Je craignais que l’histoire, d’une trentenaire indécise ne
ressemble à « Les amours d’Anaïs »
mais ces deux heures norvégiennes sont bien plus riches,
justifiant pleinement la qualification "comédie dramatique".
Ce côté « en
même temps » coïncide avec le caractère fort, tout en étant fragile, du
personnage principal. Bonne élève devenue vendeuse après avoir fait médecine et
photographe, elle quitte l’homme qu’elle aime lors d’une séquence magnifique
justifiant son prix d’interprétation à Cannes.
D’autres scènes poétiques,
drôles ou mélancoliques se succèdent en douze chapitres auxquels s’ajoutent
prologue et épilogue. Une voix off judicieuse permet un récit distancié évitant
les effets appuyés.
Tout est bien dosé et l’évocation de l’écoulement du temps
à travers la différence d’âge des protagonistes entre 30 et 40 ans peut même
passionner quelque septuagénaire qui préfèrera gloser sur ces dilemmes là que se
reconnaître parmi quelque vieux « j’ai mal partout » entrevu à
l’arrière plan.
Au-delà des histoires d’amour où s’inventent des jeux de
séduction originaux, le questionnement « avoir un enfant ou pas »
emmène vers des dilemmes sociétaux traités avec nuance. La lucidité des milléniaux
n’empêche pas la solitude.
Léger et profond, ce cinéma nous emmène ailleurs
tout en aiguisant nos obsessions : comment des êtres beaux, intelligents,
vivant dans un environnement confortable, se tricotent du malheur … et des
bonheurs?
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