçu d’un moment de vie bourgeoise au XIX° siècle, traité finement, avec par exemple ce mot de tendresse : « mon alouette » qui en se matérialisant par un masque, souligne les faux semblants de la vie de couple.
L’artiste joue tous les rôles, imite toutes les voix, manipule les personnages à taille humaine avec virtuosité. Un interlocuteur existe quand on s’adresse à lui.
Par le jeu des lumières et des costumes, malgré d’angoissantes araignées, la narratrice se distingue de l’actrice en route vers une émancipation coûteuse, aux enjeux toujours d’actualité.  

mardi 29 avril 2025

Le gigot du dimanche. Pelaez-Espé.

La nostalgie ajoute de la saveur au plat traditionnel généreusement aillé.
L’avidité surjouée de la famille visant les Louis d’or de la vieille qui reçoit chez elle toutes les générations fait partie du plaisir d’une lecture facile aux personnages caricaturaux où ne manque ni la malice, ni la tendresse. Une comédie.
Ah la politique après l’élection de Mitterrand, les préjugés de l’époque qu’on regarde de haut cinquante ans plus tard, le rugby le dimanche à Gaillac, les tromperies et les réconciliations, des surprises, les blessures et la vie qui va … Macarel !  
« Ça doit être ça, la vieillesse... 
Un vieux piano qui se désaccorde lentement, 
mais dont personne ne remarque les fausses notes... »

lundi 28 avril 2025

A bicyclette. Mathias Mlekuz.

Un père et son ami en vélo, en train, en charrette, effectuent un parcours de deuil à la rencontre de l’amie du fils suicidé.
Les deux hommes mettent de temps en temps un nez rouge, imitant le jeune homme clown de profession, et sur ses traces s’arrêtent aux étapes où le disparu s'était arrêté, de La Rochelle à Istanbul.
Les moments de représentation clownesques sont les meilleurs quand l’exagération exalte la pudeur. Par contre d’autres moments qui m'ont paru trop appuyés peuvent créer de l’embarras.
Il est difficile de critiquer une telle entreprise documentaire, sincère, où larmes et rires se bousculent. Les improvisations excusent la banalité de réflexions sur l’amitié, le deuil et il n’est pas sûr comme le dit un des acteurs qu’au moment du dernier souffle on trouve le bon mot.
Les paysages sont beaux, les critiques souvent émus, mais je n’ai pu oublier de me poser la question de conditions de tournage qui forcément apportent une part d’artifice.

dimanche 27 avril 2025

Rouen # 3

Nous nous rendons nous à l’Abbatiale Saint-Ouen.
Mais elle n’ouvre pas ses portes le vendredi.
Alors on se rabat sur le centre photographique Rouen Normandie où Laurent Millet expose « Former l’hypothèse » et exploite les relations entre art et sciences. Il cherche le lien entre Euclide ou les collections du musée de l’écorché d’anatomie du Neubourg et les modèles anatomie ou botanique du Docteur Louis Auzoux (1797-1880). A notre niveau, ses photos n’offrent rien d’inoubliable…..
15 h : Nous rejoignons les 28 autres personnes intéressées par la visite organisée par l’Office du tourisme guidée par une jeune femme.
Sous le mobile de Calder, elle introduit l’histoire de Rouen en partant de l’antiquité,
nous raconte l’arrivée des barbares, les Vikings, 
et parle de Rollon, 1er duc de Normandie après sa conversion au catholicisme.
Nous nous déplaçons vers notre 1er monument emblématique  et incontournable de la ville : la cathédrale Notre Dame de l’Assomption. 
Désignée comme  la plus haute de France, son style gothique flamboyant  a inspiré les peintres et assuré sa réputation.
Elle est flanquée de deux tours. Celle de gauche, côté Nord, dite la tour saint Romain date du XII°, elle a introduit l’art gothique dans un édifice roman existant, subissant peu à peu des élévations. Construite beaucoup plus tard fin XV° celle de droite côté sud, rectifie le déséquilibre engendré par la présence d’une seule tour et donne une symétrie à la façade.
C’est la tour du beurre : elle doit son surnom à son financement dû aux indulgences achetées par les fidèles désireux d’éviter le régime du carême. Peut-être aussi la couleur de la pierre jaune, couleur beurre, en provenance de Paris, contrastant avec la pierre locale blanche utilisée pour le reste du bâtiment  a contribué à cette dénomination.
En plus des 2 tours, une flèche se dresse vers le ciel, haute de à 151 m. Sur la façade se découpent  les 3 portails traditionnels, le tympan de celui du centre raconte le jugement dernier.
Tous les éléments de décorations gothiques recouvrent les moindres espaces dans un festival, certains parlent de débauche, de ciselures, fioritures, de pinacles et dentelles de pierre.
Nous passons le seuil, saisis par l’élévation de la voute, mesurant jusqu’à  51 m de hauteur à la croisée de la nef et du transept.
Il subsiste des vitraux anciens.
Nous côtoyons à hauteur d’homme les statues de saints alignées et entreposées là, extirpées de la façade. Pour leur sauvegarde pendant la 2ème guerre mondiale, il fut décidé de les déposer et de les placer en sécurité à Niort afin de déjouer les pillages nazis, elles ne furent pas remises dans leurs emplacements.
Notre guide s’arrête un moment devant les gisants des quatre ducs normands qu’elle nous cite : Rollon : 1er duc de Normandie, Guillaume longue épée : fils de Rollon, Richard cœur de lion : roi d’Angleterre, et Henri le jeune : frère de Richard cœur de lion.
Un très bel escalier ciselé donne accès à la « librairie » ou bibliothèque dans le transept gauche. Il faut franchir le portail des libraires et se retourner pour voir absolument le bestiaire fantastique sculpté dans les quadrilobes.
Y sont représentés : des extraits de la Genèse (Adam et Eve) le cochon qui joue de la vielle, des représentations des vices, des petites chimères de la taille d’une souris. Surtout  ne  pas passer à côté de cette iconographie mythique surprenante, imaginative, parfois naïve !
Nous finissons par le déambulatoire et la chapelle de la Vierge 
où se cache un Philippe de Champaigne
Après le pouvoir religieux, nous abordons le pouvoir civil avec le Palais de justice.
Il se situe rue aux juifs.
La rue doit son nom à l’importance de cette communauté avant la Renaissance, 
constituant jusqu’à un tiers de la population.
De plus sous le magnifique édifice, des fouilles ont révélé assez récemment les fondations d’une maison juive, peut-être une école voire une synagogue. Il s’agirait de la « maison sublime du clos aux juifs» et du plus ancien monument juif de France. Le palais en lui-même comporte deux parties, un bâtiment gothique auquel fut ajouté un bâtiment Renaissance. Il servit à de multiples usages au fil des époques ; d’abord  échiquier puis parlement de Normandie  sous François 1er, il devient palais de justice à la révolution, et prison lors de la 2ème guerre mondiale.
Des impacts d’armes sur un côté extérieur témoignent des combats durant ce conflit. Nous ne pénétrons pas à l’intérieur, pas de visite prévue pour les fouilles de la maison sublime  ou pour les riches pièces du palais
Notre petit troupeau curieux s’avance maintenant vers le Gros Horloge fixé sur une arche enjambant la rue.
Bénéficiant de privilèges communaux, les riches  commerçants des draps de laine financèrent ce beffroi civil et son pavillon renaissance face aux tours de la cathédrale.
Comme indications apparaissant sur la pendule, la  lune affiche les quartiers, les jours figurent avec leur symbole, aujourd’hui Vénus représente Vendredi et une seule aiguille terminée par un mouton doré parcourt le cadran. Le pavillon accolé porte les cloches. Il accueille les touristes mais le passage étroit et raide pour y accéder ainsi que la taille du lieu rendent vite impossible car vite complètes les visites.
Toutes les rues alentour montrent des maisons à encorbellement.
Les propriétaires  détournaient  de cette manière les taxes imposées sur la surface occupée au sol, grattant quelques petits espaces supplémentaires.
Comme il n’existait pas de plan d’urbanisme, les  constructions poussaient sans tenir compte des formes des rues, qui sont rarement droites.
Quelques-unes  gardent des noms évocateurs liés à leur histoire comme par exemple, la rue Massacre, où vivaient les bouchers formant une corporation riche. Ils abattaient  les bêtes sur place dehors, exposant le sang les abats les carcasses à l’air libre sans toujours les déblayer…
En contraste,  place de la pucelle, L’hôtel de Bourgtheroulde nous transporte vers un monde  social plus élevé. Un hôtel de luxe occupe aujourd’hui ce « petit bijou de la Renaissance ».
Dès le porche  passé, une cour intérieure renferme  toutes les caractéristiques et symboles de cette époque : salamandres, phénix, des médaillons avec des portraits, des grotesques. De magnifiques bas-reliefs relatent la rencontre entre rois de France et d’Angleterre en 1520 près de Calais.
Ce luxueux  hôtel particulier fut commandé par le seigneur de Bourgtheroulde, (Guillaume II le Roux)  membre de l’Echiquier de Normandie,  par la suite il devint  résidence temporaire  de personnages importants, il connut plusieurs propriétaires et de «nombreuse vies ».
Nous terminons le parcours de l’ODT en relation avec  une autre page de l’Histoire de France qui ravive  nos souvenirs d’écoliers ; il s’agit bien sûr de la triste fin de Jeanne d’Arc. La place du vieux marché était au moyen-âge le lieu des exécutions, un petit promontoire montre l’emplacement du pilori.
Plantée devant l’église Sainte-Jeanne-d’Arc, une croix symbolise la présence du bûcher de la célèbre Pucelle. L’église en béton fait partie des monuments historiques, il est vrai que son architecture  moderne (1979)  imaginée par Louis Arretche ne manque pas d’audace ! Un même ensemble englobe à la fois le marché couvert  et l’édifice religieux, Des pointes comme des flammes recouvrent le marché, allusion sans doute au bucher de Jeanne.
Quant à l’église un portique  la prolonge en forme de queue de poisson revêtue d’écailles en ardoise : faut-il y voir le symbole chrétien Ictus ? Avant d’entrer, nous remarquons parmi  cette modernité les fenêtres lobées de l’église découpées comme celles des élises gothiques,  nous remarquons aussi  le toit écrasant dressé vers le ciel évoquant un aileron ou un casque viking L’intérieur réserve pour sa part quelques étonnements. Il ne s’organise pas autour d’une croix grecque ou latine, il ne correspond d’ailleurs à aucune forme géométrique, à nulle forme connueLa charpente imposante en bois ressemble à une voilure  ou une carène de bateau inversée comme  souvent  dans les églises normandes.
Les vitraux sont enchâssés dans les fenêtres  grandes et ouvragées de style gothique  aperçues à l’extérieur.
Ces verrières colorées associent avec réussite des vitraux anciens en provenance d’une ancienne église détruite en 44 et expédiés à temps à Niort, et des vitraux modernes blancs gris. Plus discrets, des stores blancs en forme de poisson tamisent la lumière de plus petites ouvertures.
Dans le cahier des charges, l’architecte avait dû accepter d’intégrer contre son gré les vieux vitraux Renaissance, et Il y réussit avec succès.Notre visite guidée prend fin.
Nous retournons au bercail, nous gérons merveilleusement  les rues barrées, puis  TV ( JO Foot hommes Finale France Espagne)  les courses repas dans la foulée .
PS : Bruinasse et sans doute averse pendant la visite de la cathédrale ; et dire que c’est la canicule dans le sud de la France !

samedi 26 avril 2025

L’avenir. Stéphane Audeguy.

Emballé, je fus, au début avec l’idée féconde de l’effacement de « La Joconde » avant la disparition d’autres œuvres interrogeant puissamment notre rapport aux images.
« … la Joconde est morte depuis longtemps, bien avant même sa disparition ultime. Alors, insatisfaits et fourbus, penauds comme les badauds de la fête foraine qui ont payé pour voir la femme-sirène ou l’homme sans tête et ont entrevu un simulacre grossier, honteux d’avoir été ainsi bernés, mais contents d’en avoir fini avec la Joconde, d’avoir coché cette ligne dans leur liste des choses à faire… »
Les portraits de divers personnages passionnés ayant un rapport avec le tableau sont originaux : un instituteur chinois à la retraite, un conservateur italien, un historien de l’art juif-allemand, un riche collectionneur mexicain…
L’écriture est plaisante, quand le romanesque stimule la réflexion avec humour.
puis la dystopie perd de sa saveur, devient conventionnelle bien que conservant une petite musique ironique, étouffe dans la poussière et la mièvrerie, lorsque le monde ne faisant plus d’enfants se vide petit à petit de ses habitants. 
Tout ça pour finir à Corfou !
Le contraste est d’autant plus flagrant que la déception vient après un départ prometteur.
Les 266 pages auraient pu être divisées en deux pour garder leur punch.

vendredi 25 avril 2025

L’heure des prédateurs. Guiliano Da Empoli.

J’ai lu comme un roman cet essai limpide de 150 pages qui vient à point nommé dans notre époque bouleversée.  
« Le grand dilemme qui a structuré la politique au XX° siècle est le rapport entre l’Etat et le marché : quelle part  de notre vie et du fonctionnement de notre société doit être sous le contrôle de l’état et quelle part doit être laissée au marché et à la société civile ?
Au XXI° siècle, le clivage décisif devient celui entre l’humain et la machine. »
Il est bien sûr question de Trump, 
«  un analphabète fonctionnel comme Trump peut atteindre une forme de génie dans sa capacité à résonner avec l'esprit du temps»
mais aussi de MBS, Mohammed Ben Salman le prince-héritier d'Arabie Saoudite, de Bukele, président du Salvador dans sa lutte contre les gangs :   
« Certains disent que nous avons emprisonné des milliers de personnes, 
la vérité est que nous en avons libéré des millions ».
Celui qui fut conseiller politique de Prodi n’ignore pas le pouvoir de séduction de ces dirigeants sans limites, ni les erreurs de leurs concurrents. Le compte-rendu d’une réunion de partisans d’Obama hors sol à propos du potager de la première dame inciterait au rire, il est tragique. La catastrophe démocratique largement engagée n’en est que plus effrayante. 
« Si, au milieu des années 2010, les Brexiters, Trump et Bolsonaro pouvaient apparaître comme un groupe d’outsiders, défiant l’ordre établi et adoptant une stratégie du chaos, comme le font les insurgés en guerre contre une puissance supérieure, 
aujourd'hui la situation s’ est inversée : le chaos n'est plus l’arme des rebelles, 
mais le sceau des dominants. » 
Au-delà de ces personnages caricaturaux, l’auteur du « Mage du Kremlin » met en garde contre l’Intelligence Artificielle et ses adorateurs Asperger de la même espèce prédatrice.  « MBS construit des enclaves où ne s'appliqueront que les lois de la tech, Bukele a adopté le bitcoin comme monnaie officielle de son pays, Milei envisage de bâtir des centrales nucléaires pour alimenter les serveurs de l'IA. De son côté, Trump a confié des pans entiers de son administration aux accélérationnistes les plus déchaînés de la Valley. »« Les ingénieurs de la Silicon Valley ont cessé depuis longtemps de programmer des ordinateurs, pour se transformer en programmateurs de comportements humains. »  
Pour un bon mot, Da Empoli, sans être un luddiste comme ceux qui s’opposèrent aux premières machine à tisser,  joue au modeste: 
« Il est vrai que je suis profondément incompétent en matière d’intelligence artificielle.
En revanche, fréquentant la politique, j’ai développé une certaine compétence en matière de stupidité naturelle. »
Ses références à Borgia modèle du « Prince » de Machiavel, à Shakespeare, à Kafka donnent de la profondeur à des informations qui habituellement nous noient sous leur profusion.   
« L'IA surgit comme une technologie borgienne, dont le pouvoir repose sur sa capacité à produire de la sidération »
« Il y a des phases dans l’histoire où les techniques défensives progressent plus vite que les techniques offensives. Ce sont des périodes où les guerres deviennent plus rares parce que le coût de l’attaque est plus élevé que celui de la défense. A d’autres moments, ce sont surtout les technologies offensives qui se développent. Ce sont des époques sanglantes où les guerres se multiplient, car attaquer coûte beaucoup moins cher que se défendre. »
Lecteur, parfois commentateur, je me sens si petit que je ne sais que picorer des formules, quelques remarques originales lorsqu’il note qu’en quarante ans chez les démocrates les vingt candidats à la présidence et à la vice-présidence étaient tous des avocats, sauf le dernier colistier de Kamala Harris. 
Le seul mot d’espoir serait dans le verbe « prétendre » de cette dernière citation :
« Si, en Occident, la première moitié du XX° siècle avait enseigné aux hommes politiques les vertus de la retenue, la disparition de la dernière génération issue de la guerre a permis le retour des démiurges qui réinventent la réalité et prétendent la façonner selon leurs désirs. »