mercredi 25 janvier 2017

Equateur J 10 # 2 . Amazonie. San Juan de la terra.

Nous nous reposons un moment dans les hamacs avant d’être invités à passer à table : soupe de manioc et carottes, riz « cantonais » très nourrissant.  Et retour pour certains aux hamacs.
A 15h nous avons rendez-vous pour traverser le Napo en bateau, nous allons « travailler » sur l’île avec la famille de Juan. Sa maman nous attend sous les pilotis de sa maison d’été.   
Tout autour de arbres fruitiers, pamplemoussiers, manguiers, bananiers (fruits et plantain), des avocatiers, des orangers, des mandariniers, cacaoyers, papayers (fruits), et « mamayers » (fleurs) poussent en abondance.
Les bambous sont immenses.
Nous nous rendons au champ de manioc, la maman coupe d’abord les branches qu’elle conserve à côté pour les bouturer à nouveau puis nous enseigne comment extraire les tubercules : les filles, essayons de l’imiter en les déterrant délicatement. Ensuite je porte le panier rempli dont la lanière se porte sur le haut de la tête, l’air féroce avec la machette à la main jusqu'à la maison sur pilotis. Là, nous pilons le manioc arrosé de jus de patate douce qui remplace la salive d’autrefois, à laisser fermenter pendant 3 ou 4 jours pour obtenir la chicha que nous goûtons sans grand enthousiasme.
Juan tape sur la grille du feu de bois au sol avec sa machette et effectue le même geste sur un des pilotis en bois de fer de la maison : nous constatons que le bruit est identique.
C’est ensuite au tour des hommes de nous préparer du chocolat. Juan nous ouvre une cabosse et nous goûtons les fèves gluantes à l’intérieur, à la saveur surprenante de litchi. Les gros noyaux sont torréfiés sur le feu de braises dans une gamelle pendant 25 minutes puis les hommes les décortiquent comme des cacahuètes. Il faut ensuite les moudre dans un moulin à manivelle fixé sur un banc, ce qui demande une certaine force. La poudre recueillie est très amère mais l’on sent déjà le goût du chocolat. Versée dans une casserole et mise sur le feu, elle est mélangée avec du sucre de canne en bonne quantité et de l’eau. La maman remue la pâte noire, l’eau s’évapore peu à peu : c’est prêt.
Pour goûter, elle nous apporte de la papaye découpée et des fraises que nous trempons dans le chaudron de chocolat. C’est délicieux !
Nous partageons avec les enfants et nous câlinons un petit chien blanc. Pour « escarrer » le plat, Juan s’amuse à maquiller les filles de chocolat : les lèvres, les pommettes, la barbe et le bout du nez. C’est ainsi que nous retournons au lodge Sacha Sisa (Sacha : forêt, sisa : fleur rouge). Nous rions autour du mot mandarine : ici il désigne les hommes dont les femmes « portent la culotte » et qui se montrent trop obéissant.
Nous nous reposons un moment sur notre balcon où nos voisins nous aident à retrouver les riches et nombreuses explications de ce matin. Vers 19h nous sommes conviés à dîner tôt de soupe et spaghettis afin d’assister à la fête de la communauté qui va élire sa reine ou plutôt sa miss. 
Nous partons en bateau avec deux allemandes, les chauffeurs, les familles qui travaillent au lodge et les enfants. Plus question de problème de navigation la nuit, pas besoin de gilet de sauvetage : 10 à 20 minutes en pirogue à moteur sans lumière ni sur l’eau ni sur les rives. Puis tout le monde emprunte notre minibus et regagne le lieu de la fête sous un grand toit de feuilles. Sur une estrade, un animateur hurle dans un micro par-dessus de la musique.
Nous nous asseyons sur les bancs latéraux autour d’une piste rectangulaire de terre battue.
Nous assistons aux préparatifs : arrivée d’un frigo et des bières, confection du décor.
Les orateurs interpellent les compañeros, applaudissements. Enfin après avoir placé et présenté le jury au centre de la salle, remplacé l’ordinateur de la sono défaillant, le concours démarre vers 22h.
Deux jeunes filles se disputent le titre en dansant et paradant à 3 reprises dans des costumes différents. Pendant les changements, un jeune en blouson bleu réveille les foules en chantant au micro des tubes qui ravissent le public. Juan conclut par un discours en espagnol et en français, il appartient à l’association organisatrice, puis nous entraîne dans la danse où nous faisons l’animation en formant une chenille pour laquelle nous invitons les enfants.
Nous décollons tard, il doit bien être 11h 30, minuit, nous naviguons dans une obscurité presque totale et nous nous étonnons que Juan et le pilote repèrent sans souci l’embarcadère  pourtant difficile à aborder à cause du courant. La traversée pleine de magie et de mystère nous a parue plus longue, car nous remontions le courant.  Nous fonçons dans nos chambres sans électricité car le groupe électrogène ne fonctionne que 4h de 18h à 22h. Heureusement la douche est chaude. Subitement E. dans la chambre voisine crie qu’elle s’est fait piquer et ressent une douleur fulgurante, elle vient de marcher sur un scorpion. G. court chercher du secours auprès de Juan, trouve d’abord un jeune qui passe du menthol sur la piqûre et coupe un bout de la queue de la bestiole pour l’empêcher de nuire à nouveau ; mais un peu de venin lui tombe sur la main et la paralyse un moment. Juan arrive et traite la blessée avec l’aspi- venin, une feuille de la forêt et du Doliprane.
La nuit sera difficile pour elle, mais le moment de peur violente est passé.

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