samedi 24 novembre 2018

6 mois. Automne hiver 2018.

Je me suis détaché de XXI, prototype d’une presse plus exigeante dont le groupe est tombé à son tour dans le sensationnel, mais je suis resté fidèle à leur semestriel consacré aux photographies.
En 300 pages, il y a de quoi s’étonner dans un parc d’attraction de la « Bible belt » avec crucifixion à heure fixe ou dans le quartier gitan de Perpignan, quand à l’école un enfant a pu bénéficier d’un certificat délivré par un médecin :
«  Ne peut se lever le matin entre septembre et juin.»
Dommage que la rubrique « Les instantanés » n’offre pas des formats plus grands car les hasards sont souvent drôles, nous reposant des frissons devant les seins repassés à la pierre chaude pour que les filles n’excitent pas les garçons, au Cameroun, ou cette histoire de femme battue aux Etats-Unis.
Le dossier principal est consacré aux femmes avec aussi un reportage en Argentine parmi des militantes mobilisées contre les violences machistes.
Au milieu de tant d’images fortes, l’écrit prend du relief et l’interview du photographe Jean Caumy, qui sort des entiers rebattus, est intéressant:
«  Jean tu es avec nous, mais en même temps, tu es comme double, on te sent loin. »
Le photographe se considère comme un comédien qui se coltine avec l’empathie, avec le réel, il utilise son smartphone et trouve le mot « artiste » fatigué.
Le reportage en Corée du Sud où sont clonés des chiens est « clinique » avec une documentation habituelle après chaque chapitre qui situe bien les enjeux, impressionnants.
Celui sur les migrants devient habituel, mais sa durée sur sept ans suivant un retour de l’exilé chez lui en Afghanistan pose bien le dilemme du jeune homme, entre deux univers.
Le titre : « La mise en songe » convient parfaitement pour les photographies de Nicolas Henry, ses décors éphémères et poétiques, mettant en scène des groupes et leurs histoires, leurs défis.
La photobiographie d’Elon Musk à 50 ans est déjà chargée : il envoie des fusées dans l’espace, met au point des voitures électriques, tout en misant sur le solaire.
Les américains d'origine japonaise après Pearl Harbour étaient présumés traitres et enfermés dans des camps aux Etats-Unis, Dorothéa Lange y avait  réalisé des reportages portés à la connaissance du public 64 ans après.
L’album d’une famille d’amoureux de la nature au Montana est apaisant et plaisant.

2 commentaires:

  1. Sans doute cette publication est intéressante, mais je ne la lirai/REGARDERAI ? pas.
    Te lisant ici, je me rappelle le 11 septembre 2001 maintenant, et ma réaction ? presqu'instinctive à l'événement de ce jour là. Je ne voulais pas voir/regarder les images. Sans pouvoir vraiment dire pourquoi, mais il me semble que l'enjeu médiatique déjà de l'époque où les images nous arrivaient sous forme de flot continu constituait une forme de... viol ? pour moi. (Hé hé, le mot "viol" n'est pas la propriété privée de quelques personnes bien pensantes des deux sexes, d'ailleurs...)
    Je sais que les images arrivaient de manière continue (illimitée ?), et qu'on les projetait en boucle sur les écrans, déjà, de l'époque. (Facebook n'était pas encore sur pied, il me semble.)
    J'ai pressenti à l'époque que le fait de voir ces images sur les écrans écraserait notre capacité à jouer avec la fiction qui nous est tellement nécessaire afin de pouvoir imaginer, avoir de l'empathie pour autrui, NOUS PROJETER, ainsi que nous IDENTIFIER à autrui. J'ai pressenti également le tohu bohu que cela introduirait dans nos rapports avec cette fragile construction, le temps.
    Et je ne crois pas m'être trompée sur ce dossier. Il y a une.. fiction de la photo que nous nous obstinons à évacuer, car nous avons le préjugé que la photo EST la réalité. Il s'agit bel et bien d'un préjugé, car la photo n'est qu'une.. IMAGE de la réalité, donc, elle est forcément une médiation, UN ECRAN entre nous et ce que nous voyons/expérimentons dans notre vie.
    Mais... le fait de nous balader AVEC DES OBJECTIFS, avec des appareils photo pour CADRER ce que nous voyons, et bien, cela nous conditionne, et cela limite notre capacité de voir, et d'expérimenter le monde. Avoir un cadre/objectif autour des yeux, ça réduit forcément la capacité de voir pour la plupart des personnes, qui prennent des photos.. SOUVENIRS. (Je ne parle pas des SOI-DISANT ARTISTES. C'est différent, me semble-t-il.)
    Et cela.. nous appauvrit...sans même que nous le sachions consciemment.

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    1. Merci de redonner du poids aux mots : objectif… Alors que trop souvent je m’enfouis sous les flots des images qui peuplent notre temps, j’aime CADRER quand je prends des photos, choisir pour réaliser un album parmi des milliers de clichés, et ébarber mes textes. Au rugby j’aime le mouvement, « cadrage débordement ».

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