samedi 20 mai 2023

Mensonges au paradis. Colombe Schneck.

La journaliste revient sur ses vacances heureuses dans une maison d’enfants en Suisse, dont les enfants de ceux qui tenaient ce chalet, le « Home », ont mal vieilli.
Ses recherches autour de ces moments heureux, durs et tendres, ne débouchent pas sur des révélations de scandales mais nous interrogent, au-delà des problématiques littéraires, sur ce que l’on veut garder de nos souvenirs.
Le dernier mot de Deleuze cité au cours des remerciements au bout des 172 pages situe bien les enjeux : 
« Il faut beaucoup de mémoire pour repousser le passé » 
La vérité ne s’écrit pas en lettres majuscules, elle se cherche honnêtement, avec ses contradictions, sa complexité, ses causes et ses dénis, chacun s’arrange. 
« J'aime être crédule, me persuader que la solitude mène à l'amour, la pauvreté à la fortune, la destruction à la séparation. » 
L’écriture sincère, sensible, sans apprêt, permet de surmonter notre appréhension de découvrir au fil de la lecture, de noirs aveux. Ce retour vers l’enfance l’amène à revoir bien des tombes et à travers les mensonges attestés des autres, nuancer ses certitudes, relativiser ses engouements, distinguer, apprécier, se regarder en face. 
« Auschwitz était pour moi un gros mot, comme les mots du sexe, qui m’attiraient et me révulsaient à la foi.» 
Hommes et des femmes formateurs sont respectés sans que la lucidité soit abandonnée à une mièvre bienveillance. 
« Je me suis dressée, des muscles dans les jambes, des épaules pour impressionner, des poings fermés, des dents et des ongles dont je sais me servir, prête à rendre coup par coup, une géante, une tête d’acier, faut pas m’emmerder, je suis la fille du Home que rien n’arrête. »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire