mercredi 24 mai 2023

Limoges # 2

En retournant vers le quartier de la boucherie, nous réussissons quand même à boire un café dans un bar encore déserté, mais sans la douceur d’une quelconque viennoiserie. 
Nous patientons de cette manière en attendant l’heure de notre RDV pris hier à l’office du tourisme pour découvrir l’artisanat incontournable de Limoges dans une fabrique de porcelaine.
Sur réservation, la manufacture Bernardaud propose la visite guidée de ses ateliers avec des explications détaillées de la matière première au produit fini.
- Nous démarrons devant les matériaux de base exposés côte à côte : le kaolin (blanc) à 50%, le feldspath à 25% et le quartz à 25%, Ils subissent différents traitements, délayés dans de l’eau, broyés, mélangés, tamisés puis filtrés afin de former des galettes
- Trois techniques de fabrication interviennent ensuite, soit par moulage et coulage, soit par calibrage (avec un tour), soit par pressage isostatique (avec comme avantage pas de temps de séchage)
- Le temps de séchage varie de 12 à 24 heures et il faut compter un retrait de 3% de matière  par pièce.
- Après la 1ère cuisson, les pièces deviennent très poreuses  et donnent des porcelaines appelées biscuits.
Ou alors, elles partent à l’émaillage et connaissent une 2ème cuisson avec cette fois-ci un retrait de 10 à 12% : elles ressortent avec une transparence qui laisse filtrer la lumière même à travers une certaine épaisseur
- Le choisissage élimine les pièces défectueuses allant jusqu’à 25% de la production.
- Puis arrive le stade de la décoration, que ce soient des dessins, peintures, incrustations, reliefs par évidage ou travail à la feuille d’or.
Les arts picturaux et le luxe s’invitent dans cette étape au service de la créativité
- Enfin, nous nous tournons vers les fours mastodontes. Ils  constituent des outils essentiels dans cette activité. Ils fonctionnent  majoritairement à l’électricité, à l’exception d’un four  à gaz très long.
Tout aussi imposants nous apparaissent les chariots à enfourner.
- Après les explications, les résultats : la manufacture, renommée dans le monde, expose les créations commandées par des marques ou des lieux les plus prestigieux : nous pouvons admirer la vaisselle en service dans de grands  restaurants comme La Mamouna, l’hôtel Meurisse, le plazza Athénée, ou dans le mythique train Orient Express et Air France. Des noms de célèbres créateurs participent au design, des marques de luxe comme Guerlain travaillent et collaborent avec la fabrique.La fondation Bernardaud s’intéresse à l’avenir et répond volontiers à la demande des créateurs d’aujourd’hui, français ou étrangers.
Elle cherche constamment à progresser, dompter la matière et dominer les problèmes techniques en se soumettant aux exigences des artistes comme Koons  par exemple.Une exposition titrée « esprit libre »nous surprend dans sa diversité, sa virtuosité,  avec les œuvres :
  - de Christina Bothwell (« Birds, girls with boys ») aux transparences éthérées,
- de Séverine Gambier  (« Pavane et caracole ») et ses mosaïques de faïences
- Jessica Harrison et ses figurines chinées
- de Crystal Morey et son univers poétique
Et bien d’autres encore.
Nous restons époustouflés  face à la prouesse technique des artisans tant ils arrivent à changer complètement l’aspect de la porcelaine.
La visite se termine  devant le magasin d’usine.
Il propose aux clients des articles moins chers repérés par les choisisseuses, altérés par de petits défauts à peine visibles. Parfois un minuscule point noir suffit à abaisser le prix comme un bol ou  un photophore qui ne produit  pas le son cristallin attendu d’un article parfait et non fendu.
Sans céder à la tentation, nous rebroussons chemin jusqu’au parking Churchill.
Puis nous nous installons en face des halles « Chez Alphonse » pour tester la formule de midi : melon jambon /aile de raie et petits légumes (navet carottes fenouil) plus café voire café  gourmand pour monsieur.

1 commentaire:

  1. Merci pour la visite ; je note. Encore un endroit où on peut voir le meilleur de l'industrie artisanale française, comme Baccarat, par exemple, je vois. La France et les Français peuvent être fiers du savoir faire de leurs artisans dans ces industries.
    Petit mot à méditer : on dit que le mot "sincère" remonte à Rome, dans "sin cera" où on certifie que la marchandise est "sans cire" pour recoller un article fendu à la cuisson...

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