Je ne suis pas persuadé que « Paris est une fête »
en sous-titre d’une conférence autour de la dite « Belle époque » aurait mieux convenu que la simple
phrase : « Paris chante et danse ». D’autant plus que le
souvenir des massacres tragiques qui réactivèrent le titre d’Hemingway est
encore vif et que d’autre part le conférencier devant les amis du musée de
Grenoble, avait bien l’intention de remettre en cause quelques autres images
archétypales.
La célébrité des œuvres occulte parfois l’œuvre elle-même,
telle « Jane Avril dans les Jardins de Paris ».
telle « Jane Avril dans les Jardins de Paris ».
Interroger le monde des cabarets fait éclater les catégories
chronologiques habituelles qui mènent, entre 1840 et 1910, du romantisme à
Picasso en passant par l’impressionnisme et le fauvisme.
Sur les flancs de la colline Montmartre, les moulins dont
celui de Debray, ancêtre de Régis, font leur farine et fournissent la boisson
pour accompagner les galettes.
On entre sans rétribution à l’Elysée Montmartre qui offre le
bal et accès à ses jardins.
Chaque lieu de divertissement a ses figures de danse : ronds de jambe, entrechats, ailes de pigeon,
et ses vedettes : « Grille d’égout »,
« La môme fromage », « Mimi patte en l’air », «
Marie souris », « Caoutchouc »…
« Le Bal du Moulin de la galette », par Renoir, le
peintre du bonheur de vivre, c’est :
« … la poésie de
Paris, la grâce du faubourg, les visages charmants des fillettes enivrées pour
un instant de la promesse de la vie, toute une jeunesse ardente, naïve
amoureuse, qui danse dans le soleil.» G. Geoffroy
Cette vision lumineuse est un reflet exact, mais au nord de la rue Rochechouart se vivent « Splendeurs
et misères » comme vient de le présenter le musée d’Orsay avec les images de la
prostitution, entre 1850 et 1910 : entre « demi-mondaines » et « pierreuses ».
« Le Bal du Moulin de la galette » de Toulouse
Lautrec présente « le joli profil d’une jeune gigolette » contrastant
avec le profil anguleux d’un souteneur. Il y avait bien un « Père la
Pudeur », Coutelat du Rocher, passant de cabaret en cabaret pour vérifier
qu’il y eut bien une culotte sous les jupons. Mais le regard se détournait du
maquis de Montmartre, voisin aux allures de bidonville, lieu de haute
insécurité.
Un « dos » (vert) comme celui des maquereaux
pouvait y châtier sa « marmite » à l’époque où les « marlous »
se battaient pour la conquête de Casque d’or. Et rien
qu’un des titres de Victor Joze journaliste écrivain : « Paris-Gomorrhe, mœurs du jour » dans la
série « La Ménagerie sociale »
donne une idée des mœurs quand le doux nom de « grisette » ne rend
pas compte de la misère.
Dans le « Le flirt. L’Anglais au Moulin Rouge »
est un peintre, fils d’un riche exploitant de charbon, complice des deux femmes
pendant une transaction.
Le rapport symbolique semble s’inverser suivant le support, peinture ou lithographie.
Le rapport symbolique semble s’inverser suivant le support, peinture ou lithographie.
Quand « La Goulue »
commande à Toulouse Lautrec des panneaux décoratifs qui seront découpés
puis recomposés pour attirer le chaland lors de fêtes foraines, son heure de
gloire est passée, celle du temps du chahut et du quadrille avec « Valentin
le désossé ».
Devenue dompteuse, elle est cependant immortalisée par cette affiche ou la technique du crachis est mise en œuvre.
Devenue dompteuse, elle est cependant immortalisée par cette affiche ou la technique du crachis est mise en œuvre.
Le photographe Paul
Sescau, qui permit la promotion des artistes par l’émission de 3500 photographies,
n’eut pas la notoriété de ses modèles.
Yvette Guilbert, une
diseuse, chanteuse, qui entretint une correspondance avec Freud, ne fut pas
forcément satisfaite de son portrait pas plus que Bruant dont une parcelle de
notoriété vint de ces affiches.
Loïe Fuller lors des ses danses serpentines,
dans ses longs voiles, telle une orchidée ou un papillon, sous des lumières
d’arcs électriques, inspira bien des poètes. Mallarmé, le symboliste, développa
tout son talent, au-delà de la formule résumant la découverte de l’américaine :
« Ivresse d'art et
d'accomplissement industriel ».
Merci, Guy, pour ce petit moment d'instruction. Les photos de Loïe Fuller sont magnifiques, et font rêver.
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