Le titre de la discussion aux états généraux de Libération
était subtil avec la présence ou l’absence de pluriel à famille et le signe de
ponctuation.
La priorité donnée à l’intervention des jeunes tout au long
de ces deux jours a permis à deux jeunes filles de l’école de commerce de
Grenoble de préparer le débat mais pas vraiment de le diriger : l’expérimentée
Caroline Mécary avocate et militante EE/les verts à l’aise au micro n’a pas
laissé beaucoup de place à Marion Athiel du planning familial qui n’a fait que
la suivre.
Les questions bien préparées par les deux jeunettes ont
souvent consisté à demander aux deux femmes d’expérience à la tribune :
« pensez-vous que les jeunes… »
Au moment où les tensions autour du mariage pour tous au
parlement se dénouaient, pensait-on alors, on peut comprendre la passion de l’avocate qui voyait
l’aboutissement d’années de lutte, mais regretter avec d’autres spectateurs que
la table sans quota masculin fut essentiellement une tribune.
Depuis le cri daté de Gide jusqu’à l’annonce du vote au
parlement de l’article premier permettant le mariage de deux personnes du même
sexe, le titre avait dit l’essentiel.
Si toutes les religions s’accordent sur la représentation
des familles, celles-ci adoptent par contre aujourd’hui des formes
différentes : recomposées, monoparentales, avec des parents de même sexe
et plus seulement avec un papa, une maman.
La famille est le premier lien de socialisation où se
construisent les repères qui seront interrogés avec le reste de la société.
Le PACS avait constitué une reconnaissance sociale et depuis 1982 l’homosexualité n’est plus une
tare, le choix de sa sexualité est devenu indifférent. Celle-ci se distingue du
désir d’engendrer un enfant pour laisser une trace, « régler sa propre
dette vis-à-vis de ses parents » ; d’où les questions concernant la
procréation médicalement assistée ou la gestation pour autrui.
«Aujourd’hui, faire
famille ne passe pas nécessairement pas la procréation naturelle»
Caroline Mécary pense que les discours concernant la GPA
sont paternalistes.
« On veut contrôler ce que les femmes font de leurs corps.
Mais les politiques de prohibition créent toujours des pratiques à la marge,
dans des conditions problématiques».