Heimat signifie « chez soi » mais cette recherche
très personnelle nous concerne, et c’est à cela qu’on reconnaît les grandes
œuvres, quand l’intimité la plus précise emmène vers l’universel.
Que j’aimerais lire un tel roman concernant ma patrie qui
chercherait à ne rien négliger des culpabilités passées tout en reconnaissant
une identité chaleureuse où la nostalgie amène à plus de compréhension !
« Le seul moyen de trouver cette HEIMAT
que j'ai perdue est peut-être de regarder en arrière ; de surmonter la honte
abstraite pour affronter ces questions vraiment difficiles à poser : au sujet
de ma ville natale, et des familles de mon père et de ma mère. Retourner dans
les villes où ils sont nés. Retourner à mon enfance, au commencement, suivre
les miettes de pain, en espérant qu'elles me mènent à la maison. »
Nous sommes mieux renseignés sur l’identité allemande avec
son goût des forêts, le handsaplast qui figure en premier dans le journal d’une
émigrée, avant le pain un peu aigre, la colle Uhu et la culpabilité.
L’inventivité, l’honnêteté de l’auteur traduites avec le même
soin qu’elle a mis pour rassembler les éléments d’une vie rendent passionnante
cette recherche qui a demandé du temps pour approcher des vérités.
Ce retour vers le passé poétique, documenté, original, rend le
futur prometteur:
« Debout dans
une rame de métro bondée à new York, je me souviens de la lettre écrite par le
maire de Karlsruhe au chef de la police en 1940 :
« Nous avons reçu
de nombreuses plaintes, à la fois des employés municipaux du tram et de passagers,
au sujet de Juifs qui se comportent de manière impertinente et provocante dans
les tramways bondés, refusant de céder leur place aux femmes allemandes. »
A côté de moi, un homme
portant kippa demande à la femme assise devant moi de me laisser la place et je
le remercie, malgré mon accent allemand qui me met toujours mal à l’aise. Il a
deviné à la forme de mon ventre qu’il y a quelque chose qui s’y développe, un
être qui n’a pas encore de conscience. Quelqu’un dont l’état d’esprit est pur
et intact comme une étendue de neige fraîche. »
Oui, oui, je sais que je suis une teigne...
RépondreSupprimerJe songe au fait que Freud a eu un mal fou pour faire entendre que les enfants, même les nouveaux-nés, ne sont pas innocents, quand bien même ils seraient notre a-venir.
Je vois que la chape de plomb est redescendue de plus fort, d'ailleurs, depuis qu'il a écrit.
Les mots "innocent" et "coupable" sont un couple infernal, et je suppose que c'est inéluctable, probablement.
Mais.. si on peut demander, et se demander.. INNOCENT DE QUOI ? on peut se demander aussi COUPABLE DE QUOI ?, en sachant qu'il n'est pas si facile que ça de cerner la culpabilité, ou l'innocence, d'ailleurs.
Innocent de la capacité de faire le mal ? C'est vrai que le nouveau né, avec sa.. mobilité réduite, son absence de dents, même, n'a pas un pouvoir très visible, mais il a déjà le pouvoir considérable de susciter notre désir de le protéger, dans beaucoup de cas, et le pouvoir de faire jaillir le lait du sein de sa mère quand il pleure. Tout compte fait, ça fait deux pouvoirs terriblement.. puissants, de mon point de vue. Donc le nouveau né n'est pas impuissant, même si sa puissance n'est pas active comme nous avons tendance à voir le pouvoir/puissance à l'heure actuelle, avec nos lunettes qui peuvent à l'occasion être roses Barbie, ou noires Darth Vader.
Innocent d'un savoir (et d'un pouvoir..) sexuel ? Alors comme ça, on serait donc encore et toujours... COUPABLE d'un savoir et d'un pouvoir sexuel ? Même dans la société si.. "libérée" qui est la nôtre ? Tss, tss. C'est dommage.
Décidément, je rêve toujours d'un monde où le fait de faire civilisation EN CACHANT NOS ORGANES DE REPRODUCTION (le premier acte de civilisation) n'induirait pas le fait qu'ils deviennent.. honteux de ce fait, entachant notre désir, et notre amour sexuel par la même occasion. Je crois que je vais mourir insatisfaite sur ce dossier. Bon, je vais continuer sur ma lancée de... Don Quichotte, en sachant que si je me lance contre des moulins à vent ici, d'autres ailleurs se lancent contre d'autres moulins à vent. C'est une question de point de vue.
L'Homme est un animal qui se lancent contre des moulins à vent...
Mon teigne.
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