Cette histoire de la lingerie féminine se tiendra jusqu’au 30 juin 2014.
Un visiteur a noté sur le livre d’or qui comporte quelques
jolis dessins :
«Ça change de la
métallurgie ! »
Nous passons de la confection des trousseaux qui débutait à
l’intérieur des familles dès les premières règles, au métier de celles qui
poussaient l’aiguille d’une façon artisanale avant que cela ne devienne un
travail. Au début il n’y avait rien, la
culotte a d’abord été masculine et il s’agissait « de pisser droit ».
Les fillettes ne faisaient pas que suivre leurs mères au bord des lavoirs pour
regarder, il leur fallait frotter.
Une chemise de nuit
provenant de Beaurepaire a été reprisée par trois générations, et la
minutie, la délicatesse des linges marqués est émouvante comme sont intimidants
les corsets qui charment l’œil mais occasionnèrent des traumatismes.
Le labeur des ouvrières de Lou, de Valisère, entreprises qui
connurent un rayonnement international était rude : les payes à la pièce
étaient modiques, les cadences infernales, mais il y avait de la fierté et des occasions
pour s’émanciper.
L’intérêt de cette présentation agréable est de nous
rappeler l’histoire de vêtements par définition peu exposés qui signent la
libération de la femme à mesure que la surface de tissus diminue et aussi
l’évolution des ouvrières devenues des opératrices avant de perdre leurs
emplois sous la logique de la mondialisation.
Jusqu’à "Playtex
maintient vos seins mais pas nos emplois."
C’était à la
Tour du Pin en 2010, le dernier témoin d’une industrie
florissante depuis Paturle en 1880 à Saint Laurent du Pont sur le créneau des baleines
de corset.
Linge de corps, chemise américaine, caraco, balconnet,
guipure, guêpières, faux-cul, boléro, push
up, boute en train, rubans, satin, cœur croisé, Viscose mais pas de string.
Nous ne sommes pas étouffés sous les dentelles, le parcours
est aéré : les publicités peintes sont charmantes, et les calicots des
ouvrières de Valisère en lutte ont leurs slogans bien cousus. Quand une photographe qui se surnomme
Hyppolite demande à des femmes de montrer leur culotte, le résultat m’a semblé
plus amusant que troublant. L’intimité sous les éclairages des cimaises se
refroidit, mais à nouveau le Musée Dauphinois montre qu’ « il en a
dans la culotte » sans être jamais
« à côté de ses pompes ».
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