Pour le premier samedi des soldes, la rue qui conduit au musée
des Beaux- Arts est noire de monde,
un monde habillé de noir. Dans le jardin, une mariée noire passe dans sa robe
blanche.
Nous nous rendons chez
Soulages, le maître du noir qui expose 26 de ses dernières toiles
jusqu’à la fin janvier. Les spectateurs s’y pressent.
« J’aime
l’autorité du noir. C’est une couleur qui ne transige pas. Une couleur violente
mais qui incite pourtant à l’intériorisation. A la fois couleur et non-couleur.
Quand la lumière s’y reflète, il la transforme, la transmute. Il ouvre un champ
mental qui lui est propre. »
J’ai beau savoir que ce n’est pas du noir mais de la lumière
que peint celui qui peut être considéré comme un sculpteur, j’ai été surpris en
regardant mes photographies cadrées en toute liberté. Certaines sont carrément
de couleur argentées voire blanches.
Hors du viseur, nous jouons avec les reflets, les textures,
les rythmes, mais la mère des couleurs domine notre vision noire. La
notification des formats constitue le titre des tableaux.
L’un des plus célèbres peintres contemporains a 93 ans.
A 90 ans il a présenté 90 toiles à Beaubourg, et bientôt va
s’ouvrir un Musée qui lui sera entièrement consacré à Rodez sa ville natale. Son
atelier est à Sète.
Si j’avais préféré son accrochage de Montpellier sous une
lumière naturelle, dans un espace plus aéré,
avec des œuvres tenues par des filins, cette recherche de toute une vie
où il a posé désormais le mot « outrenoir », est impressionnante.
Des
touches de blanc de chez blanc sont présentes. La
variété des surfaces juxtaposées prend encore de l’ampleur. Les toiles à la
matière épaisse sont scarifiées avec des instruments de maçon ou de pâtissier,
des bâtons. Il utilise l’acrylique, mais des œuvres acquises par le musée
témoignent que le brou de noix, et le goudron sont aussi des matières avec
lesquelles il a travaillé.