Alors que jusque là le rythme trimestriel n’avait pas
perturbé les scénarios des reportages dessinés et ajoutait même aux prises de
position de la valeur, de la profondeur, cette fois le désistement de Hollande
perturbe la démonstration concernant « Le
chômage, la grande illusion ».
Et le dossier intitulé « 7°
armée » décrivant les guerres psychologiques menées en Algérie, en
Indochine, au Cameroun, au Rwanda, en Amérique latine, peut-il se rapprocher de
l’état d’urgence dans la France
de 2016 ? Que sait-on d’Alep ?
Par contre les 20 pages sur 228 consacrées à « La Wifi à tous les étages » sont
pédagogiques, amusantes, posant de vrais problèmes qui interpellent notre
identité d’humain.
« La chute de
la maison Ben Ali » m’a parue anecdotique car dispersée entre trop de
personnages collés à leur téléphone qui me restent inconnus à l’issue du récit.
Par contre « La
ballade de Saravah » convient au
soixanthuitardif : Pierre Barouh, Higelin, Brigitte Fontaine, me disent
quelque chose comme « Le mari de la
coiffeuse », film entré dans la catégorie « mythique ».
Les plus solides dans cette livraison sont les rubriques
habituelles :
- avec « Les
Luddites » en Angleterre au XIX° siècle qui détruisaient les outils
qui allaient les priver de leur travail,
- ou la séquence scientifique autour de la découverte du « LSD »,
- les jeux de langage autour de « La dinde »,
- l’immersion complète dans le milieu du « Surf »
- les enjeux autour de la censure, « Trait pour trait ».
Topo Novembre Décembre 2016. N° 2
Le petit frère : l’actu dessinée pour les - de 20 ans,
est tout à fait intéressant avec un reportage au Bangladesh et « le vrai prix de la mode pas
chère ». Pas misérabiliste mais percutant : les femmes qui sont
payées à des prix infiniment bas y acquièrent pourtant une relative
émancipation.
Les planches humoristiques autour de ce sujet « Dream teen » où l’auto
dérision est de mise sont sans doute efficaces.
Par contre « Madame
Bovary : la no life » au titre prometteur s’en tient à l’anecdote
et suppose une maturité qui permette de saisir les nombreux clins d’œil qui
jouent au plus malin. Par contre la petite histoire sentimentale « ça n’intéresse personne »
avec si peu de sentiments, est drôle et sensible, moins apprêtée que « le meilleur des mondes
possibles » histoire à suivre.
Le regard critique porté sur Norman un youtubeur aux 7, 5 millions d’abonnés est instructif
comme les dispositifs du FTP (Free
To Play) dans le domaine des jeux vidéos diaboliques pour créer frustrations et
addictions et tirer du pognon. Plus familier de la « primaire de la droite », l’humour accompagnant
l’explication m’a semblé un peu trop participer à la dérision convenue de la
politique, alors que le récit autour du « Heavy
métal » est de bon aloi, comme le décryptage rapide autour des procédés de la presse people ou les quelques
pages qui prennent la dépression
chez les jeunes au sérieux, sans démagogie.
Le témoignage concernant des jeunes délinquants en bateau pour sortir de la galère de l’incarcération
est éclairant. Un extrait de « Ma mère était une très belle femme »
en Afrique du sud du temps de l’apartheid
a bien sa place dans ces 150 pages aérées.
Je n’en sais guère plus à propos de Beyoncé et la blague concernant les coupes de cheveux des footballeurs
est un peu étirée, les pages sur les transports du futur sont magnifiques.
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