« La descente de croix » de Rogier Van der Weyden, que le conférencier
a choisi de nous faire mieux connaître sur la musique « Cum Dederit, Nisi Dominus » de Vivaldi, présente en 220 × 262
cm, dix personnes dans la douleur et la
compassion.Cette partie centrale d’un retable dont des volets inventés
dans une copie du « retable Edelheere » avec image de donateurs, est
peinte sur 7 planches de chêne d’un même arbre séchées pendant 10 ans pour
éviter que les panneaux ne se fendent. La confrérie des arbalétriers de Louvain avait commandé
cette œuvre. Devenue propriété des rois
d’Espagne après son acquisition par la sœur de Charles Quint ; elle est
exposée au musée du Prado.Peut on parler de chorégraphie quand le corps effondré de la
vierge suit le corps courbé de son fils
et que leurs bras se rapprochent,
parallèles, dans une harmonie de couleurs et de mouvements ? Marie, livide,
est entourée de sa demi-sœur Marie de
Cléophas en pleurs, Marie Salomé son autre demi-sœur la soutient.Saint Jean l’Evangéliste vêtu de rouge, puisqu’il a touché
le corps du Christ, figure de profil
comme Marie Madeleine de l’autre côté. Le
protecteur de la Vierge est chargé de la mémoire des actes du fils de Dieu
comme l’ancienne prostituée, la première à voir le ressuscité à la sortie de
son tombeau.Ils encadrent la scène se déroulant dans un espace restreint
situé au dessus de l’autel où le prêtre présente l’Ostie à la hauteur du corps
sacré. Joseph d’Arimathie, debout au
pied de la croix ne touche pas le corps du supplicié en signe de déférence, il
avait fourni le linceul et le tombeau.Nicodème, lui aussi disciple
secret de Jésus, dans son manteau de brocard,
coiffé à la bourguignonne, supporte les jambes du Christ. Sa naïveté serait à
l’origine du mot « nigaud ».Rogier Van Der Weyden né Rogier de La Pasture, avait
commencé sa carrière d’artiste par un diptyque au format carte postale pour les
dévotions privées, représentant « La vierge » sous un arc
gothique sculpté et « Saint Georges »
tenant une si grande lance qu’elle ne peut être que l’instrument de
Dieu.« L‘annonciation » se déroule dans un intérieur
flamand contemporain. Sur la cheminée un flacon obturé d’un voile symbolise la
virginité de Marie. Une grenade contient de nombreuses plantes potentielles
(origine du mot néophyte) comme autant de promesses de convertis et une orange
fruit rare mais suave annonce le paradis.Formé à la sculpture, il fut l’apprenti de Robert Campin .
Le « Triptyque
de Mérode » de Campin est renommé. L’ange Gabriel entré sans casser de
vitre, autre allusion à la virginité, vient d’arriver, les pages des saintes
Ecritures en sont tournées et la bougie soufflée. Sur un volet latéral Joseph
fabrique une chaufferette, une souricière posée sur la fenêtre attend le
diable.L’une des sages-femmes, de « La nativité »
également de Campin, entourée de
phylactères, avait voulu vérifier la virginité de la parturiente ; elle a
eu sa main desséchée le temps du doute.Patron des artistes « Saint Luc
dessinant la Vierge » autoportrait de RVDW peut représenter
cette riche école flamande évoquée en un cycle de trois conférences devant les amis du musée de Grenoble
A Florence sur la route de Rome, il a rencontré probablement
Fra Angelico. « La mise au tombeau » à la tempera (peinture à l’eau et à l’œuf) par le moine peut se confronter avec
« Mise
au tombeau et lamentations sur le Christ
mort » dans la nouvelle technique à l’huile. Celle-ci permet par
la superposition de ses glacis des transparences, des luminosités nouvelles, des
regards qui nous poursuivent, ainsi dans le « Portrait d'une dame »
ou de « François d'Este » Les quinze panneaux du « Jugement dernier »
commandé par Nicolas Rolin pour les hospices de Beaune montrent la pesée des
âmes par saint Michel et entre autres, les damnés et les sauvés qui
ressusciteront dans leur 33° année comme le Christ. Si les « Vierges de douleurs face
au Christ mort » marquent une date importante dans l’histoire de
l’art, le « Retable de
Miraflores » représente
toute une existence passant du blanc de la nativité, au rouge de la mort et au
bleu du deuil, tout en nous invitant à ne pas nous attarder au premier plan
sous ses arcs en diaphragme, mais à aller toujours plus loin.
Un puissant
memento mori figure au dos du « triptyque
de la famille Braque » où Jesus est entouré de Marie et de saint Jean l’évangéliste. Sur la croix
de pierre gravée est inscrite en caractères d’or, du début du
quarante-et-unième chapitre de l’Ecclésiastique (1-2) :« Ô mort, que ton
souvenir est amer à l’homme juste et qui vit en paix au sein de ses richesses,
à l’homme exempt de soucis et qui prospère en tout, et qui est encore en état
de goûter le plaisir de la table ! »
C'est un de mes artistes préférés de tous les temps.
RépondreSupprimerJ'ai tendance à le mélanger avec Van der Goes, un autre artiste immense, pour qui j'ai beaucoup de tendresse.
Pour Marie-Madeleine... des années passés à rêver de cette femme me font penser qu'elle devait être une femme riche, héritière d'un homme riche sans fils, qui a été éduquée comme un fils. Et elle devait se promener libre, la tête haute, et fréquenter qui elle voulait dans un monde où une femme qui faisait ainsi était une pute. Dans le fond, les choses n'ont pas tellement changé de ce côté, je le crains. Et je le crois. Pour les hommes, peut-être, mais... pour les femmes aussi, tant le sexisme le plus ravageur est pratiqué par ceux qui sont du même bord. Credo.
"Le Dernier Jugement" était aux Hospices de Beaune, dans la salle des pauvres, qui étaient soignés... comme des riches, dans cette ébauche de l'hôpital (l'hôpital qu'on est en train de détruire en ce moment, malheureusement, même avec de prétendues bonne intentions. Je me demande pourquoi ?...). Ce tableau était ouvert le dimanche pour l'édification, et l'adoration des malades et des soignants ensemble dans la chapelle au fond de la salle des pauvres à Beaune, et pour la gloire de Dieu. Il faut dire que nos ancêtres étaient plus intelligents que nous d'estimer que le très grand art (pour les pauvres, quel scandale...) s'adressait au malade pour le soigner, et que le simple fait d'adorer pouvait être un soin. Pauvres de nous qui sommes si loin de ça, maintenant, et qui croyons avoir fait tant de progrès, en plus...Désolant.
Pour Ecclésiaste, le vers continue pour faire valoir combien la mort est douce à celui qui n'attend plus rien de la vie, qui souffre. Oui. La mort peut être différente selon la situation où on se trouve.
Merci pour ces images, cet hommage.