vendredi 14 janvier 2022

Money time.

Les jours de l’an passent et disparaissent derrière nos haleines bavardes.
Si nous arrivions à éloigner tous les sujets à propos desquels nous sommes incompétents ou impuissants, il resterait peut être plus d’espace pour profiter de nos conforts occidentaux. Pourtant ce serait s’exposer à l’étiquette «  chacun pour sa gueule » qui colle à chaque article du vendredi sur ce blog, que de ne rien dire sur ce qui nous passe devant le nez. 
En abordant le thème de l'argent, je n'ai pas le sentiment de m'exprimer comme un hobereau  pété de thunes ne comprenant point ses manants las d'être bénévoles, mais comme un radoteur d'un autre siècle quand le savetier de La Fontaine chantait plus volontiers que le financier.
Le pouvoir d'achat reprend du poil de la bête quand les décroissants déclinent, pourtant nos façons de parler : « je la calcule grave» auraient pu avertir que le PIB n'est peut être pas une fin en soi bien que ça compte, quand on a faim. J'ai croisé récemment un dératiseur dont la fierté de faire ce que les autres ne veulent pas faire, était revigorante.
La part de chacun à apporter dans la société, en particulier en situation de crise, ne se monnaye pas forcément, quitte à insister sur cette contradiction des pourfendeurs de la  marchandisation du monde. Les céréaliers de la Beauce mettaient les petits paysans en tête de leurs cortèges revendicatifs pour défendre leurs privilèges de gros, les personnels à statut ont amélioré leurs situations en évoquant les précaires qui finiront par assumer les tâches les plus périlleuses. Nous n’échappons pas à ce que nous dénonçons. Les jeux d’argent ne concernent pas que les gratteurs de tickets de Loto et le mot « pouvoir » n’est pas réservé au locataire de l’Elysée.
Ces « nous » sont difficiles à dénouer, entre ceux qui ne veulent rien savoir du passé et les blessés de l’enfance qui ne cessent de ressasser les traumatismes anciens. Cela vaut pour les décoloniaux en général ou quelque septuagénaire en particulier coincé sur l’obligation qu’ils avaient de finir leur soupe lorsqu’ils étaient enfants.
Depuis nos places de village désormais vides, nous avions des raisons de mesurer la perte de l’influence du christianisme, nous avions tellement méprisé les religions où les plus intégristes ont pris la main (de fatma), qu’aujourd’hui nous en exagérons peut être le poids. Les soldats derrière leurs lunettes à vision nocturne perdus dans le désert n’ont pas mieux vu. Le sujet enfoui prend une importance démesurée, mais il est là, et bien fol qui se défile. Mais quand Gims occupe toute la place, j’en suis à regretter d’autres maîtres d’antan.
Je viens d’envoyer à ma commentatrice unique, à propos d’un autre article, cette phrase de Bossuet qui me semblait propre à contredire son sentiment de perte de liberté alors que la vaccination lui permettrait de faire tout ce qu’elle veut. 
« Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes » 
avait été prononcé à propos des protestants regrettant la violence. Nous en sommes encore là ; chacun reprochant aux autres d’être violents et poussant des cris d’orfraie au moindre mot de travers alors que les évènements en Guadeloupe les laissent cois.
Les chroniqueurs qui reprochent par exemple à Houellebecq de banaliser l’extrême droite font bien mieux dans ce sens là en collant l’étiquette infamante sur tout ce qui les contrarie ! En les multipliant, elles se décolorent et le pauvre collé, bon citoyen, qui s’est vu assigné métaphoriquement à la surveillance du camp de concentration, ne peut que se dire: décidément ce qui est excessif est insignifiant. 
« La traitrise et la violence sont des lances à deux pointes ; elles blessent ceux qui y ont recours plus grièvement que leurs ennemis. » Emilie Brontë

4 commentaires:

  1. Guy, je t'ai déjà dit en privé que tu me lis mal, et là, puisque tu m'apostrophes en public, je te le dirai en public.
    Tu me dis, si je te comprends bien ici, que je n'ai qu'à me faire vacciner pour être libre de faire tout ce que je veux...Apparemment, c'est comme ça que tu vois notre situation politique et sociale.
    Ma réponse : mais... qu'est-ce que je veux (faire) ? Au moins le chantage grotesque et o combien moderne d'Emmanuel Macron a le mérite de nous mettre devant l'obligation ? le choix ? de déterminer ce que nous voulons, et le prix que nous sommes prêts à mettre/payer pour ce que nous voulons.
    Ce que je veux ? Résister à la contrainte/aux contraintes en constante expansion (qui vont de pair avec un certain Etat en constante expansion ?). Résister à cette pulsion écrasante, obsessionnelle, qui émane de qui ? de quoi ? d'où ? de nous compter, nous comptabiliser, du matin au soir. De nous faire correspondre à des chiffres. Une pulsion mécanique. Déshumanisante.
    Dans mon désir de résister à cela, j'ai un côté Don Quichotte, j'en conviens. Mais pour l'instant j'ai encore la possibilité de résister, en développant d'autres manières de vivre qui me conviennent, plus ou moins. Pourquoi pas ?
    Et si cela enrage les "bien-pensants" pisse vinaigres de constater que je ne me sens pas privée à mort de cette culture... que j'estime inconséquente, moribonde dans l'ensemble, je l'assume. Pas de restaurant, pas de café (mais la culture du café était déjà attaquée par la course du/du travail avant le Covid), pas de cinéma (mais pour voir les films qui dégageaient déjà quelque chose de prévisible qui me faisait bailler d'avance), pas de théâtre, mais...idem pour le théâtre.
    Les mesures de Macron ont le mérite, pour moi, de... fossoyer une culture déjà moribonde. On ne sait pas ce qu'on fait au moment où on le fait. Macron non plus ne sait pas ce qu'il fait. Credo.
    Pour revenir à mon sentiment de perte de liberté, il résulte peut-être bien plus de voir bétonner ma petite banlieue, de voir disparaître la faune, les rossignols, les martin pêcheurs, au profit de l'extension de la ville pour loger les travailleurs qui ne veulent pas habiter dans le centre.
    De voir NOS AMENAGEMENTS de la nature s'étendre, et surtout nos aménagements pour garantir notre "sécurité" dans nos loisirs. De quoi faire regretter que tant de nous aient tant de loisirs en ce moment ?... (oui, c'est scandaleux, j'en conviens.)
    Ce qui me fait sentir cruellement la perte de ma liberté, c'est de voir s'étendre notre domestication. Oui, ça me pèse bien plus que de ne pas aller au cinéma. Et j'estime que la gestion catastrophique que nos politiques ont appliqué au Covid se conforme à une logique de domestication accrue.
    Pour notre perte... et la perte de nos libertés.
    La phrase que tu attribues à Pascal est à attribuer à Job, dans la Bible, l'Ancien Testament. Avant Pascal, Job...Pour nos ancêtres, leurs références bibliques étaient si évidentes, si partagées par la communauté qu'ils ne sentaient pas le besoin de mettre des citations.

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  2. Commentaire numéro 2 : la question de l'argent est une question capitale dans une civilisation en crise/révolution. Ce que nous monnayons, et ce que nous ne monnayons pas.
    Je me répète en faisant remarquer que mes compatriotes français ne comprennent pas du tout le pouvoir dévastateur... de la grâce, (la gratuité protestante...) quand elle n'est plus intriquée à l'intérêt. Quand il n'y a pas conjonction entre les deux. Songez un peu... tous ces gens bien intentionnés qui, se délestant de leurs fringues, en toute... bonne conscience, pour les donner dans le pays africains, par exemple, ont fait couler les économies locales, au loin, et rendu impossible aux vendeurs, couturières ? sur place de "gagner leur vie" un tant soit peu correctement, en raison de la compétition de tant de dons... bien intentionnés.
    Les retraités s'occupent des associations, dans la grâce ?, encore des domaines soustraits au travail monnayé.
    Pourtant, voilà bonne lurette qu'"on" nous dit que le Paradis, c'est d'être indépendant et autonome... financièrement, en gagnant soi-même sa croûte. Pour tout le monde, bien entendu...
    Et avec ça, on a fait un système qui me semble tendre de plus en plus vers le taille unique... égalité oblige ?
    Percevoir des ronds en retraite... est-ce que ça VAUT autant que de travailler... contre argent, même de travailler tout court ? Que vaut.. le travail non monnayé, en dehors de la maison comme DANS LA MAISON ? Dans la tête de qui ? Même... pour les intéressés ? Et comment savoir ce que ça vaut si on ne peut pas mesurer... avec les chiffres de l'argent ?
    Que de casse-têtes pour vivre en société...

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  3. Et je renchéris...
    J'ai appris par une amie hier que la Cour Suprême aux U.S. a bloqué Biden dans sa volonté d'imposer la vaccination pour travailler. Comme quoi, il y a de rares moments où je suis encore fière de venir de là d'où je viens...
    C'est une chose d'être privé de restaurant, une autre d'être privé d'emploi. Pas sur le même plan.
    Combien de personnes dans mon milieu social ont été enthousiastes pour Biden, contre Trump ?...
    Sa popularité aux U.S. en ce moment doit avoisiner celle d'Emmanuel, et je ne suis pas optimiste sur la popularité d'Emmanuel en ce moment.

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