samedi 6 décembre 2025

Comme un empire dans un empire. Alice Zeniter.

Encore un titre qui ne dit pas grand-chose ou trop, bien que les 445 pages qui suivent s’avèrent copieuses, comme pour illustrer l’ambition de Robert Capa à propos duquel un des deux personnages principaux essaye, en vain, d’écrire un livre. 
« Si la photo n'est pas bonne, c'est que tu n'es pas assez près ». 
Les paysages familiers se succèdent : ZAD, « Nuits debout », « Gilets jaunes ». 
«  ça ne ressemblait à rien, les signes qu’ils s’étaient choisis, les gilets jaunes, les ronds points c‘était épars, c’était moche et ça ne voulait rien dire à part ça, exactement ça : l’absence de forme. »
Dans le foisonnement des réflexions, parfois non-conformes, autour de l’engagement en politique, un dispositif narratif élémentaire met en scène avec une certaine finesse psychologique :
- l’un en « dehors », Antoine, assistant d’un député socialiste. 
« Et maintenant... nous régnons sur des miettes et elles continuent pourtant à exploser.
Quatre socialistes, six opinions, n'est-ce pas ? »
« Je ne participerai pas à la ronde de grimaces dans laquelle s'engagent les élus qui veulent prétendre qu'ils ne sont pas hors-sol. Je suis hors-sol. »
 - et L, hackeuse, au « dedans » vivant parmi les « haters », les « backstallers », les « concerned », les « griefers », les « crybabies », les religieux, les pervers, les « grammar nazis », les « shitposters »...
« Des adolescents qui savaient qu’ils n’avaient aucune chance de devenir quoi que ce soit dans la viandosphère, mais qui, sur Internet, regagnaient un pouvoir dont ils étaient privés. »
En ces temps paranoïaques, les deux dépressifs finissent par se croiser.
Parfaitement documentée, l’écriture appliquée, m’a semblé parfois laborieuse, assez loin, à mon avis, de la découverte heureuse que fut « L’art de perdre » 

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