On se fabrique peut être des hasards, mais l’exposition
visible jusqu’au 4 juillet 21 de « l’ermite de Bologne » est tout
indiquée pour une première sortie au musée après un confinement. « Autoportrait ».
Dans l’atelier de 9 m2 où il vivait, dont le photographe Paolo Monti rend les couleurs fidèles à ce qu’on avait retenu de ses fameuses
natures mortes, le professeur de gravure mettait en scène ses bouteilles aux
couleurs crémeuses, rêveuses.
Un livret est
proposé aux enfants afin qu’ils disposent des stickers à la manière de
l’artiste.
Celui-ci prenait du temps pour rechercher une harmonie des formes et des
couleurs.
Cette patience pour aller à la rencontre du mystère situé au-delà de
nos perceptions immédiates est elle-même étonnante.
Il trempait certains objets
dans la peinture avant de les représenter ou les laissait se couvrir de
poussière.
En ce mois de juin,
le confiné libéré peut comprendre mieux la constance de Giorgio Morandi, sa
« quête obstinée et solitaire de la vérité en peinture ».
«
Certains peuvent voyager à travers le monde et ne rien en voir. Pour parvenir à
sa compréhension, il est nécessaire de ne pas trop en voir, mais de bien
regarder ce que l’on voit » disait-il.
Une
« Nature morte métaphysique » s’accorde aux énigmatiques paysages
proches du réel de l’école de « la peinture métaphysique » de Chirico qui disait
« Morandi regarde
avec l’œil de l’homme qui croit et le squelette intime de ces choses mortes
pour nous, parce qu’immobiles, lui apparaît dans son aspect le plus
consolant : dans son aspect éternel. »
Surtout pendant la seconde guerre mondiale, réfugié
à la campagne, il va produire de nombreux paysages.
Il avait admiré Cézanne.
« Cour de la rue Fondazza » 1954 Alors que le printemps exulte dehors, ses « fleurs » pas loin de celles
de Chardin
reflètent certes une vie simple signifiant « notre impermanence et
notre vulnérabilité », mais je préfère l’éclat du jardin des copains.
Par contre ses gravures fines , moins connues que ses tableaux aux couleurs délicates, vont à l’essentiel des lumières et des
formes. « Natura morta
a grandi segni » 1931
« Ses modestes et
sublimes aquarelles sont des oiseaux de plein ciel évoluant à ras du sol avec
leur poids terrestre et leur grâce ailée. » Jean
Leymarie.
Prolongeant l’exposition temporaire, le Musée de
Grenoble a regroupé ses tableaux de nos voisins transalpins : « Italia moderna » constitue
une révision utile pour se remettre en route avec l’art du XX° siècle.
Bien entendu « le Futurisme » est en
bonne place :
« Synthèse
plastique des mouvements d’une femme » de Russolo
et « la Pittura metafisica » de Chirico:
« Le couple » ou « Les oignons de Socrate » de Filippo de
Pisis.
Les amoureux du progrès dans les années 30 sont allés
chercher un nouveau souffle dans les
airs : Enrico Prampoli: «Scaphandrier des nuages»
Je me souvenais du «Café »
de Magnelli
à l’effervescente terrasse
avec le souvenir de la découverte de Penone
et la surprise de « L’indifférent »
de Paolini exploitant une photocopie de Watteau pour une célébration du bi-centenaire
de l’assemblée de Vizille.