mercredi 11 mars 2020

Lacs italiens 2019 # 11. Omegna. Cannobio

Il a plu cette nuit, brume et nuages bas sur le lac transforment le paysage. Il ne fait que 12° lorsque nous montons dans la voiture en direction d’Omegna, via  privata Alessi 6. Au nord de la ville, avant l’arrivée aux usines Alessi, nous n’avons pas à chercher longtemps pour trouver de l’essence, à croire que toutes les stations se sont rassemblées sur la même route !
Les entreprises Alessi ne se visitent pas et pour le musée, il aurait fallu réserver.
Nous nous contentons du magasin d’usine dans lequel D. communique par WhatsApp avec A. désireuse d’acquérir une bouilloire siffleuse et design pour plaque à induction.
Sont exposés les objets phares de la marque : presse citron araignée, cafetières pointues avec ou sans petit oiseau chanteur, coupes et plateaux, balai WC pot de fleur surmonté d’une tige et de deux feuilles, des assiettes ou des plateaux avec sur le pourtour une ronde de  personnages découpés et stylisés, des tire-bouchons en forme de bonshommes…. 
 
Mais il y  aussi des objets plus inédits, comme les boules de noël, les perroquets décapsuleurs, des vases aux lignes originales et des objets dont l’usage nous échappe. Les articles étiquetés 2ème choix affichent des prix plus intéressants.
 
Une fois la bouilloire achetée, nous nous lançons malgré un temps guère engageant dans  le circuit touristique entre lac et montagnes à l’ouest du lac Majeur concocté par le Lonely planet. 
Une bonne route traverse Merzgozzo, suit le fiume Toce jusqu’à Domodossola puis sans passer par Vergogna, nous virons à l’est vers San Maria Maggiore (oui Guy, c’est bien une ville, pas une église!) après Druogno, village de moyenne montagne qui semble l’équivalent de Villard de Lans. Peu à peu, le temps s’améliore.
La route passe dans des vallées étroites, de plus en plus tortueuses et de la largeur d’une voie mais prévue pour 2 notamment après Malesco.
Le summum, c’est la montée en lacets vers Falmenta, très belle, avec klaxon indispensable. Là-haut, tout est désert, pas âme qui vive, les maisons sont fermées, et pas de parking prévu à l’entrée pour déposer la voiture trop grosse pour s’engager dans la rue. Nous apprendrons plus tard que Falmenta était le centre le plus peuplé de la contrée jusqu’au milieu du XX°siècle et comportait de nombreux édifices. Aujourd’hui, 150 habitants l’occupent encore et un panneau annonce la présence d’un unique bar.  Mais il est plus de 13 h et nous voulons manger, pas seulement boire. Nous reprenons  les lacets dans l’autre sens, en descente, bien assurés par des glissières jusqu’à la route qui nous semble aisée en comparaison de ce que nous avons parcouru et sur laquelle apparait bien à propos un bar trattoria avec stationnement à coup de chausse-pied !
L’accueil y est chaleureux, une table est occupée par trois vieux, une autre par un couple, un monsieur âgé portant chapeau à plume vient consommer son café. Le repas, correct et pas cher est servi par une demoiselle souriante en polaire et legging Adidas.
Nous repartons l’estomac plein pour Cannobio. Là, nous  abandonnons la voiture dans un parking près du lac payant uniquement le dimanche sans doute à cause du marché qui attire beaucoup de Suisses. La plupart des indications sont d’ailleurs en allemand.
Nous marchons tranquillement sur le bord du lac après un regard jeté dans une église à l’intérieur baroque, sous un ciel bleu inespéré ; le lieu est apaisant.  
C’est une ville sans prétention à 5 kms de la Suisse donc, avec sa petite plage, peu fréquentée en cette période.
Elle est  environnée de montagnes protectrices habitées de villages  comme posés à des endroits abrupts et qui paraissent fragiles.
Nous flânons encore un peu dans les rues décrites comme pittoresques par le guide (rien à voir pourtant avec Orta), en profitons pour faire quelques courses dans un Carrefour avant de prendre le chemin de retour en longeant le lac majeur en direction de Verbania, guidés par le GPS pour éviter l’encombrement occasionné par un accident. La conduite n’est cependant pas très confortable avec la succession de tunnels et le soleil rasant à travers un pare-brise sale. Nous quittons la route express à  Meina, puis roulons sur des routes  secondaires vers l’est pour rentrer chez nous.
Les petites mains s’activent pour préparer une bonne soupe, ainsi qu’une compote avec les pommes ramassées près de l’abri de la voiture. D. et J. retournent à l’alimentation du village acheter du pain, elles en profitent pour admirer la belle lumière du soleil déclinant. Autour du poêle à granules, nous prenons l’apéro et nous nous plongeons dans nos activités d’écriture ou de lecture en attendant que le repas soit cuit.
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Deux photos aériennes viennent d'Internet les autres sont maison.

mardi 10 mars 2020

Et si l’amour c’était aimer ? Fabcaro.

Celui qui m’a fait lire cette BD n’a connu ni « Nous deux », ni les romans photos qui étaient regardés de haut à l’époque par les apprentis moralistes chez qui j’avais entamé une formation. Mon tropisme niaiseux m’a empêché d’aller trop loin.
Je reprends volontiers une lichette d’eau de rose surtout quand elle emmène au-delà de la parodie appelée tant de fois par le genre « Doux nœud ».
J’ai vraiment apprécié l’humour décalé, loufoque qui fait de cette classique histoire d’adultère un portrait acéré de notre société où l’absurde vient brouter entre les pavillons de l’ennui.   
- Sandrine, quand allez-vous quitter votre mari ?
- Michel, ce n'est pas si simple... On a le crédit de la Mercedes, un Plan Épargne Logement à La Poste, et puis... j'ai peur de faire souffrir les enfants...
- Les enfants ?? Mais, vous n'en avez pas...
- Oui non, les enfants en général, je veux dire.
Je ne connaissais pas cet auteur mais son originalité me fera rechercher d’autres titres ; il parait que « Zaï zaï zaï» vaut la lecture.

lundi 9 mars 2020

J’accuse. Roman Polanski.

Je croyais connaître l’affaire Dreyfus depuis mes années lycée, mais ce film de 2h et 1/4 permet d’envisager bien d’autres enjeux, de mesurer les mutations entrainées par « L’Affaire » et quelques constantes sociétales, après que cette œuvre récompensée aussi à Venise ait donné envie d’aller plus loin.
Emmanuel Levinas rapportait ce que disait son grand-père : « Un pays qui se déchire, qui se divise pour sauver l’honneur d’un petit officier juif, c’est un pays où il faut rapidement aller. »
Dès le premier plan, avant la fameuse cérémonie de dégradation, nous saisissons toute la puissance de l’armée à laquelle chaque protagoniste va affirmer sa fidélité :
 « Soldats, on dégrade un innocent, soldats on déshonore un innocent. Vive la France ! Vive l'armée ! » Dreyfus.  
Après la défaite de 1870, l’institution se devait d’être infaillible: il a fallu 12 ans pour que l’alsacien soit réhabilité après une incarcération cruelle de quatre ans à l’île du diable.   
En plus de l’épaisseur documentaire, nous sommes pris dans un palpitant suspense, à travers le cheminement du colonel Picquart, d’abord antisémite comme tout le monde, qui va jouer un rôle déterminant pour la manifestation de la vérité. Sa rigueur morale, son courage ont dû affronter la violence des foules manipulées et les mensonges, l’aveuglement des gouvernants.
Dujardin est impeccable dans le rôle et tous les acteurs à la hauteur, la reconstitution est agréable, le découpage efficace et même le décor du bâtiment du contre espionnage qu’il dirige a une présence envoutante : un film à voir.

dimanche 8 mars 2020

Joueurs, Mao II, Les noms. Don DeLillo. Julien Gosselin.

Spectacle de plus de 9 h : munis d’un bracelet rose, nous sommes autorisés à entrer et sortir à notre guise. Cette tolérance désacralise la représentation qui ne débute plus depuis belle lurette avec trois coups. Pour la pause la plupart des spectateurs visent entre deux pièces au moment du remue ménage des décors.  
Si l’intitulé énumère trois titres de livres de l’auteur américain, il ne fait pas émerger un sens particulier à ces heures saturées de mots dont les intentions m’ont semblé partir en tous sens.  A l’heure où les candidats en politique proposent de ne pas décider eux, mais promettent aux habitants le dernier mot, les artistes nous laissent plus que la marge pour interpréter ce que les interprètes ont bien voulu dire. Il n’y pas que les maîtres devant leurs tableaux noirs qui ont disparu, les managers derrière leur Power point ménagent leurs clients, leurs ouailles, leurs collaborateurs.
Les créateurs posent sur le plateau cette indécision, ces désarrois, cette crise des valeurs.
La salle n’est pas comble malgré le côté exceptionnel de la proposition mais les départs définitifs restent assez rares.
Des bouchons d’oreille nous sont proposés car la musique électro est prépondérante.
La langue est belle et l’écrivain qui m’était inconnu mérite le détour. Après cette rencontre tonitruante, une lecture apaisée pour goûter sa poésie vigoureuse s’imposera.
Cette citation provient du site Babelio, elle n’a pas été prélevée lors de cette journée où l’humour s’est fait discret:
« Je suis passée à côté.... pourtant j’aime DeLillo... j’ai accroché aux 50 premières pages puis aux 30 dernières superbement écrites en digne héritier de Faulkner.... pour le reste il m’a perdu, trop bavard, trop de circonvolutions au détriment de l’action. Un roman américain pour les new-yorkais... je ne me suis attachée à aucun personnage ».
A la sortie d’un tel spectacle, me venait la comparaison avec un monument,  voire, allons-y, une cathédrale, pour l’ambition, l’ampleur, la masse des techniciens et des acteurs requis même si le verdict des siècles demeure incertain.
Il y a de belles fresques qui peuvent rester énigmatiques pour ceux qui n’ont pas la foi, et quelques morceaux de bravoure telles de magnifiques statues posées ça et là par des officiants talentueux.
Les parois de verre coulissantes, les voilages sont devenus des décors habituels et un final tout le monde à poil a déjà été vu. La présence de caméras est systématisée.
Pensant échapper aux écrans qui envahissent nos vies, nous nous retrouvons lors d’un spectacle vivant à regarder essentiellement  par écrans interposés l’image des acteurs équipés de micros HF. A un moment, au milieu de la vaste scène est édifiée une cabane en contreplaqué très installation art contemporain, dans laquelle jouent les acteurs jusqu’à ce que leur image même disparaisse pour ne garder que la voix. Ce choix est fort et novateur.
La succession de trois pièces de trois heures chacune à la queue leu leu dans un format hors norme fait passer  au second plan le fil narratif qui évoque l’ennui, la chair triste, la peur venant de toutes parts, et un terrorisme assez daté. Mao et Moon sont de vieilles lunes.
Pourtant, comme avec son précédent spectacle,  de par sa durée exceptionnelle son inscription dans la mémoire supplantera sans doute d’autres représentations bruyantes derrières leurs parois de verre.   
http://blog-de-guy.blogspot.com/2017/01/2666-julien-gosselin.html

samedi 7 mars 2020

L’extase du selfie. Philippe Delerm.

Mon plaisir de retrouver un familier
se nuance d’une pointe de déception avec des réticences à l'exprimer tant j’apprécie la finesse et l’univers de douceur de cet écrivain.
J’ai préféré lorsqu’il décrit l’ambigüité du pouce levé à l’égard d’un coéquipier, au football, venant d’adresser une passe trop longue, plutôt que le retour du flipper ou celui de la montre à gousset.
Finalement, un brin de tension rend la lecture moins émolliente, quand un spectateur se retrouve seul à se lever pour applaudir à la fin d’un spectacle et que son voisin se lève aussi… pour mettre son manteau.  
Les nouveaux gestes de vapotage ou la mémoire portée au bout des doigts sur les écrans sont délicieux à partager alors que d’autres restent énigmatiques tel « le porte-clés lanceur de crêpes ». Parfois la phrase de conclusion réhabilite un exposé laborieux à force de précision. Le chapitre concernant « L’extase du selfie » précède celui  décrivant le moment après l’amour :
« Est-ce qu’on s’invente un peu à s’éloigner de soi, à étendre son bras ? »
Découpés en chapitres très courts, les moments d’expériences partagées prennent du relief, tel souffler dans l’air froid ou laver ses carreaux, remonter ses manches, alors qu’« elle se regarde l’écouter », « le prurit de l’autosatisfaction » ou lorsqu’elle se joue « un opéra pour pas grand-chose » ne m’ont pas dit grand-chose, pas plus que « ferrer un poisson ».

vendredi 6 mars 2020

Haine est là.

Mériterai-je le « point Goldwin » que j’avais réservé à d’autres qu'à moi même en vue d’agrémenter des polémiques où la référence au nazisme vise à clore toute discussion ?
Marine, dont le parti est arrivé premier aux européennes - que le rouge nous vienne au front - n’a tué personne. Mais le populisme s’étend dans tous les pays et prend place dans bien des têtes pour attaquer la démocratie. 
Des mesures autoritaires appelées par l’urgence climatique seraient sans doute nécessaires, alors que des réfugiés se heurtent aux barbelés des frontières, Covid passé par ici, repassera par là.
La menace de l’arrivée du Rassemblement National n’a pas besoin d’attendre la prochaine présidentielle, car bien des réactions présentes venant de tous les azimuts, des actions, des réflexions donnent un avant goût d’un pays où la violence aurait gagné. Quand certains qualifient notre nation de dictature, que disent-ils des dirigeants de Chine, Russie, Inde, Brésil, E.U, Turquie…?
Tout se touche : l’hégémonie culturelle mise en évidence par le communiste Gramsci, que l’extrême droite a lu, est en train de gagner les mœurs de nos contemporains, et ce n’est pas celle de la fraternité.
L'agressivité anonyme, jouant de l’amalgame et des passions est omniprésente, amplifiée par les réseaux, qui esthétisent, hystérisent les comportements les plus funestes. Des cagoulés à chemise noire se disent d’extrême gauche et nourrissent la bête qui se réchauffait avec eux sur les ronds points.
La  barbarie était certes plus manifeste dans les forêts médiévales que dans les halls d’immeubles de Mistral, cependant quelques siècles ont passé et les conditions de vie et d’éducation ont évolué parait-il, qui nous rendent plus sensibles, en tous cas à la cause animale à défaut de l’humaine condition.
Les mouvements tapageurs qui emportent les foules ont toujours fait partie du tableau.
La vitesse avec laquelle s’est diffusé l’article « On se lève. On se casse. On vous emmerde » de Virginie Despentes interroge. Elle jouit de sa propre agressivité, mixant tous les sujets, alors que bien sûr l’organisation du cinéma français mérite débat et que les violeurs doivent être punis et les harceleurs dénoncés. Par les portes béantes passe tant de monde, qu’il n’est pas besoin de dégueuler ni de gueuler à ce point !
L’auteure de « Baise moi » persiste dans l’ignoble qui se rappelle à nos souvenirs quand après la tuerie de Charlie Hebdo elle écrivait : « J’ai aimé aussi ceux-là qui ont fait lever leurs victimes en leur demandant de décliner leur identité avant de viser au visage. » Les Kouachi remplacent la Christine Willemin de Duras : « Sublime, forcément sublime ».
Les féministes traquent les mâles à condition qu’ils soient blancs, leurs soutiens à Mila, ont été bien timides. Qui s’en souvient ?
Quelques livres écrits par François Hollande déchirés à l’Université ne sont pas du niveau des autodafés de 1933 en Allemagne, mais ce geste survenant après des intimidations, des interdictions dans un milieu où la contradiction fut de mise, je m’inquiète surtout de la discrétion du bruissement des réseaux à cette occasion. Ils sont bien plus tonitruants lorsqu’il est question d’une récompense de cinéma.
De même qu’à Grenoble, les incendies d’une église, à l’Hôtel de ville, de la gendarmerie de Meylan, de véhicules, de locaux d’entreprises, de la station radio France Bleu … n’ont guère choqué les indignés habituels. Grandes flammes anars font des étincelles chez petites flammes tricolores.
L’anti parlementarisme  a toujours préparé la venue de régimes totalitaires ; chez nous des parlementaires contribuent au discrédit des institutions.
Le populisme aux accents de l’Amérique latine rencontre celui de l’Est de l’Europe et les ressorts sociologiques croisent ceux de la psychologie la plus sommaire, flattant toutes les paresses, les ressentiments les plus bas : « la haine des médias et de ceux qui les animent est juste et saine » a dit Mélenchon, un ancien journaliste. L'indulgence des chroniqueurs qui ont subi une telle diatribe recouvre peut être une conscience de leurs insuffisances. Durant la guerre froide quelque « hyène dactylographe » rodait dans les colonnes mais la formule parvenue jusqu’à nous, avait choqué.
Pour peu que soient rappelés des faits historiques ou que des comparaisons s’établissent avec d’autres contrées, le risque de passer pour un cuistre est automatique. C’est que le mépris des intellectuels court depuis si longtemps qu’il en est devenu banal. Les profs s'écrasent souvent, les maîtres ont disparu, les clercs rasent les murs, et il arrive que des collèges et des maternelles brûlent et que des facs soient saccagées. Où va-t-on inscrire la devise républicaine si les murs des écoles s’écroulent et pas seulement symboliquement?  
« Le zèle des amis est parfois plus néfaste que la haine des ennemis. » Schiller.
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Dans Courrier International:

jeudi 5 mars 2020

François 1er et Fontainebleau. Benoit Dusart.

Grâce au conférencier intervenant devant les Amis du musée de Grenoble, nous avons été invités à faire un tour au Palais Fontainebleau. Ce lieu de pouvoir est à distinguer d’autres châteaux qui en Ile de France affirment aussi le rang du royaume en 1526, au retour de la captivité de François 1er, dont les parisiens ont payé la rançon. Clouet a effectué le portrait de « François premier» , aîné de la maison de Valois,

dans le style de celui de « Charles VI » peint par Fouquet. Derrière ses bouillonnés soyeux, la stature de François, fils de Louise de Savoie est affirmée. Elle l’appelait « mon César »: 1, 98 m.
Le roi se piquait d’architecture et dessina pour être édifié dans le bois de Boulogne « Le château de Madrid »  aujourd’hui démoli.
Le « Plan du château de Fontainebleau » ne respecte pas les canons de la symétrie monumentale et ses extensions variables rendent complexe le cheminement en ses murs. L’ancien domaine capétien réaménagé au milieu d’une forêt giboyeuse offrant étang et jardins, va permettre de constituer la plus grande collection d’Europe d’art décoratif de l’époque.
« Le donjon » moyenâgeux accosté à la cour ovale est conservé. La chambre du roi est située entre les appartements de la favorite Anne de Pisseleu, duchesse d'Étampes et ceux de la reine Éléonore d'Autriche, sœur de Charles Quint, qu’il épousa en secondes noces.
Inspirée par le Castel nuovo de Naples. « La porte dorée » garde une silhouette médiévale avec un grés local ne permettant pas les sculptures, mais reprend les codes de l’Antiquité annonçant la Renaissance italienne.
Longue de plus de 60 mètres, « La galerie François 1er » permettait d’accéder à l’ancien couvent des Trinitaires. 
Bien qu’elle ait perdu sa double exposition, sa décoration par Rosso le florentin  « Bacchus, Vénus et Cupidon »
et Le Primatice « Danaé » recommandé par le sulfureux L’Arétin est le lieu emblématique de l’école de Fontainebleau au début de son rayonnement.
La beauté des stucs  en arrive à devancer la complexité des fresques peintes et repeintes, disparues et revenues. Autour du « Naufrage, ou la Vengeance de Nauplius » le décor en relief couvre tout le mur, varie volumes et échelles et garde son autonomie d’ornement avec des « cuirs » comme découpés dans des matériaux souples : du grand art maniériste en hommage à Michel Ange.
« L'éléphant fleurdelisé », tout en force et sagesse, rassemble les symboles, salamandre au front et  « F » sur le caparaçon ; la cigogne représente l'amour filial.
Dans  « L'incendie », deux jeunes hommes portent leurs pères sur les épaules comme les fils du roi qui ont remplacé leur géniteur prisonnier à Madrid après la défaite de Pavie.
Benvenuto Cellini, exfiltré des prisons romaines grâce à Hippolyte II d'Este, était davantage orfèvre, sa salière représentant « Neptune et Cybèle » est remarquable, plutôt que sculpteur : 
« La Nymphe de Fontainebleau »  est étendue à coté du chien nommé Bliaud qui a découvert une source, d’où la dénomination « Fontainebleau ».
La salière appartient aux collections d’art des Habsbourg depuis qu’elle a été offerte par Charles IX à  Ferdinand de Tyrol pour l’avoir représenté à son mariage avec Élisabeth d’Autriche. Des nymphes mettent en évidence le cadre représentant « Alexandre Le Grand et Roxane » sa promise, bien en avant de la paroi de l’ancienne chambre à coucher de la favorite du roi.
L’histoire s’écrit : François Demoulins, l’ancien précepteur lorsqu’il était duc d'Angoulême, fait rencontrer son élève avec Jules César dans les « Commentaires de la guerre gallique », enluminés par Godefroy le Batave au moment où le roi de France perd la compétition pour devenir empereur du Saint Empire Romain Germanique face à Charles Quint. La Bibliothèque Royale est confiée à  Guillaume Budé qui proposera la création du Collège de France pour l’étude des langues anciennes.
Des copies de l’antique depuis le Vatican : « Le Laocoon », « Le tireur d’épine »
« l’ Apollon du Belvédère », « Hercule » ou  « Vénus » figurent maintenant dans « La galerie des cerfs » construite par Henri IV. Celui-ci avait fait transférer en des lieux moins humides « La Joconde » et « La Vierge au rocher » de Léonard de Vinci , « La belle jardinière » de Raphaël qui occupaient une des sept pièces consacrées aux bains du roi.
La « Double Tête de Junon », se trouve chez  Paul Getty après la vente Yves Saint Laurent-Pierre Bergé.
Les bossages rustiques de « La grotte des pins » ouvrent sur un intérieur qui sera fini sous Henri II ;
le croissant de lune remplace la salamandre.
Si d’après l’inventeur de l’architecture à la  française, Jacques Androuet Du Cerceau, François 1er avait fait de Fontainebleau « son chez lui », son projet de « nouvelle Rome » avait pris belles formes.