Qui redoute le catalogue de la saison des amis du musée de
Grenoble quand « La naissance de Vénus » d’Adolphe Bouguereau annonce une
deuxième conférence à propos du triomphe de l’art académique alors que la
guerre (des pinceaux) n’a pas eu lieu ?
Le conférencier, ayant été interrompu par une alerte
incendie vers la fin de sa précédente intervention concernant les peintres « pompiers »,
a complété son propos avec deux tableaux de deux régionaux grands prix de Rome.
« Thésée reconnu par son père » d’Hyppolyte
Flandrin, le lyonnais, où le père brise le sort lancé par Médée,
accrochait le goût d’un public qui pouvait faire valoir sa culture de la même façon que de nos jours nous voyons
les péplums faisant revivre d’antiques épopées.« La coupe de Joseph retrouvée dans le sac de Benjamin »
valut le prix de Rome au cousin de Stendhal,
Ernest Hébert,
le Tronchois, en 1839 avant son séjour de 5 ans à la villa Médicis à Rome dont Jean-Auguste-Dominique Ingres
était le directeur.Celui-ci était l’auteur de « Thétis suppliant
Jupiter », la nymphe avait dépassé la frontière entre l’eau et le
ciel sous l’œil de Vénus (Junon). Elle tente de résoudre le conflit entre son
fils Achille et Agamemnon. Elle a le
bras long et le cou étiré.« Le Vœu de Louis XIII » réunit la lumière italienne
émanant de la Vierge et l’éclairage plus matérialiste réputé français au moment
où le culte marial est remis au goût du jour.
Représentant de l’école classique, il sera décoré tout comme
son rival Eugène
Delacroix, le romantique, auteur des « Scènes des
massacres de Scio : familles grecques attendant la mort ou
l'esclavage » avec des victimes épuisées loin de l’héroïsme antique.« Aucun tableau
ne révèle mieux à mon avis l’avenir d’un grand peintre, que celui de M.
Delacroix, représentant le « Dante
et Virgile aux enfers ». C’est là surtout qu’on peut remarquer ce jet
de talent, cet élan de la supériorité naissante qui ranime les espérances un
peu découragées par le mérite trop modéré de tout le reste. » Adolphe
Thiers était critique d’art.« Le Christ sur la mer de Galilée » de Delacroix, protégé de Talleyrand, va
vers le sublime dans la tradition anglo-germanique, quand la foi sauve l’homme
affronté à la nature.Édouard Dantan « Un coin du salon en 1880 »Les salons d’exposition des peintures ont souvent déménagé
tant les œuvres présentées passant de 324 à 7889 se multiplièrent entre 1785 et
1889, gardant la dénomination « salon » même après avoir quitté le Louvre pour le
palais de l’Industrie, après celui des Tuileries et le palais Royal.
« Le Salon de 1787 au Louvre »
Pietro Antonio Martini.« Séance du Jury de peinture des artistes français » Henri Gervex.
Les soupçons de partialité, avec guerre ouverte entre professeurs, dans cette
« grande maison close » d’après Baudelaire, prendront fin avec la
III°République après que Napoléon III eut favorisé la tenue du fameux salon des
refusés de 1863.« Le Déjeuner sur l'herbe » Edouard Manet : le scandale
est plutôt recherché.Alors que s’enrichit l’éducation populaire avec Jean Antoine
Laurent « Gutenberg inventant l'imprimerie », au Musée de
Grenoble, qui donne un visage empourpré d’émotion à l’inventeur assis au bord de
sa chaise, au moment décisif.« Cromwell regardant le cadavre de Charles Ier »
par Paul Delaroche
a appelé de fins commentaires politiques, mais pour la forme on
aimera retenir :
« Il ouvre le
cercueil comme on ouvre une tabatière ». Son élève, Jean-Léon Gérôme et ses « Jeunes
Grecs faisant battre des coqs » revient en Grèce dans une scène familière aux
références archéologiques et non plus mythologiques. « Le
Duel après le bal masqué » entre un député et un futur préfet de police s’inspire de l’actualité d'alors.
Couvert d’honneurs de son vivant le minutieux Ernest
Meissonier,
« 1814, la Campagne de France », « peignait grandement en petit ».Alexandre Cabanel
est aussi puissant avec « L'Ange déchu » que séduisant avec les chairs nacrées
de « La
Naissance de Vénus » dont Théophile Gautier, disait :
« Ce qu'on admire ici,
c'est l'élégance des formes, la correction du dessin, la finesse et la
fraîcheur du coloris. C'est moins nature que « La Perle et la vague » de Paul Baudry; mais c'est plus purement, plus poétiquement beau.»