« Najat, si tu
savais ta réforme, ta réforme, ta réforme, où on se la met ! »
La charmante prenant la suite d’une série de ministres
oubliables.
Et « Motivé ! » de Zebda à la sono
faisait comme un cruel contrepoint qui aurait ignoré le temps.
Les profs opposés à la réforme du collège ont rejoint la
manif fonction publique concernant le pouvoir d’achat, et les médias n’ont bien voulu retenir que les réclamations
concernant le point d’indice et les pneus brûlés des taxis du matin. Il a été
aussi question de la galère pour faire garder ses enfants. Les journalistes
s’aperçoivent lors des grèves de l’utilité de l’école en tant que garderie, car
pour ce qui est de la mission éducative : l’école leur parait
essentiellement stressante. Et les opposants à la réforme du collège : des
passéistes, coincés de droite, c’est Libé qui l’a dit.
Face à ce conformisme médiatique qui a perfusé jusque dans
les rangs des personnels qui ne se sentent pas forcément concernés, voire des
grévistes montés au ski, j’ai mis en ouverture de ce texte, le panneau qu’avait
confectionné une manifestante.
Travail personnel appliqué qui se développait sur deux
faces, pas siglé, pour lequel je crains qu’il ait été peu lu : l’ampleur
de la déception, du malentendu, ne tenant pas en une sentence.
Mais la forme de cette protestation, inadaptée à nos temps
laconiques, marque bien la distance entre ceux qui défendent une école où les
mots seraient choisis et les petits marquis tweeteurs des ministères et leur
presse à eux attachés.
Face aux désarrois des établissements publics en banlieue,
qui pourraient recevoir des propositions nouvelles de réforme d’une façon
favorable, les réponses ne sont guère plus enthousiastes à ce qu’on peut en
savoir, la mode n’étant pas au débat éducatif, ni à de dépressives incursions
dans ce qui apparait comme des « territoires perdus de la
république » : un surveillant, pardon, un aide éducateur de collège
public :
« Dis Mouloud on
ne t’a pas vu à la mosquée hier au soir » (« Marianne »,
l’hebdomadaire)
Une amie des temps expérimentaux qui consacra des temps de
soutien gratos aux élèves en difficulté et force réunions de coordination entre
profs divers, pourrait-elle recevoir ces élèves car aujourd’hui il s’agit de ne
pas stigmatiser ? Tout est hystérisé: la déchéance de nationalité qui
toucherait quelques individus qui font la guerre à leur pays, la note, la
couleur rouge, la moindre remontrance, voire le moindre apprentissage, le
moindre travail, la moindre page, sans parler de l’orientation : tous
chômeurs et bac pour tous. Qui veut devenir prof ? La société est bien
plus malade qu’on le croit, qui ne sait répondre que par les sous.
Jaime Semprun :
« Quand
le citoyen-écologiste prétend poser la question la plus dérangeante en
demandant : « Quel monde allons-nous laisser à nos
enfants ? », il évite de poser cette autre question, réellement
inquiétante : « À quels enfants allons-nous laisser le
monde ? ».
………..
Dessin
de Pessin sur le site de Slate :