pour gagner notre prochaine
destination : Sélestat à la limite
des départements du Haut et du Bas Rhin, au centre de l’Alsace. Lorsque nous y parvenons, un gros
marché s’étale dans la rue du président
Poincaré qui pénètre dans le centre, une fois passée l’Ill, la rivière des mots croisés;
il interdit toute circulation, mais en
contrepartie, la municipalité offre la gratuité des parkings tout autour de la
ville, qui n’est pas si grande. Nous entamons une première déambulation à pied,
au fil du nez, prenons la mesure de la cité; les forains remballent leurs
marchandises, il est 13h.
Nous nous mettons en quête d’un restaurant, et conseillés par le routard, nous obtenons
difficilement une table « au Bon
Pichet » à l’intérieur. Le menu étant épuisé, il est remplacé
avantageusement par un Fleischkiechle : cette spécialité alsacienne
consiste en un pain de viandes mêlant
bœuf porc lardons lait œuf farine ail herbe et pain, servie avec une
salade et des pommes de terre nouvelles. Pour l’accompagner, nous choisissons
un verre de pinot noir. Une bonne découverte culinaire une fois de
plus ! Le serveur court et
transpire, seul au service, tout comme le cuistot seul aux fourneaux, il se
plaint du manque de personnel. Nous discutons un peu avec lui car nous sommes
les derniers clients à table.Nous
employons cette après-midi à la visite de la bibliothèque humaniste, motivation principale de notre séjour dans
la ville. Ce musée du livre loge dans l’ancienne halle aux blés et appartient
au patrimoine mondial de l’Unesco. Sur la façade joliment décorée d’une
mosaïque, les emblèmes de la ville apparaissent dans deux écussons, un aigle
d’un côté et un lion de l’autre, surmontés par l’inscription
« Stadtbibliothek- Museum ». L’accès du public s’effectue à l’arrière
dont l’architecture modernisée s’intègre bien à l’ensemble grâce à sa sobriété. Dedans,
une grande pièce flanquée de 2 travées latérales en arcade abrite des ouvrages précieux, et rassemble la
collection cédée par Beatus Rhenanus qui vécut fin XV et début XVI, d’abord
élève puis professeur à l’école latine de Sélestat. Des vitrines protègent des
incunables, des cahiers d’écoliers, d’étudiants, des écrits divers et des
lettres. Il est parait-il possible de consulter sur demande et dans certaines
conditions ces magnifiques documents. De nombreuses informations sur les
humanistes, leur éducation, leurs échanges épistolaires éclairent le visiteur, avec quelques moyens interactifs
proposés, ainsi, chacun peut placer les lettres de son prénom en gothique et
l’imprimer en souvenir. Quelques sentences d’Erasme, « on ne nait pas
homme, on le devient » par exemple, émaillent l’exposition et rappellent les liens amicaux et
fréquents entre le sélestadien et le
néerlandais. Il nous reste le temps de partir à la découverte de Sélestat, muni
d’un joli fascicule récupéré à l’Office du tourisme proche.- Nous
commençons par la cour des Prélats. L’hôtel d’Ebersmunster bâti au XVI°siècle
côtoie la halle aux blés, il a été lui
aussi fraichement restauré. Une tourelle centrale renferme un escalier à vis.
Instruit par le petit guide, nous franchissons le portail afin de dénicher deux médaillons à l’effigie de Rémus et
Romulus, preuve du retour à l’antiquité
caractéristique de la Renaissance.
- De la même
époque, la maison Goll ou maison de la Bourse
se remarque par sa frise en trompe l’œil affichant les portraits en médaillons des grands
humanistes liés à Sélestat et par un oriel particulièrement élégant.- L’église
Sainte Foy compte parmi les constructions les plus anciennes de la ville. Au
départ petite chapelle commanditée par Hildegarde de Buren, elle se transforme en église au XII ° siècle. Elle
répond aux canons de l’art roman.
En poussant un portillon, nous accédons
librement dans la crypte. Ce vestige de
l’édifice originel du XI° conserve et
protège une « joconde sélestadienne », correspondant au moule d’un
masque mortuaire féminin : serait-ce celui de Hildegarde ?
- En face d’un des côtés de l’église, l’ancien
siège de la corporation des bouchers a gardé quelques traces de la profession.
Il subsiste sur la façade une
représentation de l’abattage des bêtes et une du saint patron de ces artisans,
saint Barthélemy.
- De l’autre
côté de l’église, la Lieutenance se cache derrière ses grilles. Aujourd’hui
propriété privée, nous ne verrons de ce bâtiment du XIV° que sa cour
d’honneur à travers le fer forgé.
- Nous
contournons l’hôtel d’Ebersmunster, par l’entrée et la façade nord pour nous rendre à l’église gothique de Saint
Georges, puis à la porte de Strasbourg et à la Tour des sorcières. Nous
cheminons rue des Oies, rue des veaux, arpentons le quartier des tanneurs. Le
Ladhof ensablé depuis le XIV° a perdu son rôle de port fluvial alors très actif
au moyen âge, et la place du vieux port occupe maintenant les lieux. Nous
poursuivons vers la FRAC Alsace fermée et sans expo pour l’instant sur l’autre
rive de l’Ill. église gothique de Saint
Georges Puis nous retraversons le pont vers les remparts de Vauban; nous
longeons la Tour neuve, la synagogue en grès rose, en grès jaune et en
brique.
Le parcours nous conduit vers l’arsenal Sainte Barbe pourvu d’un pignon
crénelé, vers l’hôtel de ville de style néoclassique, l’école du centre réalisée par les Allemands après 1870 dans le
style colossal, l’église protestante, les bains municipaux aux décors
aquatiques des années art déco (1928) ;
le château d’eau et le tribunal
édifiés par les Allemands ne manquent pas d’éléments ornementaux. Nous
terminons par la Commanderie Saint Jean, entre style gothique et Renaissance.
Les
moustiques perturbent notre fin de promenade par des assauts traitres et
irritants, c’est inattendu !
Ils ne nous laissent pas de répit lorsque, attablés près de Saint
Georges, nous testons le spritz alsacien à base de crément d’Alsace.
Durant
cette petite pause piquante, nous échafaudons les programmes à venir pour
Strasbourg et j’en profite pour écrire un peu nos aventures d’aujourd’hui.
Dans
les documents que je brasse, j’apprends que la tradition des sapins de noël est
originaire de Sélestat, du moins, c’est ce racontent les plus vieux documents trouvés qui
en font mention.
Quand nous décidons de
rentrer au bercail, le ciel se concentre
en nuages et prend une couleur de plomb
particulièrement esthétique sur le clocher de Saint Foy moitié pierre moitié
blanc, alors que soudainement, il se dégage en face.En route,
nous observons au village de
Muttersholtz une occupation importante des toits de l’église et des maisons par
des cohortes de cigognes. Déjà ce matin, elles fouissaient en groupe les champs
fraîchement retournés A croire que la réinsertion de l’espèce a bien
fonctionné !