vendredi 18 octobre 2013

"La gauche" à Saint Egrève : La machine à perdre, saison n+1



La gauche est majoritaire à chaque élection sur la commune, à l’exception des municipales ; c’est alors que dans un nuage de poussière, la machine à perdre vient de se remettre en branle.
Une candidature, en un attelage déjà usé, qui prétend agir « autrement » vient de se proclamer, se réclamant de la gauche.
Elle ne se place pas, semble-t-il, dans la continuité du groupe dit socialiste qui siégeait au conseil.
Il est vrai que les ambitions contrariées d’un chef de file contesté, ses maladresses, l’absence de propositions, ont  découragé bien des bonnes volontés.
Je figurais sur la même liste « Réussir Ensemble Saint Egrève », en 2008, et ne peux rester muet devant ce qui s’apparente à une farce.
Il convient pour redonner du sens aux mots « loyauté », « cohérence politique » de confronter les actes et les proclamations.
Avant de ressortir les mots «  charte de la démocratie locale », il aurait fallu tirer des leçons des échecs passés et  avoir travaillé à redonner une crédibilité à une équipe rassemblée, être apparu dans les instances de concertation qui existent dans la cité.
Quand un ancien secrétaire de la fédération de l’Isère du Parti Socialiste apporte son soutien dans un quatre pages où ne figure nulle part le mot « socialiste », cela augure mal de pratiques franches.
En méprisant la culture, en apparaissant comme le candidat d’un seul quartier, tout en ayant été silencieux si longtemps au moment où des projets étaient contestables, l’échec électoral est programmé.
Flatter les égoïsmes, prétendre fédérer les mécontents, contribue à dévaloriser une parole publique dont l’absence de courage, de clarté engraisse de pénibles démagogues.
Et si l’expression de ma consternation est appréciée comme faisant du tort à la gauche, je n’ai aucun scrupule puisqu’il s’agit si peu de La Gauche dans cette entreprise.
Celle de la justice sociale, celle d’une vision de l’avenir, quand les politiques redeviendraient respectables.
……
Dans le « Canard » cette semaine :


jeudi 17 octobre 2013

Félix Vallotton.


Par-dessus la gravure très contrastée intitulée « L’argent » qui servait de fond au titre de sa conférence aux amis du musée, Gilbert Croué avait inscrit :  
« Félix Vallotton, peintre graveur, misanthrope ».
Il nous a présenté de nombreuses vues d’une œuvre qui compte près de 2000 réalisations dont une centaine sont présentées au Grand Palais à Paris sous le titre
« le feu sous la glace ».
Vallotton, l’enfant suisse, a observé un graveur qui loge au dessus de chez ses parents chocolatiers.
Il entre dans le métier de peintre à 16 ans, se plaçant dans la lignée d’un Ingres avec des portraits simples de personnages portant une certaine fatigue, ou retranscrivant, efficacement au fusain, les lumières d’un intérieur.
Vivant chichement de quelques articles pour la « Gazette de Lausanne », depuis Paris, il produit pour la presse, des gravures qui vont lui assurer une certaine notoriété et marquer son style jusque dans ses toiles. Ses traits sont efficaces.
La commune de Paris n’est pas si lointaine et ses compositions énergiques mettent en scène l’arrestation de « L’anarchiste », une « Manifestation » mouvementée, « La charge » de la police. Je pense alors aux affiches de mai 68.
Les masses noires s’opposent aux blancs creusés dans le bois avec « Les cygnes » élégants et des femmes chez « La modiste » où les rayures rythment une scène cadrée d’une façon singulière.
La photographie qu’il a pratiquée lui permet de retravailler ses sujets en atelier et d’aborder d’autres façons de cadrer.
Son « bain d’été » aux volumes simplifiés fit scandale au salon, alors que les Nabis l’invitent depuis son sinueux « Clair de lune » qui rejoint les principes du groupe signifiant « les prophètes » pour qui la nature est un prétexte décoratif, aux lignes marquées, aux couleurs affirmées.
Les contrastes de lumière sont dynamiques avec l’enfant en vue plongeante qui joue au « Ballon » dans le jardin des Natanson qui animèrent la « Revue blanche ». Leur égérie Misia au bain, à la coiffure, se détache parmi les ombres tranchées.

Un chat blanc ajoute une ondulation à une gravure de « La  paresse » rythmée efficacement, et un  petit chien noir au milieu d’un groupe de femmes du « Bain turc » doit apprécier les poitrines abondantes.
Sa série intitulée « Intimités » est allusive et permet toutes les interprétations : qui ment dans « Le mensonge » ? « L’irréparable » vient après «  La raison probante » et « Le triomphe » : il adore les femmes mais ne leur fait pas confiance.
Bien des mises en scènes d’intérieur évoquent la peinture hollandaise, voire Rothko pour les aplats de couleur aux teintes montées, Hopper pour la mélancolie, Delvaux pour les nus...
En 1899 il épouse une Bernheim de la famille des riches marchands de tableaux, jeune veuve mère de trois enfants. L’anar s’embourgeoise. Il habite près du bois de Boulogne, possède une villégiature en Normandie.
A l’extérieur en été ; il accroche les rayons du soleil à son coucher, les clartés nacrées de la brume au dessus des toits et la légèreté d’un matin d’été derrière « La charrette à Honfleur ».
Il va à l’essentiel, citant la nature, la recréant.
 A l’intérieur en hiver, ses nus, sont originaux avec la « Femme au chapeau violet », celui-ci se portait en fin d’après midi (de 5 à 7), ou « La blanche et la noire » ambigües qui pourraient résumer une œuvre riche soulignant les contrastes, tout en nous laissant un espace pour interpréter.
En 1917, en "mission artistique auprès des armées, il produit les gravures de la série « C'est la guerre », et saisit aussi  sur la toile des « Tirailleurs sénégalais », dont beaucoup moururent de froid, en attente de monter au front.
Il a obtenu la nationalité française, mais trop vieux pour combattre, il produira quelques tableaux qui rendent compte de la violence du conflit tout en écrivant qu’il ne parvient pas à traduire l’intensité de l’horreur. 
Il meurt en 1925, et n’aura pas le temps d’emménager sur la Côte d’Azur où il peint un « vieil olivier » auquel sont adossés des canisses, des rues de Cagnes et du Canet, la baie de Cannes. 

Ses paysages autour de « La Loire  à Nevers », « Soir sur la Loire », aux lumières fluides, aux harmonies raffinées, aux rapports de couleur audacieux, sont  comme le miroir d’un monde à contempler, les hommes vus de loin donnent un rapport d’échelle, leurs actions ont pu parfois lui donner envie de s’éloigner.

mercredi 16 octobre 2013

Ethiopie J 6. Les crocos, les hippos du lac Chamo.



Après une nuit remplie par les chants orthodoxes tonitruants dont nous avons la sensation qu’ils ont été ininterrompus, nous embarquons dès notre premier jus de mangue matinal avalé.
Nous passons prendre le capitaine du bateau qui va nous transporter aujourd’hui.
Une piste pleine d’ornières nous emmène entre les champs de coton à l’embarquement pour une traversée d’une heure et demie afin de parvenir de l’autre côté du lac Chamo.

Dès que nous mettons pied à terre nous apercevons notre premier crocodile et nous grimpons  par un sentier qui mène au plateau dominant le lac.
Dans un paysage de savane, notre premier zèbre vu au loin déclenche le feu des appareils photo. Bientôt d’autres rayés nous attendrons sur la piste, nous regardant paisiblement.
Entourés par les chants d’oiseaux, nous apercevons une petite antilope, et quelques babouins au sommet des arbres. Un serpent traverse rapidement entre nous.
Au retour nous mangeons sur le bateau avec le garde armé qui nous a accompagnés toute la journée. Puis le conducteur coupe le moteur  pour nous permettre d’observer les hippopotames et les crocodiles impassibles. Lorsqu’un de ces bestiaux semblant heureusement bien lesté plonge, notre garde le met en joue.
Des oies, un martin pêcheur, des hérons, des aigles pêcheurs (pygargues) vivent leur vie dans ce marais inquiétant.
Nous revenons vers Arba Minch dépassant des enfants transportant sur leur tête d’immenses charges de foin. Nous allons dans la partie du parc  Nechisar proche de la ville où des phacochères attendent à l’entrée ainsi que des babouins. Nous croisons des enfants qui craignent le garde et découvrons des arbres monumentaux dans un bel échantillon de forêt tropicale. Nous allons vers le point de captage des eaux qui ont donné leur nom à la ville aux quarante sources.

mardi 15 octobre 2013

Le tour des géants. Nicolas Debon.



Le tour de France cycliste au début du XX° siècle:
« Le tour c’était tout cela ; comme la lointaine réminiscence d’un sacerdoce païen, cyclique et désespéré, offrant à chaque solstice son cortège de martyrs à la tyrannie du dieu solaire »
La volonté et le courage dont font preuve ces hommes autorisent les termes les plus absolus  pour narrer une épopée : celle-ci se déroula en 15 étapes sur 4735 km.
Réparant eux-mêmes les « perçures » innombrables qui ne sont qu’anodines face aux efforts colossaux qu’ils eurent à produire. La tête sous la fontaine et ça repart.
« une accumulation disproportionnée de souffrances pour quelques secondes d’une joie amère pour les plus chanceux »
La BD dans sa fraîcheur peut traiter de l’évènement sans être boursouflée, celle-ci est appropriée  sous ses traits délicats pour faire revivre le tour de la France de 1910.
Captivant et gracieux.
« C’est un étrange ballet d’ombres chinoises qui anime la promenade des platanes à Perpignan cette nuit là. A 3h 30, au signal du chronométreur soixante douze silhouettes silencieuses et voûtées s’élancent dans le noir. »
Au bout de la volonté, quand Lapize en haut du Tourmalet, franchi pour la première fois cette année là, cria aux organisateurs :
« Assassins…vous êtes des assassins ! »
Ils s’appelaient Faber, Garrigou et c’est Lapize qui va gagner après une série de rebondissements, de tragédies, de tricheries, d’actes chevaleresques venant à bout d’impitoyables règlements …
«  Crois-tu que c’est la haine des autres qui fait gagner les courses ? Je ne sais pas lequel d’entre nous arrivera le premier à Paris, si même nous y parviendrons… mais n’est ce pas plutôt une obscure partie de soi même que l’on hait au point de vouloir l’anéantir, la briser à chaque coup de pédale ? »
Lafourcade, Petit breton et Alavoine disparaitront  entre 14 et 18 avec le héros du Tourmalet.

lundi 14 octobre 2013

Blue Jasmine. Woody Allen



Un air de jazz qui revient : le nouveau  film de Woody Allen est là, attendu comme les premières asperges.
Pauvre petite fille riche, Cate Blanchett joue bien du rimmel qui dégouline pour aller vers une folie rabâcheuse : a tant mentir, nier la réalité d’une vie dépeuplée, il n’y a plus que cette issue.
De la « classe » siglée Vuitton au canapé télé : toujours le vide.
Et ce n’est pas la confrontation tragi comique avec sa sœur caissière de bonne volonté qui l’accable : elle ne la voit pas.
De la même façon, nous ne saurions voir dans notre confort occidental, ne sachant même plus préserver des formes d’urbanité, que nous allons vers la catastrophe économique, écologique sur fond de vacuité culturelle et politique.
L’humour saisonnier du septuagénaire met de l’élégance aux partages de nos délicieuses délectations moroses.
Mais je m’égare : le film mêle comédie agréable aux dialogues bondissants à une noirceur dont le grincement nous est familier : alors nous en sourions, par habitude.
La trame du « Tramway nommé désir », sans le désir.

dimanche 13 octobre 2013

Coquilles Saint Jacques sur fondue d’endives et quenelles.



Je cuisine plutôt au beurre alors que mon fils lui préfère l’huile d’olive que je  trouve trop parfumée sur ce coup, masquant le goût délicat des coquilles Saint Jacques dont la pleine saison va de janvier à mars.
Bien que je ne me détourne pas systématiquement des produits surgelés de chez Picard en particulier, la différence est sensible en faveur des produits du poissonnier du marché de Fiancey.
Faire fondre doucement, au beurre donc, les endives quasiment hachées avec des échalotes (ou sans), pendant 20 minutes, dans le jus d’une orange.
Faire blanchir pendant 10 minutes des quenelles au brochet ou nature, puis les couper en tranches. Surprendre les noix comme on dit quatre minutes à peine recto verso à la poêle en même temps que les quenelles à dorer. Servir le tout sous un trait de crème après avoir salé poivré.
Les quenelles dispensent du riz qui est souvent l’accompagnement habituel de ce plat aux saveurs subtiles.

samedi 12 octobre 2013

XXI. Automne 2013.



La thématique principale « Les terres du futur » avec sa connotation science fiction ne m’attirait guère, et puis comme d’habitude j’ai pris ce numéro 23 et il m’a intéressé de la première à la 210ièmepage. 
Nous sommes sept milliards d’hommes : pour avoir une idée de notre futur, un reporter s’installe dans une base de l’arctique avec ceux qui étudient les évolutions du climat, un autre rappelle la construction du chemin de fer qui allait d’Addis Abeba à Djibouti où les chinois construisent une nouvelle ligne alors que Jean Rollin suit un GR incertain dans Marseille et ses friches.
La diversité des lieux explorés est stimulante :
une école en Bielorussie,
ou  les abords d’une forêt d’eucalyptus  en Chine,
et surtout celle des personnes :
un combattant en Syrie essaie de préserver le patrimoine historique de la ville d’Alep,
un réalisateur de films très prolifique à Kaboul,
une acharnée dont les moutons sont morts mystérieusement dans un village des Vosges,
un économiste penché au chevet de la Bolivie, de la Pologne chargé de  
« transformer une soupe de poissons en aquarium »,
une chinoise devenue éditrice de BD en France qui pense  
« que s’enrichir pour acheter des sacs Vuitton, ce n’est pas ça la valeur d’un pays, ce sont la sagesse, les formes d’expression, la gastronomie, tous les savoirs accumulés pendant des milliers d’années »,
un journaliste emprisonné en Turquie,
« Quand on dépasse l’actualité, nul besoin de s’y accrocher »
une Betty Boop américaine a monté un lieu d’accueil pour des femmes atteintes de fistules, incontinentes suite à des accouchements difficiles. Marie Darrieussecq rappelle l’horreur de l’excision et de l’infibulation ;
 « quand les victimes ne meurent pas d’hémorragie, d’infection ou du tétanos, leur orifice vaginal est tellement abimé qu’il arrive fréquemment qu’on les rouvre au couteau pour leur « nuit de noces »