samedi 23 octobre 2021

De plus en plus de gens deviennent gauchers. Eugène Durif.

14 nouvelles en 117 pages étroites de chez Actes Sud plongeront les dépressifs un peu plus dans la tristesse à moins que ceux-ci s’estiment bienheureux par rapport à une kyrielle de personnages désespérants décrits avec intensité par l’auteur de « Sale temps pour les vivants ». Défense de rire.
Ils sont présentés en quatrième de couverture comme des tendres et des sensibles, mais je n’ai décelé aucun humour annoncé dans ces portraits où la violence alterne avec l’ennui.
Un intervenant devant des collégiens : 
«  Vous croyez que je n’ai rien d’autre à foutre dans ma vie que de venir gaspiller mon temps avec des petits bourgeois de merde comme vous, des petits privilégiés qui n’ont jamais eu à se battre pour rien, des gavés absolus et indifférents comme des canards que l’on emboque d’une culture dont ils n’ont rien à faire, une culture purement décorative dont ils n’ont même jamais pensé qu’elle puisse avoir un sens et une nécessité. » 
Sauf que son temps, il le gaspille en abimant aussi ses proches, il participe de la violence et à une déculturation qui le fait souffrir chez les autres tout en restant passif face au décor.
Quelques formules sont heureuses : 
« Petits copeaux de réel sur l’établi du temps »
Il faut des efforts pour que le moindre flocon de neige ne tourne au chagrin. 
« Pourquoi la neige n’a-t-elle définitivement plus cette façon enfantine et joyeuse de tomber ? C’est moi qui suis très vieux, et pourtant, par moments, en tournant la tête vers le ciel, j’arrive à ne plus rien voir de cette boue dégueulasse vers laquelle va s’échouer la blancheur. » 
Le nounours pendu de la couverture n’est pas trompeur. 
A offrir avec un baril de Xanax.

1 commentaire:

  1. Mon Dieu... même avec un baril de Xanax, je ne crois pas que je vais m'infliger ça...
    J'ai autour de moi une flopée de personnes qui, à plus de 60 ans, font des caprices dignes d'enfants de 3 ans au supermarché devant le rayon des friandises. Certes, à 60 ans passés, on ne fait pas des caprices devant les rayons de friandises, mais... on continue à faire des caprices.
    Dans le style... "prouve-moi combien tu m'aimes, fais un bon sacrifice pour moi". Ou bien... "que je suis déçue de constater que le monde n'est pas tel que je l'ai rêvé à 3 ans, etc. et je suis victime de la malveillance de tous ces méchants dont le seul but dans l'existence est de me nuire".
    C'est lassant.
    Le monde est assez déprimant pour que les déprimés nous fichent la paix, non ? Où est la dignité ?
    Et puis, j'ai eu l'idée hier de sortir de mes affaires le très beau livre qu'Elié Wiesel et Josy Eisenberg ont écrit sur/avec Job : "Job, ou Dieu dans la Tempête". Il m'est venu le souvenir qu'à un moment la femme de Job l'apostrophe pour lui dire, au point culminant de sa tourmente : "Maudis Dieu et meurs". Et je me suis dit, "mais voilà l'enjeu de l'existence, c'est de parvenir à souffrir, sans maudire Dieu pour sa souffrance. Que l'on soit croyant ou pas, en sachant que les souffrants trouvent presque toujours le moyen de... maudire. Comme par hasard c'est la femme de Job qui lui profère l'ultime tentation. Et oui... les femmes seraient-elles les tentatrices par excellence ? Depuis la nuit des temps ?
    A méditer.

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