Le catalogue des amis du musée de Grenoble avait été illustré
par « La petite mulâtresse »
de Matisse,
exposée au musée de Grenoble, pour inviter à la conférence où étaient célébrées
les couleurs, la chaleur du pays des Berbères (21% de la population) ou
Amazighs (hommes libres), Maures ou Numides... Barbares comme Barbara,
l’étrangère.Paul Bowles du « Thé au Sahara »
en quête de renouvellement a vécu 52 ans à Tanger où il reçut Truman Capote,
Tennessee
Williams, Allan Ginsberg, William Burroughs…Eugène Delacroix accompagne une mission
diplomatique commanditée par Louis Philippe pour s’assurer de la neutralité du « Sultan
Moulay Abderrahmane » après la conquête de l’Algérie en 1830. Il
remplira sept « Carnets de croquis » qui documentèrent ses
tableaux comme « Noces juives » à propos d’une communauté dont la présence au
Maroc est attestée dès le II° siècle avant J.C. auxquels s’ajoutent ceux qui
sont chassés d’Espagne avec les musulmans au moment de la Reconquista. Il y retrouve « l’Antiquité vivante » « Vue de Tanger » :
« Imagine
mon ami ce que c’est que de voir couchés au soleil, se promenant dans les rues,
raccommodant des savates, des personnages consulaires, des Caton,
des Brutus, auxquels il ne manque même pas
l’air dédaigneux que devaient avoir les maîtres du monde »…Il peut entrer dans un harem, pourtant « harām » (interdit) :
« Femmes
d'Alger dans leur appartement ». imité par Georges Clairin, « Entrer
dans le Harem », l’orientaliste, ethnographe avant
l’heure qui s’installe au Maroc, 35 ans après le romantique.
« Ruelle de Tanger ».Le chef de file des « Fauves », Matisse,
attend que cesse la pluie qui l’a accueilli à son arrivée, avant d’éprouver :
« l'indicible douceur du « quand ça vient tout seul » et
se réinventer. « Vue sur la baie de Tanger » : « explosion de la simplification ».
« Vue de la fenêtre de la chambre 35 de l’Hôtel de France » se
confronte à la lumière,« Le Rifain assis » exalte les couleurs. « La porte de la Kasbah » contracte dedans
et dehors.Ses odalisques niçoises se confondent avec le décor : « Odalisque
à la culotte rouge ».Le « Minaret à Tanger » de Charles Camoin figure aussi au Musée de Grenoble.Albert Marquet aime les surplombs et les
nuances de gris : « Le port de Rabat »« Le
Jeune Arabe » de Kees van Dongen vient de se vendre plus de 12
millions de dollars.Ses « Marocaines
au Cap Spartel » contrastent avec « La belle Fatima et sa troupe ».Raoul Dufy, en recherche lui aussi, dissocie ligne
et couleur, « Le café marocain ».« La villa atelier » de Jacques Majorelle, le fils de Louis, rachetée par
Yves Saint Laurent et Pierre Bergé est devenue un haut lieu de tourisme.
celui du musée parisien, il peint la « Kasbah
rouge» et au sud « Irounen, Grand Atlas».Le mot « clarté » ouvre « Le cahier »
sur lesquels le jeune Nicolas de Staël écrit et dessine « Dehors, une jeune femme arabe joue de
la flûte au son cassé, musique très simple, musique banale. Banale comme la
vie, comme la mort ».
Il reste un an et demi dans le pays qui le
fascine où il rencontre sa première femme.Après avoir détruit plusieurs de ses œuvres réalisées là
bas,
où son compagnon s’est suicidé, Francis Bacon ne sauvergarde que «
Le Pape ». « Paysage près de Malabata »
garde trace de la tragédie. Balthus y connut « La caserne ».
Près de 400 artistes se sont rendus dans le protectorat dont Degas,
Dali…Après tant de peintres voyageurs, le régional de l’étape, le
symboliste - abstrait,
Ahmed Cherkaoui propose « Le couronnement ».
« Les
Toits » de Mohamed Cherkaoui témoignent des ressources du
pays entre Méditerranée et Atlantique, Atlas et Sahara, au bout de l’Orient et
de l’Afrique,
à 14 km
de l’Europe.
« Lorsque je
découvris le Maroc, je compris que mon propre chromatisme était celui des
zelliges, des zouacs, des djellabas et des caftans. Les audaces qui sont depuis les
miennes, je les dois à ce pays, à la violence des accords, à l'insolence des
mélanges, à l'ardeur des inventions. Cette culture est devenue la mienne, mais
je ne me suis pas contenté de l'importer, je l'ai annexée, transformée,
adaptée. » Yves Saint Laurent.
A partir des tableaux de Matisse, je vois à l'oeuvre cette "explosion de la simplification", et cela ne me plaît pas... Aujourd'hui, où nous n'en sommes plus là, je vais me permettre de dire que je trouve un côté assez académique ? dans cette explosion de la simplification. Nous sommes colonisés à l'heure actuelle par cette poussée à la simplification, à réduire le monde à sa plus simple expression dans le domaine de l'art ou ailleurs. Ce ne serait pas des fois le résultat d'une grande paresse spirituelle et intellectuelle ? D'un besoin d'aller le plus rapidement possible en besogne ? C'est lassant. Et "académique". Et oui, maintenant les arroseurs sont arrosés à leur tour. Ainsi va le monde.
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