dimanche 3 octobre 2021

«Anesthésie Générale ». Jérémy Ferrari.

Il est question de santé dans cette prestation solitaire à la Vence scène, c’est que décidément l’humoriste après avoir traité des religions, des attentats, aime les sujets délicats.
Il s’en tire parfaitement, passant de la gravité, aux jeux de mots les plus nuls, nous donnant à rire et à réfléchir, nous surprenant.
Pourtant c’était mal parti avec l'exclamation rituelle : « ça va Saint Egrève ! » et spots aveuglant un public frappant des mains en cadence et pris à partie d’emblée. Mais d'autres comme lui étaient retombés sur leurs pattes au bout de deux heures et demie
La référence à la mère semble également inévitable et malgré quelques facilités ravissant ses fans, j’ai apprécié sa sincérité et son intelligence en des moments forts où il met en scène une tentative de suicide, fait part de sa folie avec les conflits entre ses diverses personnalités.
Il joue d’une palette étendue avec mimes, imitations, autodérision, voire pédagogie avec l’évocation de l’histoire de la sécurité sociale se confondant avec les rapports des pouvoirs où Servier joue un rôle éminent. Le rappel de la mort du milliardaire a pu faire naître des réactions problématiques, à mon sens, dans le public. 
Il nous emmène avec énergie bien au-delà du divertissement, nous manipule, et nous met face à notre crédulité dans un numéro très habile qui vaut à lui tout seul le prix du billet. Arriver à faire rire en évoquant l’homéopathie à partir de données très sérieuses ou ne pas faire rire volontairement, juste avant de se laisser aller à des rires régressifs : c’est du grand art.
Le sketch du directeur d’hôpital recevant des familles est tordant. Le rappel de mots imprudents de politiques au début de la pandémie peut tourner à la leçon trop facile à postériori,  mais la profusion des approches, la variété des angles permettent de ne pas s’appesantir et de passer un excellent moment.

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