Après un petit déjeuner dans le patio en contrebas de
l’hôtel, nous attaquons les visites par notre mosquée quotidienne, la mosquée Āghā Bozorg . Elle
se distingue des autres par sa porte cloutée (6666 clous autant que les versets
du Coran) indestructible et sa madresseh
d’un étage en contrebas.
Construite au XVIII° siècle en briques sobres,
quelques faïences aux figures géométriques simples et des peintures décoratives
beaucoup plus fines l’agrémentent. Outre ses deux minarets habituels, elle en possède deux autres reprenant les mêmes faïences géométriques mais aussi deux tours du vent pour rafraichir entre autres une citerne, preuve si nous ne nous en étions pas rendus compte de la chaleur estivale du lieu.
Vient ensuite la visite d’une magnifique maison de
commerçant de l’époque qâdjâr (19° siècle) nommée maison Abbassian et dont la partie concédée aux domestiques est
aujourd’hui transformée en restaurant, celui où nous avons dîné hier au soir.
C’est un foisonnement de pièces sur plusieurs niveaux insoupçonnables de la rue
car les maisons s’étagent en contrebas, cherchant la fraîcheur et la
discrétion.Tout est prévu, cuisine, buanderie, vaisselle, caves, celliers, canaux souterrains assurant la fraîcheur. Les murs de la demeure pratique et luxueuse sont recouverts de décorations en stuc. Il y a même une pièce prévue pour protéger les bijoux offerts aux femmes par les négociants reçus pour affaires et qui se reposaient plusieurs jours ainsi qu’une cour pour garer les ânes et mulets.
Un artisan tisse sur place des foulards et des manteaux sur un métier vieux de plus de 1000 ans et nous montre la différence entre les navettes anciennes et modernes. Nous remontons à la surface, attendus à la sortie près de la résidence des domestiques, par un verre d’eau de rose glacée qui nous permet d’affronter la chaleur de la rue. En chemin un homme nous invite à visiter la vieille maison de sa mère cachée derrière un banal mur de torchis. La demeure nécessite beaucoup de travaux de réparation,mais elle possède en contrebas un verger appréciable où un vieil homme travaille au déblaiement de matériaux.
Dans le bazar les magasins ouverts sont surtout des primeurs
et des bijouteries. Nous tombons sur un ancien caravansérail magnifique
transformé en marché d’antiquaires.
C’est le même lieu que nous avons pu observer
hier soir et que nous avions pris pour une mosquée désaffectée. Nous chinons,
cloches et poteries.
Nous abandonnons le bazar car les boutiques ferment
rapidement pour prendre la direction de Bàgh-e-Fin, le jardin du roi.Cet endroit lui aussi très fréquenté par les
touristes iraniens est cerné de voitures et de restaurants. Nous en choisissons
un et assis sur des divans nous absorbons un kebab haché riz pas terrible. Nous
nous promenons dans le jardin qui réunit des éléments des périodes safavide,
zand
et qadjare
que le shah Abbas appréciait particulièrement. Des canaux aux petits jets bouillonnants chantent gentiment et rafraîchissent les gens qui trempent leurs pieds nus, en chaussettes ou en chaussures sous les cyprès bien alignés.
Il y aussi un hammam désaffecté plein de coins et de recoins dans lequel l’empereur fit assassiner en 1852 un chancelier trop populaire.
Il est déjà 16h 30, il est temps de prendre la
route de Téhéran pour un trajet de 4h.
Peu avant
d’arriver à la capitale nous sommes impressionnés par le mausolée de Khomeiny,
grandiose en plein travaux d’agrandissement ; Chaque anniversaire de la
mort de l’ayatollah, en juin, de nombreux pèlerins n’hésitent pas à parcourir 1000
km à pied pour lui rendre hommage. Nous pénétrons dans la ville sans trop
d’embouteillages, ville qui en 2006 s’étendait sur 50 km d’est en ouest et 30 km
du nord au sud. Le centre ville est animé, de grandes marques s’affichent en
pleine lumière : Canon, Panasonic, Samsung. Un bazar est consacré uniquement aux téléphones portables. Nous logeons à l’Hôtel New Naderi. dans une petite ruelle calme perpendiculaire à une grande artère et nous libérons Ali notre chauffeur qui a encore une heure de route pour rentrer chez lui et Haleh qui a une réunion à 23 h ce soir. Elle nous a commandé un repas de poisson et nous remercie de pouvoir s’échapper.
D'après les notes du carnet de voyage de Michèle Chassigneux.
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