samedi 2 octobre 2021

Boule de suif. Guy de Maupassant.

Du temps de Guy Mollet et des dictées souvent signées Guy de Maupassant, mes camarades de classe s’amusaient de notre prénom commun, alors il serait temps que sur ce blog à la dénomination désuète figure une chronique consacrée à celui qui était né pile un siècle avant moi (1850).
Je me souviens que son récit fulgurant : « La ficelle »  m’avait servi pour introduire une leçon de morale sur « la médisance» lors de mon C.A.P. d’instituteur.
Onze nouvelles parmi trois cents accompagnent «Boule de suif» dont Flaubert avait dit que c’était un chef d’œuvre. Elles sont d’une efficacité souveraine, d’une densité remarquable.
Pas étonnant que les adaptations se soient multipliées, tant la structure des tableaux est charpentée avec des dialogues d’une grande authenticité et des portraits vivement brossés. 
« La femme, une de celles appelées galantes, était célèbre par son embonpoint précoce qui lui avait valu le surnom de Boule de Suif. Petite, ronde de partout, grasse à lard, avec des doigts bouffis, étranglés aux phalanges, pareils à des chapelets de saucisses ; avec une peau luisante et tendue, une gorge énorme qui saillait sous sa robe, elle restait cependant appétissante et courue, tant sa fraîcheur faisait plaisir à voir. » 
Les descriptions fines et profondes vont au cœur du réel, sans s’attarder : nous sommes pendant la guerre de 70 en Normandie où la tragédie est familière. 
« Un calme profond, une attente épouvantée et silencieuse avait plané sur la cité ; la vie semblait arrêtée, les boutiques étaient closes, la rue muette ; l'angoisse de l'attente faisait désirer la venue de l'ennemi… » 
Le style virtuose passe de la légèreté la plus heureuse à la noirceur la plus incurable. 
« Le capitaine se tut. Je ne répondis rien. Je songeais à l’étrange pays où l’on pouvait voir de pareilles choses ; et je regardais dans le ciel noir le troupeau innombrable et luisant des étoiles. » 
Les conclusions sont à l’image de sa propre vie dont il prédisait la fin dramatique: 
« Je suis entré dans la littérature comme un météore, j’en sortirai comme un coup de foudre. » 
….
Je viens d’emprunter à la bibliothèque une BD de Battaglia adaptateur d’autres géants 
et ce volume consacré  aux «Contes et nouvelles de guerre» est vraiment en accord avec l’écriture de Maupassant : 
« un style concis, époustouflant de précision, dissèque l’âme humaine jusqu’aux tréfonds, dans ses faiblesses insignes et ses surprenants courages… »

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