mercredi 3 décembre 2025

Fernand Léger. Eric Mathieu.

Le conférencier venu du Québec ouvre le cycle consacré aux collections permanentes du musée de Grenoble avec « La danse » de Fernand Léger qui fréquenta l’école d’architecture de Caen. Exposé aux Etats-Unis dès 1925, il devra attendre l’après guerre pour une reconnaissance française.
 
 
Né comme Picasso en 1881, au moment où l’impressionnisme est à son apogée, 
il commencera par peindre dans ce style avant de détruire la plupart de ses toiles. 
« Les fortifications d’Ajaccio » avaient semblé tellement exotiques au jeune normand.
Il découvre les chercheurs de formes, Braque, Picasso, fréquente les « cubistes des Salons » comme Gleize marqués eux aussi par Cézanne, explorateur de « la géologie de la montagne Sainte Victoire » et les futuristes italiens faisant dialoguer le visible et l’invisible. 
https://blog-de-guy.blogspot.com/2014/10/le-futurisme.html
« Nus dans la forêt »
, toile qualifiée de « tubiste », garde du relief dans un espace géométrisé.
Dès le moyen âge, les carnets du constructeur de cathédrale Villard de Honnecourt  avaient montré  les rapports de la figure humaine à la géométrie.
Il privilégie les couleurs dans l’abstraite « Dame en bleu »
et leur donne une personnalité dans « La fumée » 
au dessus de la ville vue comme une machine.
L’effervescent « 14 juillet 1914 » précède de peu sa mobilisation dans l’armée où après un travail dans le camouflage, il devient brancardier.
 
« Il n’y a pas plus cubiste qu’une guerre comme celle-là qui te divise plus ou moins proprement un bonhomme en plusieurs morceaux et qui l’envoie aux quatre points cardinaux …»
« La partie de cartes »
. 
« La culasse d'un canon de 75 ouverte en plein soleil m'en a plus appris que tous les musées. »
« Soldat à la pipe »
.
En 1919, il célèbre « La ville »
et « Le mécanicien ».
« Le grand remorqueur »
condense un paysage qui défile comme au cinéma.
« Les Disques »
mettent en action le milieu urbain. 
A la façon des publicitaires
« Le siphon » s’inscrit dans une modernité 
décrite Baudelaire:  
« La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art,
dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable. »
Fernand léger
réintègre de l’humain à l’intérieur des habitats dans « Le Grand déjeuner».
Il travaille avec Mallet Stevens, Le Corbusier
https://blog-de-guy.blogspot.com/2011/11/plateau-dassy-leglise.html  
« La Joconde aux clefs » met tout sur le même plan.
Dans le monumental 
« Adam et Eve » inspiré des muralistes mexicains,  
le batelier français rencontre la libre américaine.
Dans les années 40, là bas aux États-Unis, 
il peint « Les acrobates en gris » .
 Il dit « Adieu New York » 
et revient en France en 1946.
Les couleurs existent par-dessus le dessin à la façon des panneaux éclairés dans la nuit, comme il avait peint « Les quatre cyclistes ».
« Les loisirs »
hommage explicite à David ( La mort de Marat) exaltent les congés payés dans une forme qui oppose le communiste à Aragon défendant le réalisme socialiste : 
 
« Je fais de la peinture, pas de la littérature descriptive »
L’homme libre, fidèle à la classe ouvrière, admirait aussi les gratte-ciels des milliardaires ; 
il fait appel la raison et ne méprise personne.
Il avait écouté les avis très réservés des employés de Renault à la cantine où était accroché   « Les constructeurs »,  mais s’est rassuré quand un gars lui dit :
 
« Vous allez voir […] quand on aura enlevé les toiles, quand ils auront le mur tout nu devant, 
 ils vont s’apercevoir ce que c’est que vos couleurs ». 
Il meurt en 1955.

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