Dans cette livraison, le journal satirique du quartier Saint Bruno à Grenoble crapote, toussote, crachote, quelque peu.
La première page est plutôt convenue: « Avec Piolle je
positive » annonçant un article qui reprend les plaintes d’employés
municipaux qui n’ont pas perçu dans leur quotidien les effets d’un « buen
vivir » slogan très com’ mais pas forcément communicatif.
Cet abus généralisé des grands mots trompeurs doit être
débusqué car il participe à la perte de saveur du politique, banalisant jusqu’à
sa critique. L’ironie elle-même s’affadit lorsque le maire de Grenoble est devancé
par Ferrari pour le poste de remplaçant de Salengro dans le casting de
Groland.
Les scoops de la saison nouvelle portent sur des
anecdotes : une personne armée aurait été vue à la Villeneuve, les badges
de la nouvelle école Simone Lagrange ont des problèmes de paramétrage, et le
directeur du journal qu’ils persistent à appeler Daubé aurait battu sa femme.
Après ça les rédacteurs anonymes qui font témoigner des employés sous de faux
noms vont regretter de ne pas être pris au sérieux comme journalistes ! Pseudos
sur le net, témoignages aux visages floutés dans une époque où la transparence
est une vertu proclamée : allez éduquer vos mômes à la franchise !
Par contre la présentation des revendications de
travailleurs sociaux dépendant du département sous forme d’un entretien tels
que ceux-ci en mènent avec des personnes en difficulté est percutante, dense et
originale.
Le refus des compteurs Linky est répétitif, et je persiste
dans mon incompréhension quand je vois des écologistes acharnés parler
d’enlaidissement des paysages avec les éoliennes ou de « désastre
environnemental » quand une micro centrale hydraulique est envisagée. De
même que le problème de l’extraction des métaux rares composants nos téléphones
et autres batteries me semble un prix à payer pour de progrès indéniables, bien
que l’interrogation « A quand des mines de cobalt en
Belledonne ? » soit pertinente face à nos égoïsmes bien pensants. Cela
étant accolé judicieusement à un compte rendu d’exploration dans les mines qui
ont alimenté, dans les années 1880, 32 cimenteries (1/3 de la production
nationale) qui employaient alors 1250 personnes à Grenoble et alentours.
L’actualité a amené les difficultés de l’hôpital sur le
devant de la scène et si les postillonneurs restent vigilants quant aux
stratégies de communication, ils ne se donnent pas les moyens d’une réelle
enquête, se contentant de rapporter les réactions à un film concernant le
CHU : « La fin de l’omerta » qu’ils ne contribuent guère à
briser faute de manque de pratique de la contradiction ou d’approche équilibrée
d’une institution complexe. Ils sont plus dans leur périmètre de confort en
rendant compte d’un livre « La sécu, les vautours et moi-les enjeux de la
protection sociale » sous le chapeau approprié : « De qui
l’avenue Ambroise Croizat tient-elle son nom ? »
Un article concernant les MNA éclaire les débats actuel :
1200 exilés Mineurs Non Accompagnés ont été reçus dans l’Isère en 2017 dans des
conditions qui deviennent de plus en plus difficiles.
Si une partie de pêche à la confluence du Drac et de l’Isère
est distrayante, le rappel de l’histoire des pompes funèbres à Grenoble est
intéressant d’autant plus qu’il est suggéré d’accéder au paradis sans enrichir
les vautours.
Faute d’avoir trouvé un dessin spirituel, je reprends une de
leurs photographies de tag qui avait repris un de leur titre ancien, quand ils
étaient drôles et inattendus.
………………………
Voisin de présentoir, un hors série de Charlie hebdo qui a
recueilli les témoignages d’une soixantaine d’enseignants : « profs
les sacrifiés de la laïcité ».
« J’avoue avoir de plus
en plus l’impression d’aller enseigner dans un territoire qui serait comme un
laboratoire du pire, qui couvre peut être les atrocités de demain, avec lequel
on entretient un déni devenu aussi ridicule que violent, de la part d’ami-e-s
et collègues de gauche comme de la part des élites du même bord. » ................
En supplément un dessin du magazine Le Point :
Tu ne te demandes jamais pourquoi il nous faut toujours... du nouveau, encore et toujours, du nouveau ?
RépondreSupprimerPourquoi nous tenons tant à être surpris... DANS NOS FAUTEUILS (être surpris quand on n'est pas chez soi, par un événement inattendu, ce n'est pas un délice, c'est un problème, même... une torture, et surtout, un injustice).
Nous exigeons de la nouveauté bien balisée, en somme.
Affligeant, je dis.