samedi 9 octobre 2021

Mon garçon. Xavier de Moulins.

Il y a eu tellement de fils qui ont écrit à propos sur leur père que ce titre qui promettait un autre point de vue m’a accroché.
Mais à la lecture, vite expédiée, il se trouve que l’auteur parle surtout de lui et très peu de son fils. Père séparé, il emmène celui-ci récemment accidenté dans la maison de son ex.
Le silence du voyage est tranché par un seul : « c’est cool » pour un paquet de Pim’s acheté dans une boutique sur l’autoroute. Le conducteur revient sur son amour de jeunesse avec des conseils à ce fils à l’orée de sa vie amoureuse. La banalité confondante de ses réflexions est elle volontaire ? 
«  … la façon dont on se parle affecte les relations que l’on a avec son prochain. Alors écoute- moi, sois doux avec toi même… » 
 Cependant l’écriture peut se faire sensible sur un terrain où le mièvre se terre entre les sillons : 
« Le bonheur ne dit jamais son nom au présent. Le bonheur est trop occupé pour se signaler. Le bonheur est un piège à doux, que l’on se doit de célébrer mon garçon […] Le bonheur c’est le B de boomerang. » 
Je ne sais s’il y a encore des lecteurs de courrier du cœur mais bien des paroles de ce « dialogue silencieux» résolu au bout de 170 pages auraient pu y figurer. Il est dommage que le narrateur, qui ne se donne pas le beau rôle, galvaude quelques unes de ses expressions originales en les prêtant à d’autres personnes. Mais peu importe, dans un récit où tout semble indifférent, avec un auteur, mot mal choisi, spectateur de sa vie, blasé, le lecteur peut être amené à s’en foutre. Dans un genre où lorsqu’il est question d’amour un peu du soucis de l’autre devrait transparaitre, « Le dernier enfant » respectait dans sa limpidité la promesse de  son titre
plutôt que cette variante dépressive de « ya que moi qui conte ».

1 commentaire:

  1. Mais bon sang, Guy, des fois, en te lisant, et pas que toi, je dois me pincer en me demandant, "mais qu'est-ce qui est encore capable de réveiller nos coeurs... durs comme de la pierre ? (et d'avoir si peu vécu, qui plus est, ayant été si épouvantablement gâtés, dans l'ensemble)
    C'est navrant. Je n'aime pas le mièvre, mais quand on est poussé à faire la chasse aux sorcières pour tout sentiment, de crainte d'être sentimental ? cela ne nous agrandit pas, non ?
    A quand les gladiateurs, pour de vrai, avec les "acteurs" qu'on met à mort dans les films, les pièces où il y a mort... SUR LA SCENE, bien entendu, car tout doit se dérouler sur la scène en ce moment (la scène ? quelle scène ? y a-t-il un lieu quelque part qui n'est pas une scène ?)Comme les Romains (sous l'Empire) qui étaient des croyants durs comme fer dans les vertus du réalisme, rien que du réalisme.
    Toutes mes excuses ( pas sincères...) pour cette incartade hystérique si tôt ce matin, mais le Zeitgeist me fatigue et me mine. Comme Finkielkraut.
    C'est profondément triste, tous ces gens qui se regardent en coin de l'oeil, en roulant les mécaniques pour paraître... forts, qu'ils soient hommes ou femmes, d'ailleurs. Un peu comme Tirésias et Cadmos dans "Les Bacchantes" d'Euripide ? (S'il y a une lecture pour notre époque, c'est celle là.)
    Triste, et ça tire la chasse sur la civilisation en ce moment.
    Credo.
    Et puis... je ne sais quoi croire de ce sempiternel injonction de se soucier de l'autre. C'est louche. Dans l'ensemble, ça cache la certitude des uns et des autres de savoir exactement ce que c'est que de se soucier de l'autre, et bien sûr, d'exiger que les autres se conforment à LEUR idée de ce que c'est que de se soucier de l'autre.
    L'église catholique, dans le temps, avait l'immense mérite d'avoir produit des intellectuels qui ont exploré les méandres très subtils du péché dans la vie de l'Homme. Comment Il fait pour faire fausse route, tout en étant convaincu d'aller dans le bon sens.
    Et bien, tout ça n'est pas pour notre civilisation si ras les pâquerettes, en étant certaine d'être sophistiquée, et "intelligente", d'avoir la raison de son côté, et de se vautrer dans un paganisme petit bourgeois qui est à mille lieux des splendeurs d'Alexandre le Grand, ou les triomphes de Rome, dans le très vieux temps. Bof.
    Fin de râle pour aujourd'hui.
    Merci de ta patience.

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