« Au moment de
proposer aux élèves un précepte, une maxime quelconque, demandez-vous vous s'il
se trouve à votre connaissance un seul honnête homme qui puisse être froissé de
ce que vous allez dire. Demandez-vous si un père de famille, je dis un seul,
présent à votre classe et vous écoutant, pourrait de bonne foi refuser son
assentiment à ce qu'il vous entendrait dire. Si oui, abstenez-vous de la dire,
sinon dites-le hardiment. Vous ne toucherez jamais avec trop de scrupule à
cette chose délicate et sacrée qu'est la conscience de l'enfant. »
Jules Ferry dans une lettre aux instituteurs.
Les querelles d’aujourd’hui autour du positionnement de
l’enseignement catholique - tiens, on ne dit plus enseignement
« libre »- dans le débat concernant le mariage pour tous ne sont pas
toujours de ce niveau.
Et devant les hypocrisies d’un Wauquiez jouant les vierges
effarouchées : « on veut
culpabiliser les catholiques », et tous ces religieux qui « se
tiennent par les couilles » car pour le sexe, ils sont à la queue leu leu,
la verdeur me monte. Je ne peux m’empêcher de récidiver : « ça bouffe du bon dieu, ça chie le
diable ».
La neutralité n’existe pas : le moindre sapin de
Noël est un engagement.
Quand Prévert est au menu de la classe, quand au moment des
entretiens du matin viennent des sujets d’actualité, quand Napoléon prend le
pouvoir, quand la chèvre de monsieur Seguin se bat : chacun peut
reconnaître que « tout est politique » comme dit tout ancien tuitard.
Le précepte de Ferry Jules, j’ai essayé de l’appliquer et je
désapprouve trop la grossièreté de certains qui prennent leur estrade pour une
tribune vis-à-vis d’un public captif afin de délivrer des leçons qu’ils ne
peuvent plus dispenser tant leurs salles de réunions, au soir, sont désertes.
Les églises sonnent le vide. La chaire est faible.
Faire porter des pancartes à des enfants est une pratique de
plus en plus répandue, elle n’en est pas moins contestable même si l’efficacité
médiatique en est augmentée. Mais qui n’a jamais péché ?
A un âge qui me donne du temps pour couper les phrases en
quatre, je n’ai pas de position arrêtée sur la PMA, par contre sur le non
cumul, si ! Alors un collégien qui ne sait pas vers où s’orienter l’an prochain, peut-il
envisager toutes les dimensions anthropologiques de l’évolution des mœurs dans
notre Europe ? Avoir deux mamans vaut mieux qu’une mono parentale.
L’incertitude ne peut être un dogme, mais je sais aussi que
les vérités venues d’en haut titillent heureusement les contradicteurs. Les
anticléricaux les plus radicaux ont connu parfois les cléricaux de près.
S’exprimer pour lutter contre des préjugés est un devoir
civique, ce n’est pas une opinion équivalente à son contraire : attiser
les clivages.
Aucune nuance, tout serait égal : Copé en est la caricature décomplexée, lui qui disait que
l’extrême droite et le Front de Gauche c’est pareil.
L’épiscopat n’est pas légitime quand il s’occupe de mariage
civil, par contre à mes yeux, c’est le
travail de la ministre de la condition féminine Valaud Belkacem de s’exprimer
pour défendre les homosexuels.
Il faut bien que notre société soit si peu sûre de ses
valeurs pour qu’elle se donne des illusions démocratiques en faisant porter la
chicane dans les enceintes scolaires alors que ceux qui apparaissent aux lucarnes
n’élèvent pas forcément le niveau.
Il y a des nuances entre
informer et débattre.
Un éducateur ne doit éluder aucun sujet, mais c’est d’une
démagogie à vous décourager de devenir un citoyen responsable que de donner
l’illusion à nos prescripteurs en phones qu’ils vont délibérer, alors que nos
élus seraient aphones.
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Dans le Canard de cette semaine: