Le dernier film de la série « Les peintres au
cinéma » présenté devant les amis du musée de Grenoble, après Michel Ange
et Caravaggio, a été réalisé par un peintre contemporain du si jeune maître de
la figuration libre.Basquiat est mort en 1988 à 27 ans, le film après 6 ans de
gestation date de 1996.Le réalisateur dans un souci d’authenticité a choisi des
acteurs proches du milieu des artistes émergents dans les années 80 : Bowie
en Warhol, Dennis Hopper, Christopher Walken, Jeffrey Wright a la ressemblance troublante avec le grapheur et Keith
Richards, Iggy Pop pour une bande-son forcément marquante avec l’inoubliable
Tom Waits.
Il est surtout question des rencontres qui ont permis à
celui qui dormait dans des cartons de devenir une star. Le mot semble le plus
approprié pour désigner le créateur séduisant le marché de l’art.
« En 1980, Jean-Michel Basquiat
survivait à peine en vendant ses dessins 50$ pièce. Aujourd’hui, certaines de
ses peintures se vendent plus de 50 millions de dollars. »Des aspects de sa biographie sont habilement traités comme
le retour impossible vers une mère qui avait déterminé son destin ou la
rivalité/amitié entre Warhol, Basquiat et Schnabel oubliant Keat Harring dans
son récit : qui était la création de l’autre ?
Jeffrey Deitch un marchand d’art avait pu dire de
lui :
« Toute la force de
Basquiat réside dans sa capacité à opérer une fusion entre les images absorbées
dans la rue, les journaux, à la télévision, et le spiritualisme de son héritage
haïtien pour mettre ces deux éléments au service d’une compréhension
merveilleusement intuitive du langage de la peinture moderne. »Bien que la présence de critiques et de galeristes souligne
les aspects financiers que les films américains ne négligent jamais, quand le
talent se mesure en dollars, nous restons au bord de cet engouement soudain
pour un peintre se réclamant d’un « art ignare » et de « la
peinture moche ». Serait-ce l’éternel remords d’avoir ignoré Van Gogh, la
fascination pour l’underground, l’émergence enfin d’un noir qui se voulait
créole, l’originalité de celui qui était toujours en recherche dans les styles,
les techniques, les substances qui l’ont tué ? Sa carrière fulgurante ne
pouvait que solliciter le cinéma, bien que malgré tous ses atouts, l’émotion ne
soit pas au rendez-vous, pas plus qu’un dévoilement des mystères de la
créativité, alors que bien des aspects de sa biographie sont bien présents.
Le cinéaste qui a adapté « Le scaphandre et le
papillon », revenu récemment sur la vie de Vincent Van
Gogh « At Eternity's Gate » ( À la porte de l'éternité)
est aussi un peintre côté adepte du collage, il était un personnage du film
« The square »