Parmi les antiennes des collègues de mon âge, le constat de la
rapidité de la fuite du temps vient aggraver d’autres délitements.
En surface nous éprouvons ce que notre environnement subit
et craignons tout ce que nous avons généré et qui nous dépasse :
l’intelligence passe chez les robots, l’imbécillité se développe dans le déni
de l’urgence climatique, des réalités budgétaires, des tensions commerciales et
militaires.
Bien que la mise en valeur d’arguments contre-intuitifs
devienne tendance, j’en resterais à l’esprit de contradiction pour voir l’IA
comme rempart au populisme, dans la croyance que la science gagne toujours à la
fin, comme l'équipe à Dédé.
Bien d’autres ont brodé à propos de notre vulnérabilité en
tant qu’Européen, pensant que cette prise de conscience ferait notre charme,
bien qu’elle regonfle les muscles des maîtres illibéraux d’un monde immonde.
Notre régression démographique atteste la dépression d’une
civilisation.
Les bouleversements tenant dans l’espace d’une génération, nous poussent à l’autodénigrement et accentuent des
mouvements plus lents qui travaillent le corps social.
Les populistes à la
Bardelenchon peu encombrés de soucis de gouvernance au quotidien ni de
scrupules envers ceux qui ne partagent pas leurs idées, carburent à la haine,
exacerbent les particularismes au détriment du commun.
Les nationalistes les plus virulents sont financés par
l’étranger intervenant directement dans les processus électoraux depuis les
usines à trolls poutinesques ou sous pressions trumpistes au-delà de l’Amérique
latine.
Face à ces ébranlements que le moindre pilier du bistrot
numérique peut ressentir, on pourrait souhaiter que les investissements aillent
vers une protection de nos mômes et de nos machines intelligentes, mais de sous,
y a plus bezef. Les réparations des manques du passé empêchent les financements
d’avenir par une puissance publique bien mal nommée.
Comme il ne faut point fâcher les retraités, les ressources
pour accompagner la mutation climatique ne viendront pas : « grille,
baby, grille ! »
Nos maux collectifs se déclinent au cas par cas chez nos
médecins généralistes dispatcheurs de spécialistes dont les savoirs spécifiques
renvoient vers d’autres errances médicales plus intuitives. Quand l’ostéopathe
devient le recours pour traiter la globalité de l’être, il est bien tentant de
voir le surgissement d’un « théos » (Dieu) des articulations
douloureuses.
Des guérisseurs, d’autres diraient charlatans ne cessent de
désigner le Macron comme cause de tous les maux comme dans une comédie
où le poumon était incriminé à tous coups mais ne savent révéler la
composition de leurs remèdes.
« Les médecins
laissent mourir, les charlatans tuent. »
La Bruyère.
Comme mon vieux copain d’école primaire dont on mouline la
nourriture dans son EHPAD, je touille les métaphores entre médecine et
politique n’étant plus en mesure de m’extraire d’un constat navrant d’une
Europe qui regarde ailleurs alors qu’elle est désignée comme l’ennemie par
Vladimir et Donald nommés ainsi que des personnages d’un distrayant film
d’animation.
Nous n’arrivons pas à penser et l’impensable s’annonce quand
sont abandonnées les valeurs de laïcité, de sécurité, de travail, de
responsabilité, comme il est pourtant répété de bien des côtés.

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