La lumineuse Bérénice Bejo constitue le principal attrait dans ce mélo second degré censé rendre hommage aux années du cinéma muet.
Quelques gags viennent ponctuer ce qui aurait pu constituer seulement un de ces courts métrages peu avares en grimaces.
Un homme, vedette gominée du cinéma muet, déchoit, une fraîche étoile montante prend pitié du gommeux.
Le chien est amusant.
Quand le cinéma se regarde dans un miroir, la vie peut entrer parfois et faire palpiter le spectacle, ici le destin des personnages est schématique, les sentiments caricaturaux.
La bonne fortune critique du film me laisse muet.
lundi 7 novembre 2011
dimanche 6 novembre 2011
Clerc, le Forestier, Souchon : conversation à trois.
La rencontre de 1969 entre Brel, Brassens, Ferré sur RTL s’est rejouée sous l’égide du Nouvel Obs cette semaine sur France Inter.
Les rares commentaires sur le net disent de se garder de toute comparaison, pourtant les trois chanteurs actuels sont des personnages considérables bien qu’ils apparaissent pendant l’émission comme adossés à la montagne de leurs ancêtres.
Les temps ont changé, oui.
Les grands maîtres tutélaires étaient tous trois auteurs compositeurs, ce qui n’est pas le cas de Julien Clerc qui se garde de tout engagement comme d’ailleurs ses deux compères que je connus plus politiques.
Quand il chantait « que peut une chanson quand elle est désarmée ? » c’était du Roda Gill, et désormais Le Forestier peut se vanter d’adhérer pour la première fois à un syndicat : celui des apiculteurs.
Ils sont badins et consensuels les sexagénaires : quand ils parlent de Dieu, c’est pour regretter les cantiques en latin. Où l’on apprend aussi que Souchon n’a pas de portable. Les gueulards de jadis s’appuyaient parfois sur Hugo, Aragon, Verlaine ; Le Forestier lui a remis pied à l’étrier en chantant Brassens. Souchon est très bon quand il chante : « le temps ne fait rien à l’affaire : quand on est con on est con… » Cet air venant de temps plus audacieux, m’a paru plus délicieux que le gentillet « Le jour et la nuit » qui ne va pas manquer de ravir tous ceux qui rabâchent que l’école ennuie.
Pourtant au cours de leur causerie, ils ont fait valoir l’importance du travail.
« Il faut qu’on ait l’air de branleurs ! Que le travail ne se voie pas. C’est ce qui est plaisant, mais c’est le plus difficile à faire »
J’avais « pot de casté », comme dirait Philippe Meyer, l’émission de 1h 30 qui comportait des extraits de l’émission mythique dans laquelle les affirmations se voulaient plus définitives; Brel parlait de l’Homme. Les intermèdes musicaux étaient forcément de qualité mais les bavardages d’Alain et Julien étaient quand même bien anodins et Maxime fut bien silencieux.
Les rares commentaires sur le net disent de se garder de toute comparaison, pourtant les trois chanteurs actuels sont des personnages considérables bien qu’ils apparaissent pendant l’émission comme adossés à la montagne de leurs ancêtres.
Les temps ont changé, oui.
Les grands maîtres tutélaires étaient tous trois auteurs compositeurs, ce qui n’est pas le cas de Julien Clerc qui se garde de tout engagement comme d’ailleurs ses deux compères que je connus plus politiques.
Quand il chantait « que peut une chanson quand elle est désarmée ? » c’était du Roda Gill, et désormais Le Forestier peut se vanter d’adhérer pour la première fois à un syndicat : celui des apiculteurs.
Ils sont badins et consensuels les sexagénaires : quand ils parlent de Dieu, c’est pour regretter les cantiques en latin. Où l’on apprend aussi que Souchon n’a pas de portable. Les gueulards de jadis s’appuyaient parfois sur Hugo, Aragon, Verlaine ; Le Forestier lui a remis pied à l’étrier en chantant Brassens. Souchon est très bon quand il chante : « le temps ne fait rien à l’affaire : quand on est con on est con… » Cet air venant de temps plus audacieux, m’a paru plus délicieux que le gentillet « Le jour et la nuit » qui ne va pas manquer de ravir tous ceux qui rabâchent que l’école ennuie.
Pourtant au cours de leur causerie, ils ont fait valoir l’importance du travail.
« Il faut qu’on ait l’air de branleurs ! Que le travail ne se voie pas. C’est ce qui est plaisant, mais c’est le plus difficile à faire »
J’avais « pot de casté », comme dirait Philippe Meyer, l’émission de 1h 30 qui comportait des extraits de l’émission mythique dans laquelle les affirmations se voulaient plus définitives; Brel parlait de l’Homme. Les intermèdes musicaux étaient forcément de qualité mais les bavardages d’Alain et Julien étaient quand même bien anodins et Maxime fut bien silencieux.
samedi 5 novembre 2011
Et si l’amour durait. Alain Finkielkraut.
Dans la lignée d’ « Un cœur intelligent », la belle voix du samedi matin nous fait partager ses lectures de madame De La Fayette, de Roth, Kundera et Bergman.
« Ce qui humanise les hommes, ce n’est pas seulement la domestication de la bête, c’est aussi la lutte avec l’ange. Il arrive que la sincérité soit une forme de vandalisme et il faut parfois pour bien agir ne pas universaliser la maxime de son action »
De quoi se nourrir.
J’avais jadis préféré San Antonio à la princesse de Clèves. Au-delà de la grossièreté présidentielle qui la remit à la mode, le philosophe inquiet approfondit à travers elle, l’énigme du renoncement.
Cette promenade dans les livres s’ouvre par les subtilités au temps de Marivaux et se clôt par Kundera que j’avais dévoré dans les appétissantes années 70. Il m’a parut avec mes yeux d’aujourd’hui, bien désenchanté. La légèreté de l’être était donc bien insoutenable.
Vibrant le professeur s’adresse à ses élèves comme Roth « Professeur de désir » :
« … il est émouvant de vous entendre parler avec autant de sérieux et de réflexion de solitude, maladie, désirs, regrets, souffrance, illusion, espoir, passion, amour, terreur, corruption, calamité, mort.. »
Moments rares et délicieux, ces 150 pages passent comme passent les roses.
« Ce qui humanise les hommes, ce n’est pas seulement la domestication de la bête, c’est aussi la lutte avec l’ange. Il arrive que la sincérité soit une forme de vandalisme et il faut parfois pour bien agir ne pas universaliser la maxime de son action »
De quoi se nourrir.
J’avais jadis préféré San Antonio à la princesse de Clèves. Au-delà de la grossièreté présidentielle qui la remit à la mode, le philosophe inquiet approfondit à travers elle, l’énigme du renoncement.
Cette promenade dans les livres s’ouvre par les subtilités au temps de Marivaux et se clôt par Kundera que j’avais dévoré dans les appétissantes années 70. Il m’a parut avec mes yeux d’aujourd’hui, bien désenchanté. La légèreté de l’être était donc bien insoutenable.
Vibrant le professeur s’adresse à ses élèves comme Roth « Professeur de désir » :
« … il est émouvant de vous entendre parler avec autant de sérieux et de réflexion de solitude, maladie, désirs, regrets, souffrance, illusion, espoir, passion, amour, terreur, corruption, calamité, mort.. »
Moments rares et délicieux, ces 150 pages passent comme passent les roses.
vendredi 4 novembre 2011
La terre.
Dans le numéro 1 du semestriel de photos « 6 mois » parmi 320 pages captivantes, le photographe Lary Powell, après quelques images de son album de famille bucolique, se souvient de maisons vidées par l’exode rural : « c’est la terre qui fait des gens ce qu’ils sont ».
Alors des petites phrases du brouhaha récent viennent s’entrechoquer avec des mouvements plus lents. Prenez le mot « terre » et immédiatement vous êtes casés dans la caisse pétainiste où pour l’éternité celle-ci « ne ment pas ».
Pourtant cette police de la pensée pourra un autre jour appeler à adorer Gaïa, la déesse de la Terre, et s’incliner devant ses colères qui ramènent l’homme à l’état de fétu.
Les Palestiniens à l’étroit sur leur territoire ne laissent personne indifférent, les liens de nombreuses tribus avec leurs racines décorent agréablement nos livres d’images et depuis nos bacs de terreau, sur nos balcons, nous nous ne cessons de jouer avec le sable; la pelouse entre les rails du tram est également bien mignonne. L’humus qui se glissait sous les ongles, quand la pomme était en terre, n’encrasse même plus nos numériques épidermes. Des percherons tirant une Brabant n’ont laissé dans leur sillage que des mots sonnant le glas. Désormais dans les Terres Froides, quelques panneaux signalent des musées, les enfants se réfugient dans des voitures, la main qui jetait le grain à la volée n’a plus que cal.
Alors des petites phrases du brouhaha récent viennent s’entrechoquer avec des mouvements plus lents. Prenez le mot « terre » et immédiatement vous êtes casés dans la caisse pétainiste où pour l’éternité celle-ci « ne ment pas ».
Pourtant cette police de la pensée pourra un autre jour appeler à adorer Gaïa, la déesse de la Terre, et s’incliner devant ses colères qui ramènent l’homme à l’état de fétu.
Les Palestiniens à l’étroit sur leur territoire ne laissent personne indifférent, les liens de nombreuses tribus avec leurs racines décorent agréablement nos livres d’images et depuis nos bacs de terreau, sur nos balcons, nous nous ne cessons de jouer avec le sable; la pelouse entre les rails du tram est également bien mignonne. L’humus qui se glissait sous les ongles, quand la pomme était en terre, n’encrasse même plus nos numériques épidermes. Des percherons tirant une Brabant n’ont laissé dans leur sillage que des mots sonnant le glas. Désormais dans les Terres Froides, quelques panneaux signalent des musées, les enfants se réfugient dans des voitures, la main qui jetait le grain à la volée n’a plus que cal.
jeudi 3 novembre 2011
Another country. Rip Hopkins.
Quand les photographies posées recèlent plus de vérité que celles qui sont volées, c’est que le photographe est bon.
Le sujet se prête bien à l’exercice : les Anglais en Dordogne.
La petite note biographique proposée en fin d’album concernant les 68 portraits apporte de l’humanité à ce qui n’aurait pu n’être qu’un exercice de style où ne manquent pas les touches d’originalité, d’excentricité.
Les Boyd-Carpenters sont venus du Hertfordshire en 1990. Jenny (73 ans ) est brodeuse liturgique, chargée des chasubles de l’archevêque de Canterbury et Michael (77 ans) travaillait à la City avant de prendre sa retraite. Ils retourneraient éventuellement en Grande- Bretagne pour leurs très vieux jours.
La singularité est scrutée, l’identité questionnée. Les destins de ceux qui s’installent en France sont divers. Vont-ils rester ? Poursuivre leur quête ailleurs, revenir en Grande Bretagne ?
Prises en hiver, loin des clichés de la France éternelle qui auraient pu orner les ferries comme jadis les images de beaux villages agrémentaient les compartiments de la compagnie des wagons lits, ces images aux couleurs douces n’en ont que plus de force.
L’auteur, lui-même habitant en Belgique, craint un jour avoir envie de retourner en Angleterre, mais son propos va bien au-delà de sa biographie, même si elle lui donne force et légitimité.
Ses autres travaux sur les déplacés en Europe ou avec MSF, secouent nos représentations de la mondialisation.
Le sujet se prête bien à l’exercice : les Anglais en Dordogne.
La petite note biographique proposée en fin d’album concernant les 68 portraits apporte de l’humanité à ce qui n’aurait pu n’être qu’un exercice de style où ne manquent pas les touches d’originalité, d’excentricité.
Les Boyd-Carpenters sont venus du Hertfordshire en 1990. Jenny (73 ans ) est brodeuse liturgique, chargée des chasubles de l’archevêque de Canterbury et Michael (77 ans) travaillait à la City avant de prendre sa retraite. Ils retourneraient éventuellement en Grande- Bretagne pour leurs très vieux jours.
La singularité est scrutée, l’identité questionnée. Les destins de ceux qui s’installent en France sont divers. Vont-ils rester ? Poursuivre leur quête ailleurs, revenir en Grande Bretagne ?
Prises en hiver, loin des clichés de la France éternelle qui auraient pu orner les ferries comme jadis les images de beaux villages agrémentaient les compartiments de la compagnie des wagons lits, ces images aux couleurs douces n’en ont que plus de force.
L’auteur, lui-même habitant en Belgique, craint un jour avoir envie de retourner en Angleterre, mais son propos va bien au-delà de sa biographie, même si elle lui donne force et légitimité.
Ses autres travaux sur les déplacés en Europe ou avec MSF, secouent nos représentations de la mondialisation.
mercredi 2 novembre 2011
Lisbonne # J4. Belem. Restauradores.
Le camion poubelle a officié à plus de minuit.
Nous quittons le logement vers les 9 h du matin sous un ciel au départ bleu/blanc puis soudainement tristement noir. Nous dirigeons nos pas vers le miradouro de San Pedro de Alcantara.
Le point de vue sur la ville est précisé sur une table d’orientation en azulejos évidemment.
Nous continuons jusqu’à l’église Sao Roque et descendons les escaliers vers la place « Praça D. Pedro IV » joli coin typique qu’il vaut mieux aborder par la descente que par la montée. Cette place centrale formidablement plate est un rendez-vous idéal tant sur le plan politique puisque la révolution des œillets s’exprima ici, que sur le plan touristique, idéale pour garer les cars. Nous pénétrons juste pour le plaisir des yeux dans une pasteleria célèbre sur la place mitoyenne « Confeitaria national » Praça do Figueria d’un style rococo art déco délicieux. Nous ne consommons pas et repartons vers la rue Magdalena. Le quartier subit des rénovations d’immeubles. Nous achetons des cartes postales sympas dans une boutique assez branchée quoique simple puis cherchons la boutique « Santos officios » au 87, recommandée par Le Routard « qui adore » ce magasin achalandé par des artistes populaires de tout le Portugal. Nous y achetons moult objets animaliers, plats et métalliques originaires du nord. La vendeuse prend le temps de certifier l’origine et le créateur pour chaque achat effectué. C’est à la sortie de ce magasin que J. s’aperçoit du vol de son porte-monnaie, suite à une légère bousculade avec un homme qu’elle a bien remarqué qui s’est excusé en français avant de s’engouffrer dans une voiture stoppée au bord de la rue. Nous faisons rapidement et facilement opposition dans la boutique sus nommée et continuons, soulagés, notre périple vers la place du commerce. Nous y trouvons l’office du tourisme qui nous fournit en plan de la ville et plan de bus réclamant une vision au dessus de la moyenne pour décrypter les numéros des bus sans informer sur le nom des rues ! Nous rechargeons nos cartes de transports dans la station de métro pour quatre jours supplémentaires puis nous nous posons au milieu de la rue Augusta à la terrasse de la Casa Brasiliera au 267. Notre repas se compose de beignets divers et fourrés différemment, arrosés de bière.
D’un coup de tram 15E, nous retrouvons le chemin jusqu’au monastère Sao Jeronimos aujourd’hui ouvert.
Le style des colonnes de l’église et les nervures des voûtes est vraiment particulier. 7€ l’entrée, même tarif pour les plus de 65 ans… Le cloître est magnifique sur deux étages, vu nulle part ailleurs, taillé dans une pierre claire allant du blanc au blond. La richesse des motifs renaissance et leur inspiration fait penser aux grotesques, peintures de cette époque vues au cours d’un voyage à Rome. Toutes les colonnettes offrent des décorations différentes, florales et végétales géométriques, nœuds et cordages… les gargouilles et les médaillons, les portraits s’éloignent de l’esprit religieux. Au dessus de nos têtes, les mouettes rieuses s’imposent par leur chant sonore en vagues successives. Au 2° étage, nous pouvons accéder à la tribune de l’église, permettant une vision différente de cette architecture si particulière.
Nous observons à la sortie, le portail de la façade sud, richement décoré en comparaison des murs nus. Il faudra relire « Lisbonne insolite » pour comprendre les références à la cabale qui ne nous sont pas familières.
Le soleil a gagné sur les nuages mais le vent froid s’est levé pour nous tenir compagnie sur le chemin de la tour de Belem que nous empruntons à pied.
Monument typique de Lisbonne, elle fut édifiée en 1515 sous le roi Manuel au milieu du fleuve mais avec le grand tremblement de terre, elle s’est retrouvée intacte poussée sur la rive du Tage, les pieds dans l’eau. Tour carrée avec une avancée dans l’eau, elle nous paraît petite. Pourtant quand on gravit l’escalier à vis étroit qui conduit au sommet, nous nous rendons compte de sa hauteur importante et notre regard se porte loin sur la ville et sur l’embouchure du fleuve. Les tourelles d’angle sont coiffées d’une façon rigolote par un toit en tranches d’orange surmonté de trois boules.
A l’intérieur de ces lieux de surveillance abrités, deux sièges en vis-à-vis de hauteur différentes ont été taillés dans la pierre pour regarder par la fenêtre. Les créneaux sont taillés dans la manière arabe. Les salles carrées sont équipées de cheminées. Quant au sous sol difficile de s’y tenir debout sous les voûtes dans l’air vicié de moisi et d’humidité.
Nous longeons le Tage pour regagner l’arrêt de bus près du monastère. Le bus 727 nous conduit presque jusqu’à la maison, nous descendons à l’assemblée nationale juste derrière la place aux fleurs. Nous organisons notre petite soirée.
mardi 1 novembre 2011
Cinq Mille kilomètres par seconde. Manuele Fior.
Une belle liasse d’aquarelles dont la manière convient bien à l’histoire ces adolescents prolongés qui nous conduisent d’Italie en Norvège, en Egypte. Petites notations où le décor ne submerge pas un scénario indolent et subtil. La mélancolie accompagne des destins fragiles, tremblants, qui se sont laissé aller au fil du temps, se consolant au téléphone portable. Une vision contemporaine des trentenaires. Fauve d’or à Angoulême; c’est toujours délicieux, quand le thème éternel de l’amour est traité d’une façon nouvelle.
Inscription à :
Articles (Atom)