dimanche 12 septembre 2021

Les cons. Brassens.

Comme le terme « vulgaire » que je trouvais chargé en mépris de classe, je n’ai usé qu’avec parcimonie de l’insulte claquante, « con », trop commune. Mais les rassemblements du samedi,  « ce ne sont pas les couteaux les plus affutés du tiroir qui sont de sortie » certains commentaires d’irréductibles antivax sur les réseaux sociaux ne méritent pas mieux, quand tout échange est impossible. 
Par ailleurs la reprise par Le Forestier en un coffret de 7 CD des chansons de l’indémodable Georges m’ayant ravi, je reviens sur la chanson « Le temps ne fait rien à l'affaire » dont c'est le titre original plutôt que le bref terme choquant mis ici en titre. Les trépidantes strophes enluminent la catégorie par la finesse d'un vocabulaire éloignant toute grossièreté sous un emballage élégant.
« Quand ils sont tout neufs
Qu'ils sortent de l'œuf
Du cocon
Tous les jeunes blancs-becs
Prennent les vieux mecs
Pour des cons »
 
« Le blason », hommage au sexe féminin, de l’anar égratigné par Médiapart cet été, dénonçait d’autres mufles : 
« Honte à celui-là qui, par dépit, par gageure
Dota du même terme en son fiel venimeux
Ce grand ami de l'homme et la cinglante injure
Celui-là, c'est probable, en était un fameux »
 
Et même si par ailleurs« il y a peu de chances qu'on détrône le Roi des cons. »
Le match est nul, forcément, entre jeunes et vieux : 
« Quand ils sont d'venus
Des têtes chenues
Des grisons
Tous les vieux fourneaux
Prennent les jeunots
Pour des cons »
 Et ce serait se mettre à leur niveau que de renoncer à sa place dans le troupeau :
« Moi, qui balance entre deux âges
J'leur adresse à tous un message
Le temps ne fait rien à l'affaire
Quand on est con, on est con
Qu'on ait vingt ans, qu'on soit grand-père
Quand on est con, on est con
Entre vous, plus de controverses
Cons caducs ou cons débutants
Petits cons d'la dernière averse
Vieux cons des neiges d'antan»
 
J’avais déjà cité le poète dans un article concernant nos querelles générationnelles. 
 ou un livre de Liebig dont le titre semblait renouveler la question
« Vous, les cons naissants
Les cons innocents
Les jeunes cons
Qui, n'le niez pas
Prenez les papas
Pour des cons
Vous, les cons âgés
Les cons usagés
Les vieux cons
Qui, confessez-le
Prenez les p'tits bleus
Pour des cons
Méditez l'impartial message
D'un qui balance entre deux âges
 
Le temps ne fait rien à l'affaire 
Quand on est con, on est con»

1 commentaire:

  1. Lors d'un corps à corps virtuel avec l'auteur de "Rumeur d'Espace", j'ai trouvé dans la dispute l'image suivante qui me séduit pas mal pour rendre compte des paroxysmes que nous traversons. Certes, c'est moins musical que Brassens qui était un génie, et rien ne vaut le dessin de Voutch en frontispiece de son album, "Les Joies du Monde Moderne", où on voit un homme en hauteur, et en tenue décontractée, tenant un haut parleur pour s'adresser à un élevage de poulets en batterie pour les fouetter afin de viser l'objectif de devenir le meilleur club sandwich sous blister du TGV Paris-Grenoble (bon, j'invente là, j'espère que Voutch ne m'en voudra pas trop..).
    Mais je suis fière d'avoir trouvé cette image, moi, toute seule.
    Qui n'a pas vu un animal, petit ou grand, au moment où on prend sa tête pour la baisser de force sur la pâtée de son bol/assiette, rechigner, et refuser de manger ce qu'il est susceptible d'adorer dans tout autre contexte ?
    Ma défunte grand-mère chérie sorcière, envers qui je reste très ambivalente, tout en lui ressemblant de plus en plus, les années s'accumulant, disait : "on attire plus de mouches avec du miel qu'avec du vinaigre". (mea culpa, d'ailleurs...)
    Et je me souviens de quel roi de France ? Louis XV ? qui avait posté des gendarmes devant les champs de pommes de terre, pour DONNER ENVIE au peuple vulgaire d'adopter une pomme de terre qui inspirait la méfiance dans le temps.
    On peut dire qu'on n'a jamais eu autant de dirigeants/gouvernants échouant dans la psychologie la plus élémentaire, pour en arriver là où on arrive.
    Décidément, les cons, c'est une affaire de perspective.
    Comme j'ai déjà dit, comme tant d'autres, j'ai du mal à obéir, mais poussée au pied du mur, je crois que j'aimerais mieux obéir à Dieu qu'à nos dirigeants actuels si incroyablement imbus d'eux-mêmes qu'ils ont tourné le dos au Dieu de leurs pères pour en fabriquer.. de nouveaux, de nouveaux. C'est vieux comme le monde, ça. On a les maîtres qu'on peut...mais on aura toujours au moins un maître.

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