J’ai beau prendre de la graine chez ceux qui ont voix au
chapitre et nomment le basculement de notre société, je préfère m’accrocher
à des mots à ma portée.
Plutôt que financiarisation, retour du religieux, chute du
mur, explosion des communications, fonte des glaces, UE, réfugiés, ubérisation,
numérisation, Trump, les huit personnes les plus riches qui
détiennent autant de richesse que la moitié la plus pauvre de la population mondiale… je réagis à propos de la mise en scène
« de la Belle Alliance Populaire », « belle », « alliance »,
« populaire », ou de Léa Salamé.
J’avais laissé ces quelques mots à propos des
primaires à un ami Face book, il y a bien une semaine, alors que tout se
périme si vite:
« Nous voilà à
courir encore après la nouveauté venue immanquablement du « nouveau
monde » (Terra nova) dont nous avons copié les primaires qui s’avèrent
déprimantes. Les groupes de réflexion collective à maturation lente sont en
voie de disparition, ne subsistent que les expressions les plus radicales pour
s’échauffer dans chaque camp, quitte à raboter sur les promesses et décevoir
après : la décomposition des partis est partie depuis un moment.
Les écolos et autres
zigzageurs, faute de lieux propres, vont voter Juppé un dimanche et Hamon un
autre jour. Ce dernier qui ne voyait pas où était le problème quand des femmes
se voient refuser l’accès à un café en banlieue parisienne. Alors son « revenu
universel » ça plait, ça fait le buzz ! Démagogie et jeux avec les
médias : gros mots sur les réseaux sociaux et petites idées, hologrammes
et com’ à tour de bras pour tous, plutôt que programmes.
Nous les vieux, courons
après le monde qui nous a doublé. »
Me voilà dans l’autocitation où je ramasse un argument de chez les valsistes : l’allusion au café de Sevran; mais cette semaine même ceux qui vomissent
le PS sont atteints par la maladie dégénérative de l’ex SFIO où la tactique a
détruit toute pensée.
En mettant Hamon en tête, je favorise Macron, en votant Vals,
c’est Mélenchon qui a bon.
Entre 49,3 et milliards qui volent de ci de là, chaque jour
apporte son clou au cercueil : depuis « élections piège à cons »
de sinistre mémoire, les primaires qui auraient pu rimer avec démocratie élémentaire
ont tourné à la farce.
Les visions à la petite semaine font florès : « le
cœur » a parlé et tant pis, si ébahis nous n’aurons plus qu’à regarder les
présidentielles se jouer entre finalistes annoncés, depuis un cimetière
tellement bien fréquenté de perdants admirables : Jeremy Corbyn et Bernie Sanders étant les derniers arrivés les plus tendances.
L’intervieweuse de France Inter, vue sur tous les plateaux,
demandait l’autre jour à une interne en médecine qui avait trouvé le ton et une
audience youtubesque pour s’indigner de ses conditions de travail, si elle ne
voulait pas devenir journaliste. C’est que la profession pourtant dans le même
sac discrédité que les politiques, qui éditorialise à longueur de journée sur
un coin de table, se considère comme la crème de la pensée, l’arbitre des
élégances, un enviable sacerdoce. Beaucoup exercent honorablement leur métier
et si je persiste à me couvrir de papiers, c’est que j’ai bien du plaisir à
retrouver un style, des convictions, du courage, mais ceux qui causent dans les
postes entre deux humoristes lassent très vite, surjouant le spectacle du
contentement d’eux-mêmes, prenant le monde de si haut.
…………….
Le dessin de Vlahovic (Serbie) en tête de l’article est
copié dans " Courrier International".
Il n’y avait plus de Canard enchaîné chez mon marchand de
journaux,
voici celui d’Aurel dans "Politis" :