vendredi 15 octobre 2021

Simple.

Je dépose ce titre en tête d’article pour exorciser mes habituelles circonvolutions au moment où je voudrais aller au-delà du ressassement de mes chers paradoxes.
On a beau remarquer le nombre déclinant des « antivax » défilants, ils prennent une place disproportionnée dans les conversations et soulignent une idée toujours plus péjorative des mentalités de nos semblables.
Les salles de théâtre ont du mal à retrouver leur public, mais les boulevards offrent quelques trams à retarder chaque samedi et quelques murs à salir pour ceux qui aiment les dramaturgies où ils jouent, volubiles, le rôle du traqué, du mutilé, du malheureux. 
Il est bien difficile de trier entre l’essentiel et l’accessoire, mais passionnant de jouer avec la taille des détails. Les indulgences envers Tapie rejoignent celles que nous nous devons à nous-mêmes pour vivre : allez l’OM !
Alentour, il est davantage fait cas des appellations contrôlées concernant les prénoms que de la baisse du chômage. Quand apparaissent autant de panneaux «  on recrute » que de mendiants, nous pouvons nous interroger.
Pourtant les réponses ne se trouvent pas exclusivement dans les prospectus des Centres d’Information et d’Orientation. Est-ce que des perspectives se dessinent pour les jeunes, objets de toutes les bienveillances quand il était question de teufs, mais peu coachés quand il s’agit de travailler à l’école pour envisager un job futur ?
Chez les « milléniaux »comme chez les « boomers », la posture de victime est tellement gratifiante qu’elle remplace la réalité : les suédois sont sûrement plus stressés que les burkinabés.
Les passions nationalistes s’exacerbent alors que chaque habitant de la planète dépend surtout d’entreprises transfrontalières : les Polonais de Pologne twittent. 
« Le rideau de velours de la culture a remplacé le rideau de fer de l'idéologie »S. Huntington
Les ardeurs religieuses sont impulsées par les plus intégristes, alors que l’incroyance progresse : en des temps de querelles byzantines, les mouches se faisaient sodomiser mais depuis les enfants de chœur n’ont plus le cœur à rire.  
Quand un mouvement apparaît, les commentateurs peuvent se montrer zélés surtout lorsqu'ils ont été longs à la détente; ils en deviennent complètement verts et mono maniaques. Mais aucune leçon n'a été tirée sur l’extinction des « Nuits Debouts », ni sur la décoloration des gilets jaunes, quant à la nécessité d’une réanimation pour les opposants au pass sanitaire, nous attendrons.
Récemment, je ne me suis pas senti à la hauteur pour rédiger un compte-rendu d’une conférence concernant les algorithmes, submergé par les « paradigmes » et autres « socialités » qui surnagent dans les soupes de l'enseignement supérieur. A l'image des commentaires autour de l’art contemporain uniquement descriptifs pour combler un vide créatif, je n’en suis ressorti qu’avec des réflexions dignes des cafés du commerce désormais désertés. 
Même si lors des étapes d’une « gouvernabilité algorithmique » entre la récolte des données, leur traitement et le passage à l’action, nos possibilités de devenir « sujet du processus » s’appauvrissent. 
La formule est heureuse quand on peut dire que « nous nous sommes abandonnés aux données ». Mais il y a d’autres issues que la tricherie pour faire valoir nos subjectivités, et d’autres modèles que celui de la ZAD suggéré par un fonctionnaire de l’Université pour aller vers un public plus large que celui déjà assez clairsemé d’une salle de spectacles. 
Il faudrait réhabiliter l’enseignement scientifique, réenchanter une culture technique après avoir tapé « Y a qu’à » sur mon moteur de recherche. 
Tout le monde n’est pas Turing, casseur de codes, ni Edward Manning devenu Chelsea Manning qui a révélé des documents secrets de l’armée américaine, héros évoqués par un metteur en scène pour réintroduire quelque peu de « corporalité » parmi tous ces chiffrages. 
Etranges et fascinants espaces où « on ne sait pas toujours où l’on va ». Dans la boite déjà bien garnie avec des idées on ne peut plus banales, m’a paru dérisoire un plaidoyer pour tendre vers plus de «sobriété numérique » alors que sur la scène, par écran interposé, apparaissait un prof depuis Bruxelles. Son train avait été arrêté par un sanglier.

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